Margherita ou Reine ?

Chapitre 1

Cassie et Amber se connaissaient depuis toutes petites.

Elles étaient devenues inséparables depuis ce jour où Amber perdit sa première dent de lait à l'école après avoir reçu un ballon en pleine face. Inconsolable au milieu de la cour et sa dent échouée dans sa paume tendue, Cassie était venue à son secours. Elle l'avait rassurée en lui disant que si elle cachait sa dent sous son oreiller, une petite souris passerait l'échanger contre une pièce. D'abord dégoûtée, Amber s'était laissée convaincre, révélant, déjà, un goût pour l'argent.

Malheureusement pour elle, ses parents n'étaient pas friands de ce genre de pratique qu'ils jugeaient ridicule et « altérant la vision de l'enfant sur la réalité du monde ». Quelle ne fut donc sa déception lorsqu'elle s'était réveillée le lendemain, toujours sa quenotte blanche chauffée sous l'oreiller.

Cassie lui avait alors proposé d'essayer sous son oreiller étant donné que ça avait marché pour elle.

Heureusement pour elle, ses parents encourageaient ce genre de pratique qu'ils trouvaient amusant et « encourageant le rêve et l'imaginaire de l'enfant ». Le lendemain, Cassie fut réjouie de trouver une pièce de 50 cents qu'elle s'était empressée de remettre à Amber, en échange d'un grand sourire franc et troué.

Le début d'une grande amitié qui prit brutalement fin, dès lors où Amber eut perdu sa virginité durant un camp de vacances, à 14 ans. Elle avait radicalement changé et ne cessait d'étaler ses exploits sexuels à tout ce qui voulaient l'entendre – ou non. Elle fut la première de son entourage féminin à l'avoir fait, ce qui lui avait valu de devenir la cheffe de ligne d'une tribu régie par l'étalage de pattes de mouches sur les cils et de soutien-gorge trop protubérant pour ce qu'ils soutenaient réellement.

Elle n'avait aucune pudeur à montrer son succès auprès des mecs, comme à ce moment précis. Plaquée contre son casier qui, ironie du sort, était accolée à celui de Cassie, cette dernière observait avec dégoût Amber et Cory, en train de ramoner leur cavité buccale.

Les secondes défilaient à une allure interminable sans que les deux machines à baves n'aient l'air de s'essouffler. Soutenu par son meilleure amie, Jace, qui mima un haut-les-cœurs, Cassie décida de mettre un terme à cette scène de crime.

- Hum hum.

La blonde plantureuse aux yeux de biches se détacha des lèvres rougies et gonflées de son partenaire, encore hébété.

- Un problème, Cassiprude ? lui lança narquoisement Amber.

- En effet, Amber-ger. Toi, et ton faire-valoir, vous souillez mes yeux avec votre numéro de machine à laver et qui est complètement inapproprié dans les couloirs d'un lycée. J'ai besoin de récupérer quelque chose dans mon casier que je vais devoir, en plus, désinfecter avant que des champignons apparaissent.

- Oh, je t'en prie Cassiprude. Tu devrais prendre des notes plutôt que de t'entraîner sur des poupées.

- Ce sont des figurines de collection, corrigea furieusement Cassie.

Amber laissa échapper un rire moqueur, rapidement suivit par son acolyte masculin, ainsi que des regards d'élève passant ou avoisinant qui lançaient de drôle de regard vers Cassie.

- Et tu ne racontes que de la merde ! s'empressa-t-elle de rajouter d'une voix plus forte, au cas où on croyait vraiment qu'elle expérimentait sur des figurines dont les têtes n'égalaient même pas la taille de ses propres lèvres.

- N'aies pas honte. Libre à toi d'égayer ta vie d'ermite comme tu le peux. Quand le seul manche que tu tripotes est celui d'un violon, il faut bien trouver un moyen d'évacuer tes frustrations.