Chapitre 5

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L'été s'effaçait, le vert des feuilles devenait orange. Draco laissa ses mains traîner sur le bois du banc du parc, étirant ses bras le long du dossier tandis qu'il s'asseyait et attendait que Potter se montre. Il y avait une famille de canards qui se dandinait sur l'herbe devant lui, occupée à chercher leur nourriture. De temps en temps, l'un des canetons s'échappait et se précipitait vers l'eau, les ailes déployées pour garder l'équilibre tandis qu'il trébuchait sur la pelouse.

Il n'était de retour en Angleterre que depuis trois jours, et durant ce temps, il avait déjà été accosté par Pansy et Blaise à pas moins de quatre reprises. Pansy avait été facilement apaisée avec les boîtes de bijoux, mais Blaise avait été plus difficile à dissuader. Il était passé tous les matins depuis l'arrivée de Draco, apportant avec lui des pâtisseries et du café fort qu'il échangeait contre sa vulnérabilité. Du moins, dans la mesure où Draco était prêt à la lui donner.

Pendant leurs petits-déjeuners, il parvint à trouver un moyen de remercier Blaise pour tout ce qu'il avait fait - pas seulement pour lui, mais aussi pour Potter. Il ne savait toujours pas comment montrer sa gratitude, mais ses mots suffisaient pour l'instant - d'autant plus que c'était la première fois qu'il voyait la peau bronzée de Blaise rougir d'embarras.

Il avait écrit une seule lettre à Potter et en avait reçu une en réponse. Il lui avait demandé de le retrouver au lac samedi, et Potter avait accepté.

Les jambes de Draco s'agitaient sous l'effet de la nervosité, et sa prise sur le banc du parc se resserrait à chaque minute qui passait. Potter était en retard. Son esprit se mit à bouillonner, assaillis par de vieilles insécurités, de vieilles peurs, mais il était plus fort maintenant, mieux équipé pour les gérer. Non pas qu'il ait jamais été faible - c'était l'une des premières choses qu'Eleanor lui avait fait comprendre. Il espérait que Potter comprenait qu'il ne l'était pas lui non plus.

Un bruit de pas venant de derrière le banc le fit sursauter. Quand il se retourna, il aperçut des yeux verts perçants qui le fixaient et il se figea de peur pendant un instant. Mais tout le reste disparut et il se rappela qu'il pouvait le faire. Il n'y avait que Potter.

Il se leva et combla la distance qui les séparait, mettant maladroitement ses mains dans ses poches. Il remarqua que Potter faisait de même.

"Comment vas-tu ?" demanda ce dernier, un soupçon d'essoufflement dans la voix.

"Bien", répondit Draco. "Et toi ?"

Potter rigola. "Très bien, vu les circonstances."

Sans un mot, ils se mirent à marcher côtes à côtes, rejoignant le reste des gens qui se promenaient ou couraient autour du lac. Les petits canetons se dandinaient sur le chemin devant eux, et les deux hommes ralentirent jusqu'à ce que leur rythme soit très faible, permettant aux canards de courir autour de leurs pieds. Même dans la fraîcheur de l'automne, le soleil était chaud contre leur cou. Draco se rendit compte qu'il ne se rappelait pas d'un moment passé ensemble où il pouvait se souvenir du monde qui les entourait. Il avait été tellement absorbé par leur relation qu'il s'était perdu en chemin.

"Nous étions un peu stupides, n'est-ce pas ?" dit-il soudainement.

Il sentit Potter se détendre à côté de lui, comme s'il avait craint que la conversation prenne une toute autre direction.

"Moi plus que toi", admit-il.

"Je n'en suis pas si sûr. J'ai émis des réserves dès le départ et je me suis quand même lancé dans cette histoire." Il fit un sourire en coin. "Je ne peux pas te reprocher d'être un idiot ; nous savons que tu en es un depuis des années."

"Ouch." Potter lui donna un léger coup de coude, un sourire affectueux sur le visage.

Un silence confortable s'installa, leurs épaules se frôlant de temps en temps, mais le plus souvent ils se tenaient assez loin, appréciant la compagnie de l'autre, mais perdus dans leurs propres pensées.

Chocolat & Pâtisserie (Drarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant