Chapitre 1

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"Je ne peux pas dire que j'ai eu une enfance malheureuse. J'avais deux amis, ça me suffisait amplement, j'avais des cadeaux et un toit sur la tête. Pour moi, à l'époque c'était peu, mais avec du recul, c'est beaucoup. Certes, ma famille n'était pas aimante, mais je tenais à eux malgré tout. Mais maintenant, à cet instant, je n'ai plus que le toit sur ma tête. Plus d'amis, plus de cadeaux, plus de sourire, plus de joie.

Pour moi avant, l'école c'était formidable, maintenant c'est un vrai enfer. Des insultes, des coups, des menaces, des moqueries, c'est même partit en agression à arme blanche. Les gens ne m'aiment pas, ils me haïssent même. Mais je ne sais pas ce que j'ai bien pu faire, c'est peut-être ma tête qui les dérangent, ou mon physique, ou même ma manière de parler. Ou alors, c'est moi tout simplement. Tout les dérangerait. Ma coupe pas soignée, un peu en bordel, ma maigreur, mon rire sûrement trop grave, ma voix, ma force presque inexistante, mes tenues, sûrement trop négligé pas assez soignée, mon style de musique, ma personnalité de solitaire, mes chaussures trop grosses pour mes pieds, ma laideur. Ouais, c'est sûrement ça, ma laideur. Je suis dégueulasse à regarder. Mes cheveux noirs toujours en bataille, mes yeux marrons/verts, mes putains de fossetes ideuses, mon corps svelte, mes grosses chaussures, mon piercing à l'arcade, mes chemises à carreaux et mes t-shirts trop ample, mes jeans géant, mes joues trop maigres, mes cernes de trois mètres de long, mon sourire penché, et ces marques sur mes hanches. Toutes ces petites choses, et nombreux savent que j'en ai oublié, font de moi une laideur ambulante.

Enfin bref, si je me met à écrire tout ça, c'est parce que j'ai peur d'avoir du courage. Dis ainsi, ça fait bien bête, mais quand on comprends ça ne l'est plus."

« - L'anorexique ! Bouge ton cul de pd en bas mettre la table ! Criait mon frère depuis le salon. »

Les deux surnoms que mon frère aime tant me donner, l'anorexique et le pd. Je devrais être habitué, mais non. Ca me blesse toujours. Avant nous étions les frères les plus complice du monde, on s'aimait tant, malgré nos 5 ans de différence.

Je descendis les escaliers, aussi lentement qu'un zombie. Je ne veux vraiment pas les voir, ils vont encore me blesser et se moquer. Famille de merde. Je les hais.

« - Il t'en a fallu du temps pour descendre 6 marches, me dit ma mère.
- 19 pour être exact, repondis-je en sortant les assiettes du meuble.
- Tais-toi. »

Je mis la table pendant que mon père et mon frère regardaient un match de foot en criant comme des cons. Ils avaient le maillot de leur équipe préféré, les bierres et le drapeau de notre pays dessiné sur leur joue. De vrai stéréotype. C'est accablant, comme Emy dirait. Tient en parlant d'elle, elle vient de m'envoyer un message.

« Ma mère n'est pas là demain, elle est chez mes grands-parents, ca te dit d'aller sur la plage tranquille ? »
« Tu veux pas plutôt aller ailleurs ? »
« Bah en faite, c'est plus proche de chez moi, et j'ai pas envie d'aller en ville avec tout le bruit qu'il va y avoir puisqu'on est le week-end et que tous le cons sont de sortis mdrrr. »
« Bon okay mdrrr, à demain sur la plage alors, bonne nuit princesse. »
« Bonne nuit, et aucune connerie compris ? Je t'aime. »
« Promis, je t'aime aussi. »

Je mis mon téléphone dans ma poche et releva la tête. C'est la première personne qui s'inquiète pour moi depuis des années. C'est une fille formidable. Elle a beau n'avoir que 16ans, elle est extrêmement mature. Elle a quelques soucis elle aussi mais elle arrive à les gérer, pas comme moi... Puis c'est bénin, et heureusement. Je n'ai pas envie de la voir souffrir. Pas elle.

Après ma petite réflexion je m'assis à table et servit tout le monde. Ils sont bien trop fainéant pour lever un bras. Mon frère ne fait rien de ses journées, ma mère passe son temps au téléphone avec ses supeeerbes copines, et mon père, passe son temps à tromper ma mère. Je vis dans une famille stéréotypée. Tous pareil, sans personnalité, à suivre la dernière mode, à acheter le dernier Iphone, toujours servis, incapable de ne faire quoi que ce soit. Je déteste ça. Ça me donne envie de vomir.

Le journal d'un suicidéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant