Trois.

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Je m'étais attendue à ce qu'elle continue de me torturer toute l'après-midi, mais elle avait gardé ses distances.

J'avais senti ses yeux de temps en temps chercher les miens, mais j'étais restée immobile, à fixer le mur, puis l'écran de la télé lorsqu'elle avait l'allumer, jusqu'au soir. Je ne l'avais même pas regardé lorsqu'elle était venue me ramener ma gamelle, le dîner venu.

Je sentais que cela la blessait, d'une certaine façon. Je le voyais dans la manière dont elle faisait en sorte d'entrer dans mon champ de vision, passant toute l'après-midi avec moi, dans le canapé, à fixer la télévision. Cela l'avait énervé, mais elle n'avait rien dit, elle avait laissé couler...Mais visiblement, ce matin, elle n'en pouvait plus.

«-Tu comptes m'ignorer encore aujourd'hui ?»

Pour toute réponse, j'ai hoché la tête. J'ai levé rapidement les yeux vers elle, prenant un malin plaisir à voir son si beau visage se froisser à mes paroles. C'était assez étrange, de voir que mes mots lui faisaient plus de mal que mes coups.

C'était bizarre, mais réconfortant, au moins, j'avais un moyen de l'atteindre.

Néanmoins, j'ai très vite déchanté en la voyant tendre son bras vers moi. Je savais déjà qu'elle allait me tirer les cheveux avant même que ses doigts ne me touchent.

Non seulement elle me retenait prisonnière, mais elle allait me rendre chauve !

«-Aïe ! » j'ai couiné en grimaçant.

Elle m'a ignoré, me forçant à maintenir son regard.

«-Arrête de m'ignorer, ou je me ferais un plaisir de te percer l'autre téton. »

J'ai frissonné, la mention de mon téton réveillant la douleur de ce dernier. J'avais encore du mal à croire qu'elle ait osé me faire une chose pareille alors que je l'avais suppliée de m'épargner. Et puis elle avait l'audace de s'énerver quand je l'ignorais.

C'était vraiment l'hôpital qui se foutait de la charité.

J'ai dû mettre trop de temps à répondre, car elle a secoué vivement ma tête. J'ai serré les dents face à la douleur, ravalant les sanglots qui menaçaient de sortir.

«-Qu'est-ce que je t'ai dit ? Quand je te pose une question, tu réponds, putain !

-C'est bon! », j'ai craqué, « c'est bon ! Je vous parle là, vous êtes contente ? »

Elle a roulé des yeux au ciel d'exaspération avant de repousser mon visage hors de sa vue.

Elle s'est penchée pour me détacher avant de pointer mon sceau du menton.

«-Prends ça avec toi. »

J'ai dégluti péniblement, dégoûtée malgré le fait que je sache que ce qui se trouvait à l'intérieur était à moi. J'étais étonnée qu'elle ne m'ait pas fait vider plus tôt, on avait passé l'après-midi et la nuit avec cette horrible odeur de pisse dans le salon. Cela aurait été mieux, surtout que le sceau était rempli presque de moitié, je craignais de renverser le contenu par terre, surtout en montant les escaliers.

J'ai fixé la criminelle quelques secondes alors qu'elle s'éloignait de moi, s'apprêtant à monter à l'étage, mais s'arrêtant en voyant que je ne la suivais pas à la trace. J'ai fixé les marches, secouant légèrement mes bras endormis.

J'allais faire tomber le seau, c'était sûr. Déjà qu'habituellement, je n'avais aucune force dans les bras, alors maintenant que mes bras passaient le plus clair de leurs temps attachés, j'avais l'impression qu'ils étaient aussi fragiles que des brindilles, une pression et ils se casseraient en deux.

La Haine Au Cœur • Famine | [18+]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant