Attrape-moi si tu peux...

Qu'ai-je fait ?

Sur le conseil d'Ino, Naruto était rentré à son bureau. Sa nouvelle secrétaire était sympa mais discrète et efficace. C'était tout ce qu'il demandait aujourd'hui. Hinata l'obsédait bien trop pour qu'il se soucie d'une autre femme.

C'était quand même étrange la vie ! Il avait son diamant brut sous les yeux pendant des mois et ne se réveillait que trop tard ! L'adage disait bien que l'on ne se rendait compte de la valeur des choses qu'une fois qu'on les perdait... et c'était tellement vrai.

Après le déjeuner, il s'enferma dans son bureau. Fébrile et nerveux, le blond sortit des disques durs externes de son tiroir afin de jeter un œil dans ses archives, comme son amie le lui avait conseillé. Il en brancha un à son unité centrale et ouvrit ses anciens dossiers un par un. Cela lui prit un temps infini, si bien que le soleil entamait sa descente vers l'horizon quand un article de journal le fit finalement s'arrêter net et écarquiller les yeux.

Le papier scanné disait qu'un homme était mort dans un accident de la route, provoqué par un camion-livreur appartenant à sa boîte. Il racontait aussi que la famille avait été grassement dédommagée mais faisait état d'un sérieux manque d'humanité de la part de l'entreprise qui n'avait fait aucun autre geste et n'avait jamais répondu à ses questions. Le nom de l'homme lui serra le cœur quand il comprit qu'Hinata avait de vraies raisons de lui en vouloir, puisqu'il s'agissait de son père...

Naruto se rappelait vaguement cette histoire, qu'il avait laissé aux mains de son équipe d'avocats. Il avait lu le compte-rendu et avait tiqué sur certaines lignes, demandant à ce qu'on modifie quelques termes et les conditions dans lesquelles la famille avait été prise en charge. Quand il avait demandé à les recevoir en personne, on lui avait très aimablement dit qu'ils n'avaient pas voulu le déranger...

L'ampleur de cette accumulation d'erreurs le fit voir rouge. Il appela sans délai le cabinet qui s'occupait de ses affaires légales et fit demander celui qui avait traité ce dossier. S'en suivit une discussion houleuse. Le blond sentait sa tension monter, signe qu'on tentait de la lui faire à l'envers... Il finit par stopper la conversation dans le plus grand des calmes et raccrocha, les yeux brûlant de fureur.

Sans délai, il contacta un ami qu'il avait revu au mariage de Saï et Ino, lequel lui avait laissé sa carte de visite. Il représentait un cabinet d'avocats débutant, mais Naruto ne doutait pas du tout de ses compétences. Son ami accepta une rencontre et ils convinrent de la signature d'un contrat pour une nouvelle alliance. En attendant, il lui fallait surtout éplucher tous les dossiers dont l'ancien cabinet avait la charge.

Cela lui prit bien quelques semaines avant de rassembler toutes les preuves dont il avait besoin pour incriminer ses anciens partenaires, afin de les rayer du barreau. La tâche fut titanesque mais il était inadmissible de voir autant d'injustice au niveau des gens auxquels son entreprise avait eu à faire. Il était même étonnant que sa réputation en soit restée bonne !

Son ami l'assura de la bonne gestion des événements avec un regard neuf et la prise en charge adaptée de chaque cas. Ainsi, les erreurs furent réparées ou étaient en cours de l'être. Naruto put enfin respirer et retrouver cette sérénité qui le caractérisait.

La seule chose qui lui manquait, c'était le fait qu'Hinata ne soit pas revenue...

Il n'aurait jamais pensé qu'une personne puisse autant lui manquer de sa vie. Malgré son extrême froideur en temps normal, sa douceur dans leurs moments intimes lui avait été comme une vague d'amour sur son cœur qui ne battait plus depuis longtemps. Tout ce qu'il venait de faire, c'était pour elle.

Naruto lui avait laissé du temps. Il avait pris ce temps pour réfléchir, se remettre en question à tous les niveaux, surtout de ses propres choix. Trop laxiste, il avait manqué de jugeote et avait laissé faire trop d'injustices. Il payait maintenant le prix de son relâchement. Mais il s'était plié en quatre pour arranger tout ça, et maintenant, il comptait bien obtenir ce pour quoi il s'était battu : l'amour de sa belle.

Au bout de quelques jours, le blond réussit à trouver le numéro de cet homme qu'il n'aurait jamais souhaité appeler.

- Allo ?

- Inuzuka.

Un silence de mort retentit pendant de longues secondes. Un long soupir se fit finalement entendre au bout du fil.

- Uzumaki... Qu'est-ce que vous voulez ?

Bizarrement, son ton était moins violent qu'à l'accoutumée. Naruto en fut surpris mais reprit rapidement le fil de ses pensées.

- Je suis navré du tour qu'a pris notre relation, mais j'ai vraiment besoin de votre aide.

Le silence s'épaissit. Très mal à l'aise, le blond se tortillait sur son siège. Il n'avait pas l'habitude de demander un coup de main, mais le chien était peut-être le seul qui pourrait le renseigner efficacement.

- Je crois savoir en quoi je peux vous être utile, mais je ne suis pas certain de le vouloir... encore moins d'en avoir le droit.

A un moment, Naruto envisageait très sincèrement de lui raccrocher au nez, mais Kiba restait son dernier moyen de retrouver la trace d'Hinata.

- Vous savez où elle est. S'il vous plaît, dites-le moi, je vous en prie.

Cela lui arracha la langue. Il avait encore moins l'habitude de supplier... mais là, il était vraiment prêt à tout pour la revoir.

- Vous avez mis le temps pour agir comme il le fallait.

Il n'en était que trop conscient... mais c'était devenu vital.

- Je le sais, mais j'ai tout remis en ordre. Je ne le pouvais pas avant, mais maintenant, j'ai besoin de la voir. S'il vous plaît...

Un autre long soupir lui répondit, suivi d'une adresse débitée à la hâte. Le blond reprit sa respiration, conscience de s'être instinctivement mis en apnée le temps de la réponse.

- Merci, Inuzuka.

- Pas de quoi. Mais souvenez-vous : si jamais vous merdez, je m'occuperais personnellement de votre cas.

Puis il raccrocha brutalement. Naruto n'en fit pas un vélo et se contenta de relire ce qu'il venait de griffonner à la hâte. L'adresse se trouvait dans ce petit village de Konoha. Il porta le mot à ses lèvres, un peu soulagé mais pas totalement détendu.

- J'arrive, mon amour...