Daemonuis Heaven or Hell's

Et si c'était vrai

Nicholas

Je suis parti en compagnie de Théo et Sélène demander de l'aide au coven de ma mère. Je m'attendais à tout sauf à subir un refus catégorique de la part d'Athéna, j'ai le souvenir d'une adolescente tendre, enjouée et devant moi se dresse tout le contraire.

Pour un peu, je jurerais qu'elle a une dent contre moi, ce que me confirme le jeune homme à mes côtés en me glissant :

— Une ex que tu aurais laissé tomber sans la prévenir ?

Elle le considère d'un air hautain et d'une voix qui ne souffre d'aucune objection lâche :

— Les problèmes que peuvent avoir les De Lacroix ne relèvent plus de notre essor ! En ce qui nous concerne, vous avez fait assez de dégâts comme cela. Tes amis et toi n'êtes pas les bienvenus ici, je vous somme de partir séance tenante.

Je suis trop estomaqué par son ton vindicatif pour répondre quoi que ce soit. Sélène, la foudroie du regard et s'exclame :

— Donc les sorcières ne nous aideront pas ?

— Tu as de bonnes oreilles, la pixie, ricane Athéna.

— Vous êtes bien conscientes que si vous n'êtes pas avec nous, alors, nous devrons vous considérer comme des ennemies ? réplique Théo fermement.

— Est-ce une menace ? articule Athéna en nous dévisageant tout en plissant les yeux.

— Non ! Une promesse, avertit l'homme qui se tient devant elle avec sa compagne.

Je passe la main nerveusement dans mes cheveux et j'essaie de calmer tout ce petit monde qui s'agite.

— Doucement ! Je l'ai déjà dit, nous ne cherchons pas querelle. Je ne veux aucun conflit, continué-je, les paumes en avant en signe d'apaisement.

Athéna me fait sursauter en se mettant à rire d'une façon un peu trop théâtrale à mon goût. J'observe la jeune Athéna espérant comprendre d'où vient sa rancœur. Nous étions pourtant amis dans le temps, pensé-je en fronçant les sourcils.

Elle n'a pas beaucoup changé, si ce n'est que l'adolescente a laissé la place à une femme qui semble sûre d'elle. Ses cheveux de feu sont retenus en une natte serrée, des taches de rousseur parsèment son visage dont le menton en pointe lui donne un air têtu. Son teint de pêche contraste avec les deux cernes qui forment une ombre bleutée sous ses yeux gris. Elle a grandi de plusieurs centimètres, elle ne doit pas être loin des un mètre soixante-dix, et son corps a pris des formes plus que voluptueuses.

Seulement, son regard distant et son attitude froide tranchent avec le souvenir de la jeune fille qui me suivait partout en riant. Et je me demande ce qui a bien pu advenir toutes ces années, pour qu'elle nourrisse une telle disposition envers ma personne.

— Ça va ? Tu te rinces bien l'œil. J'ai passé l'examen du grand « Nicholas », grince-t-elle en mimant les guillemets avec ses mains.

— Je ne comprends pas quels griefs tu as contre moi, je t'avoue que même si je pensais que ma mère ne serait pas ravie de me revoir... Enfin, je m'imaginais vraisemblablement à tort, que mes sœurs seraient heureuses de me savoir en vie, observé-je, désabusé.

— Tes sœurs ? s'indigne-t-elle en venant vers moi furieusement.

Elle me pousse avec ses deux mains tout en continuant à hurler :

— Les mêmes que tu n'as pas prévenues que tu étais vivant, elles que tu as reniées pour la soi-disant fille de Lucifer ? Ou encore le coven que tu as laissé se démerder avec les loups-garous de Maximilien lorsqu'il s'est allié avec Lilith ? Cette garce qui, avec l'aide de Dimitri et de ses chiens galeux, a décimé notre communauté ! C'est bien de cela que tu parles ?

Au fur et à mesure qu'elle s'est avancée vers moi, j'ai reculé jusqu'à ce que mon dos rencontre le mur. Je n'étais pas au courant de tout ceci, mais j'ai conscience que ce n'est qu'une excuse, car elle a raison. J'aurais dû les instruire, les mettre en sécurité et je ne me suis pas exécuté.

Je baisse la tête et comme bien souvent, la fée et son mari me viennent en aide.

— Tu vois bien qu'il n'avait pas connaissance de tout ce que tu lui reproches ! reprend Sélène en élevant la voix. Fais prévenir ta supérieure et sa mère, nous en parlerons avec elles.

Athéna se tourne tel un félin qui va bondir sur sa proie et Théo se place naturellement devant sa femme afin de la protéger.

— La supérieure ? La fée Clochette, tu l'as devant toi ! Quant à sa mère, son tombeau est non loin de celui de la mienne ! S'il voulait l'embrasser, il a cinq ans de retard !

Je ne saurais pas vous dire si j'ai de la peine pour ma génitrice ou si le fait qu'elle ait tenté de m'occire si souvent a fini par me vacciner d'amour filial envers elle. Cependant, la mère d'Athéna, Alexandra Grimm, était une femme bien. Peut-être même le seul exemple maternel que je n'ai jamais eu, avec celui de mon épouse pour notre enfant.

Ce qui explique donc aussi pourquoi sa fille m'en veut tellement. Tant d'existences gâchées à cause de mon géniteur, je suis en train de me fustiger mentalement lorsque Athéna m'examine de haut en bas et lâche une bombe :

— Oh ! Arrête un peu de sangloter comme un bébé ! C'est toujours Nicholas De Lacroix qui a la pire vie, gnangnan, réagit-elle en faisant semblant de se frotter les yeux. Je suis le plus malheureux des mondes, j'ai perdu ma femme et ma fille. Ma mère a essayé à plusieurs reprises de me tuer à cause de mon père qui l'eut rendue folle, continue-t-elle tout en mimant un enfant mécontent.

Je la laisse poursuivre sa litanie un instant, mais contre toute attente, soudain j'explose :

— Tu sais très bien que Lucifer corrompt tout ce qu'il touche. Il est évident que Camille n'a pas échappé à la règle, m'emporté-je devant sa mauvaise foi.

— Mais qu'est-ce que ton oncle vient foutre là-dedans ? riposte-t-elle en posant ses mains sur ses hanches tout en grimaçant.

Je suis totalement perdu. Est-ce que le chagrin l'aurait rendue démente ? Théo et Sélène paraissent aussi étonnés que moi. Nous ne savons pas comment procéder devant cette crise de folie. Il semble avéré qu'elle n'a plus toute sa tête. Elle lève les yeux au ciel et s'écrie :

— Tu n'es pas le fils de Lucifer, mais de son frère que tout le monde a appelé : « Dieu » après la chute des Tuatha Dé Danann ! C'est également lui le responsable de la naissance de tes sœurs !

— Comment ? Tu as bu ou tu es devenue complètement folle, c'est ça ? murmuré-je, totalement éberlué par ses propos incohérents.

Elle se poste devant moi en me narguant encore une fois, les mains posées sur ses hanches en une attitude de défi. Où est passée la jeune adolescente qui avait toujours le sourire ?

C'est une femme aigrie et en colère qui est devant moi à présent, envolée toute amitié ou toute autre considération pour ma personne.

— Pauvre petit chou, je me coucherai ce soir pour te plaindre ! glousse-t-elle tout en marchant de long en large dans la pièce. Oui, tu es le fils d'un usurpateur ! Qui en plus n'a même pas les couilles de vous élever, et qui préfère rendre folles vos génitrices afin qu'elles accomplissent le travail qu'il n'aura jamais le courage de pratiquer lui-même, persifle-t-elle en fixant son regard dans le mien sans s'arrêter de déambuler.

Je reste pétrifié par ce que je viens d'entendre et j'ai l'impression de voir ma vie défiler devant mes yeux. Et avant que je ne comprenne ce qu'il m'arrive, je m'écroule au sol, inconscient.

Un coven est le lieu où se réunissent des sorcières, on peut aussi y pratiquer la magie sous toutes ses formes.