Daemonuis Heaven or Hell's

Mayday ! Mayday ! Houston, nous avons un problème

Bry

J'ai bien conscience que je fuis, mais si je reste ici, je leur refais le portrait à ces connasses !

Mes nerfs bouillonnent, j'ai envie de tout exploser sur mon passage.

— Attends, Bry ! Mais bazar, ne cours pas si vite, me réplique l'homme qui me talonne.

— Laisse-moi tranquille, la sangsue, tu les as entendues ? Ce ne sont pas leurs problèmes, ces pétasses ne bougeront pas le petit doigt pour nous aider ! vociféré-je sans diminuer ma cadence.

Je sens mes joues se remplir d'un liquide dont j'étais persuadé d'être dépourvu. Pour ça aussi, je les déteste, je les hais, je...

— ARGGGGGGGGGGG, le cri de rage qui sort de ma gorge ne me soulage même pas. Je n'étais pas là, je n'ai pas pu secourir Éole ! Tu te rends compte que je n'ai pas pu lui dire simplement au revoir ? lui hurlé-je, désespérée en me retournant vers lui.

Il ne bouge pas, il ne tend pas la main vers moi. Il ne cherche pas à me consoler, car il le sait au fond de lui, il n'y arrivera jamais. Sa mort est une plaie béante sur mon âme, j'étais en train de convaincre des femmes que j'ai toujours prises pour ma famille, mes égales, de nous venir en aide. Alors que ma vraie sœur, ma meilleure amie, était mortellement touchée par cette garce de Lilith.

Remplie de rage, j'essuie les larmes qui obstruent mes yeux, je le dévisage sans lui adresser la parole. Qu'a-t-il à gagner dans cette guerre ? Pourquoi est-il ici ?

— Je veux la même chose que toi : la tête de Lilith et de Lucifer. Je suis prêt à laisser tomber ma vendetta sur Dimitri, pourvu que l'on empêche ces deux nuisibles de semer le malheur et le chaos derrière eux. Crois-le ou pas, enchaîne-t-il en enfonçant ses mains dans ses poches. Je ne la connaissais que depuis peu, mais sa disparition m'affecte également. Oui, certes, pas de la même façon que pour toi et tes amis. J'ai bien saisi l'importance qu'Éole avait pour vous et cela ne m'étonne pas, vu le personnage ainsi que la gentillesse et la bonté d'âme qui découlaient d'elle.

Je ne sais pas pourquoi, mais je me propulse sur lui et le roue de coups de poing et de pied.

— Je te l'interdis ! Elle n'est pas disparue ! Elle est morte, mais dis-le bon sang ! Elle est MORTE, MORTE, tu entends ? m'époumoné-je tellement fort que mes cordes vocales sont douloureuses.

Il passe ses bras autour de mes épaules et il me serre contre lui, alors que je continue de me débattre. Bientôt, mes hurlements de colère sont remplacés par des sanglots qui me déchirent les entrailles. Je perçois le brouhaha qui se forme près de nous, mais je n'en ai que faire.

On m'a enlevé mon amie, on a retiré un morceau de mon âme, je suis brisée en mille morceaux. Elles peuvent bien rire, elles peuvent bien s'interroger.

Éole m'a donné confiance en moi, elle m'a réparée. Moi qui me croyais sans émotion, qui me pensais froide et hautaine. Par ses blagues, ses sourires, ses gestes d'amitié, tout son être était dénué de noirceur. C'était un être céleste, m'a confié Démétrius au sujet de ma complice de toujours, lorsqu'il est venu en personne dans les steppes de notre contrée, m'annoncer qu'elle avait succombé aux blessures faites par Lilith.

J'ai supplié notre chef de retourner aux côtés d'Anna, mais elle m'a ordonné de rester, que ma place était auprès des miennes et pas avec des démones dépravées et de créatures déchues.

Un ange... Oui, c'est ce qu'elle était, elle a remis ma vie sur des rails, plus saine, plus joyeuse. Je suis une Valkyrie, je suis une combattante, un soldat. Sauf qu'avant, mon glaive était au service de mes sœurs, des autres femmes de mon peuple. Mes larmes et mes sanglots se tarissent peu à peu alors que mon avenir se dessine devant moi et que je prends une décision que je sais irrévocable.