Chapitre 2

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La lumière des rayons de soleil entre dans ma chambre et me tire de mon sommeil.

Je tourne la tête vers le réveil posé sur la petite table de chevet à côté de mon lit. 9H17. Je me tourne de l’autre côté, m’enveloppe un peu plus dans ma couette et referme les yeux. Seulement, le sommeil ne revient pas, alors, avec un peu de mal, je me redresse et me frotte les yeux. Je regarde autour de moi, et redécouvre ma nouvelle chambre.

Je remarque mes valises, l’une ouverte de quand j’y ai pris mon pyjama, l’autre fermé. Je m’étire puis me lève. Je cherche un jogging et une brassière de sport dans la valise ouverte puis m’habille. Une fois prête, je m’attache les cheveux dans une queue de cheval haute et descends les escaliers, lorsqu’une bonne odeur vient me chatouiller les narines.

- Salut Lucy, bien dormi ?

Je trouve tante Anna derrière les fourneaux. Je prends une inspiration et affiche un grand sourire factice.

- Super, qu’est-ce que tu prépares ?

- Des pancakes. Tu aimes ça ?

Je secoue la tête avidement, oh que oui j’adore ça ! Elle s’esclaffe

- Tant mieux, j’ai fait la dose ! Installe-toi, je te les amène.

Je m’assieds sur une chaise autour de la table, ou je trouve une panière à fruit bien garni. Le soleil passe à travers les grandes baies vitrées et illumine la pièce. Tante Anna me dépose quatre pancakes dans une assiette, ainsi qu’une bouteille de sirop d’érable.

- Merci…

- Il y a aussi des fruits si tu le souhaites, sers-toi.

Pas besoin de me le répéter deux fois, je prends une petite poignée de framboise, ainsi qu’une banane et une pomme. Je mange le tout avec plaisir. Anna me rejoint à table, avec elle aussi une assiette de pancakes.

- Tu veux faire quoi aujourd’hui ? Me demande-t-elle

Je veux sortir, m’éloigner d’elle le plus possible. Je m’en veux d'être autant ingrate, mais j’ai besoin de temps.

- Je pensais aller courir après le petit-déjeuner. J’en profiterai pour découvrir un peu la ville.

Anna hoche la tête.

- Et cet après-midi, je pense que je vais simplement défaire mes valises et me poser.

- Okay bonne idée. Je vais sortir cet après-midi, mais je ne sais pas encore à quelle heure je rentrerai. J’ai mis sur ton bureau une clé de la maison, et sur le frigo il y a un post-it avec mon numéro, appelle-moi si tu as un problème. Si je ne suis pas rentrée pour dîner, sers toi dans le frigo, il doit y avoir des restes ou bien prépares-toi quelque chose si t’as envie.

- Pas de soucis, merci.

Elle me sourit, puis comme j’ai fini mon assiette, je la dépose dans l’évier, prends ma clé, mes écouteurs et mon téléphone, j’enfile mes chaussures puis sors de la maison.

Je regarde à droite, puis à gauche. En soit, je vais me perdre dans tous les cas donc bon, par le plus grand des au pif, je tourne à droite et commence à courir.

Cela fait maintenant un bon bout de temps que je cours. Les musiques défilent tandis que mon esprit se vide. J’oublie tout, je ne réfléchis pas, je cours seulement. Parfois je tourne à droite, d’autres à gauche. Je ne sais pas où je vais et je m’en fiche. Je veux simplement continuer à courir, ça m’aide à aller bien. Ou du moins, à aller mieux.

Puis j’arrive devant l’entrée d’un parc. Je ne me pose aucune question et entre. L’endroit est vraiment très beau, et assez animé. Il y a un grand lac central, ou reflète les rayons de soleil. Des papis et mamies discutent sur des bancs, nourrissant les canards, des enfants jouent joyeusement sur les balançoires et les toboggans, des couples se promènent amoureusement dans une allée fleurie et des gens font du sport sur des agrès de musculation. Je remarque aussi deux ou trois coureurs, comme moi, qui cours dans ce petit havre de paix. Je m’arrête quelques secondes pour admirer la beauté de ce parc, puis recommence à courir. Je passe dans une allée d’arbres, que le début de l’automne rend jaune et orange. J’aime déjà cet endroit. Je fais le tour du lac, passe près des enfants qui jouent, puis, je remarque sur le côté une allée qui entre dans une petite forêt. J’hésite un peu puis y va. Je suis le chemin, semé de feuilles jaunes, je croise une autre personne faisant son footing du matin. Je tourne à droite, entendant des bruits et des rires, puis j’arrive sur une belle et assez grande clairière.

Bordé par de l’herbe verte, il y a un terrain de basket. Je dois bien avouer que je ne m’y attendais pas, à celle-là… Je reste paralysée pendant quelques secondes, puis je réalise ce qu’il se tient devant moi. Je suis tenté par l’idée de partir, de faire comme si je n’avais rien vu et de ne jamais revenir ici, mais l’envie de regarder ces gens jouer est au-dessus de tout. Ils ne m’ont pas vu, alors je me pose discrètement contre la rambarde.

Ils ont un assez bon niveau, je dois le reconnaître. Ils ont un jeu assez spécial aussi, c’est étonnant. Pourtant, il y en a bien un qui se démarque des autres. Pas par son niveau, il n’est pas forcément meilleur que les autres, mais il a ce petit truc qui le différencie. Il a une façon de bouger et de manier le ballon particulière. Il est rapide aussi. Et ses mouvements sont imprévisibles. Je n’arrive pas à détacher mes yeux de lui. Puis je remarque qu’il n’y a pas seulement son jeu qui est unique, son apparence l’est tout autant. Il a les cheveux de la couleur de la barbe à papa. Il reçoit le ballon d’un de ses équipiers, il s’élance en dribblant rapidement puis saute pour marquer. Il se retourne et je vois pour la première fois ses yeux. Des yeux verts. Vert onyx. Des yeux… qui me regardent. Il est en train de me regarder, lui aussi. Je ne sais pas trop quoi faire, alors je souris pour m’excuser puis je pars. Soudain, je suis prise d’un doute intense, m’aurait-il… ? Non, ce n’est pas possible. Je mets cette idée de côté et continue de courir.

Je reprends le chemin inverse, puis sors de la forêt. Je continue de courir, mais je n’arrive pas à me le sortir de sa tête. Je revois ses yeux qui me regarde, il a dû me prendre pour une folle à le fixer ainsi. Je sors du parc, malgré l’envie grandissante d’y retourner pour le voir jouer, sors mon téléphone et ouvre maps. Il y a un magasin pas très loin d’ici, parfait. Je cours encore un peu, pour y arriver. J’entre, prends une bouteille de Schweppes agrume, puis passe devant un rayon de soins pour cheveux. Et si… Ni une ni deux, je m’y engage, regarde quelques secondes différentes couleurs, en prends une et je vais aux caisses libres. Au moins ainsi, je ne pourrais pas avoir peur qu’on me reconnaisse.

Qui es-tu ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant