Le feu crépitait encore faiblement, projetant des ombres fascinantes dans le grand salon. Cela faisait un certain temps qu'il avait distrait Draco, mais c'est seulement maintenant qu'il se rendait compte qu'il ne lisait plus et que ses pensées vagabondaient depuis un temps qu'il ne savait quantifier.
Agacé contre lui-même de s'être perdu dans ses pensées et de ne pas avoir terminé son journal, Draco soupira et jeta un coup d'œil à son mari. Harry s'était endormi, ce qui inquiéta légèrement Draco, qui dirigea son regard vers l'ancienne pendule. Il fut encore plus irrité en voyant l'heure : il était tard - ou tôt, peu importe, et il devait se lever demain. Il détestait se coucher tard, et cette sensation de rêvasser sans conscience était désagréable. Il ne saurait même pas dire à quoi il avait pensé, donc il avait juste perdu son temps inutilement.
Il replia son journal en soufflant légèrement. Sur la table basse, son thé était froid. La tasse de Harry était vide. Draco bailla et décida de se lever, s'étirant allègrement avant de prendre les deux tasses et les porter au lave-vaisselle. Il revint ensuite au canapé, observant son amant dont la sérénité était inhabituelle. Les longs cils de Harry étaient délicatement fermés, sa bouche légèrement entrouverte. Ses cheveux retombaient en douces mèches ténébreuses contre sa peau détendue. Son corps avait adopté ces étranges positions que le sommeil accepte malgré l'inconfort visuel : Une jambe encore pliée tandis que l'autre était tendue, le buste incliné vers l'ancienne position de Draco et le cou penché qui devait mettre ses cervicales à l'épreuve.
Il sourit tendrement en passant malgré lui une main dans cette masse ébène qu'il affectionnait tant, et Harry ne s'éveilla pas du tout. Draco pensa qu'il devait être vraiment fatigué, et en se remémorant ces derniers jours, cela avait du sens. Rassuré qu'il ait réussi à s'endormir sans aide, Draco décida qu'il serait mieux dans leur lit.
Par réflexe, il voulut lui lancer un sort afin de le léviter sans effort, mais il s'arrêta net. Bien souvent, les rôles étaient inversés : c'était lui qui s'endormait à moitié dans le salon, bercé par la chaleur du feu et le bruit léger des aiguilles - car Harry était très doué de ses mains, et qu'il préfère coudre à côté de Draco que lire avec lui n'était pas surprenant. Souvent, le blond s'assoupissait, aussi déconcerté que fasciné par le calme appliqué de son mari.
Or, quand il était à moitié endormi et que Harry s'avisait de sa fatigue, il posait sa création et le portait toujours dans ses bras pour l'emmener au lit. Draco faisait toujours semblant de dormir, mais il jouissait de sentir ses bras rassurants derrière ses omoplates et ses genoux. Il se sentait léger et avait l'impression de flotter jusqu'à leur chambre, prit en charge telle une princesse ingénue. Cela le rendait heureux de sentir Harry s'occuper de lui, le poser délicatement dans leur lit en prenant soin de poser correctement sa tête sur l'oreiller avant de s'enfiler à son tour sous la couverture en prenant un carnet et en abaissant la luminosité. Il lui embrassait la tempe en soufflant un « Bonne nuit, mon amour » et Draco ne parvenait jamais à lutter contre son sourire, faisant semblant de s'être à moitié réveillé pour passer un bras sur le ventre de Harry et sentir sa respiration tandis qu'il servait de pseudo-chevalet.
À présent, les rôles s'inversaient. Et Draco pensait qu'il était plus romantique et chaleureux de porter Harry telle une princesse plutôt que de lancer un vulgaire sort de lévitation.
Fort de cette décision, il passa délicatement un bras en dessous des genoux de Harry, après avoir légèrement déplacé ses jambes pour qu'elles soient à même hauteur. Ensuite, il ramena le dos de Harry à son bras libre et il le souleva aisément.
Il le souleva aisément.
Il le souleva ?
Il essaya de le soulever.
Il était coincé.
Il était coincé ?!
Haletant sous l'effort, Draco posa un genou sur le canapé pour réfléchir à la situation. Il se trouvait totalement ridicule et invoqua, à sa charge, son désir de ne pas réveiller Harry. Il devait faire doucement.
Le problème, c'était qu'il sentait nettement que ses muscles ne parvenaient pas à soulever le poids de son mari.
Il était trop lourd. Le corps de Harry se comptait en kilos de muscles développés et sollicités. Celui de Draco ? En strict minimum d'os, de muscles et de graisses nécessaires à la survie humaine.
Mais de là à ne pas réussir à soulever son amant, il y avait un monde. Le pire, c'est que Harry était plus petit que lui. Et qu'il n'était clairement pas en muscles larges et imposants, non : il était svelte. Très clairement, l'ego de Draco était en train d'en prendre un coup.
N'admettant pas l'échec, Draco replaça ses membres supérieurs pour la forme et entreprit de porter Harry avec l'énergie d'un homme blessé. Il parvient à le faire décoller légèrement du canapé, mais il le reposa immédiatement.
Enfin, c'est ce qu'il se dit, car en réalité, il laissa brutalement retomber Harry, mais comme il l'avait porté que de quelques centimètres, cela ne faisait pas grand remue-ménage. Néanmoins, se fut assez pour que Harry grogne un murmure indistinct. À présent, un léger froncement de sourcil défigurait son visage paisible, et Draco avait envie de se mettre des baffes.
Avec l'énergie du désespoir, il respira longuement, se remit en position et souleva Harry, se jurant sur toutes les générations antérieures des Malfoy qu'il allait réussir à porter son mari. Il n'était pas si faible, merde alors !
Eurêka, il réussit à le soulever, et par pure fierté, il crispa tout son corps pour le maintenir et se remettre debout. À présent, il lâchait des petits bruits ridicules qu'il ne maîtrisait pas, ces fameux petits bruits que l'on fait lorsqu'on porte une charge bien trop lourde pour nous mais qu'on porte quand même par nécessité et dont notre propre corps, se désolidarisant de l'action, essaye quand même d'invoquer des muscles quelconques par l'intermédiaire d'onomatopées ridicules. Draco, lui, fit comme une espèce de "i" long et essayant de se mettre debout, mais ses bras tremblaient et il reposa gauchement son mari sur le canapé.
Il retira ses bras et reprit son souffle, une légère brûlure d'humiliation à la poitrine. Comment Harry pouvait-il le porter aussi aisément ? Par Merlin, Draco savait pertinemment que si les rôles étaient inversés, Harry le soulèverait sans effort, marcherait sans se presser et ne serait pas essoufflé en arrivant dans leur chambre, il l'avait déjà fait suffisamment de fois ! Bien sûr que Harry était musclé mais quand même, lui-même n'était pas si faible !
Draco fusilla du regard la table basse. Bon, il est vrai que cela faisait des années qu'il n'avait pas fait de Quidditch. Et il ne faisait aucun sport, il le concédait.
Ses yeux d'acier regardèrent les sourcils froncés et les traits tendus de son mari. C'était de sa faute. C'était déjà un miracle que Harry ne se soit pas réveillé. Il passa son regard sur son corps, et il en vient à la conclusion que c'était Harry qui était trop lourd, nuance. Après tout, même son cou était musclé !
Draco rassembla le reste de sa dignité, jeta le sort de lévitation et sortit d'un pas conquérant de la pièce, le menton levé.
De toute façon, peu importe qu'il parvienne à porter Harry ou non : c'était l'intention qui comptait. Et quand il posa son mari sur le lit, il n'avait pas besoin d'être Hercule pour le placer correctement sur l'oreiller et glisser les draps sur lui. Draco éteignit les lampes, se déshabilla et se glissa à ses côtés en se blottissant contre sa solide poitrine.
Il embrassa la peau à sa portée et souffla un "bonne nuit" bougon à son amoureux endormi avant de fermer les yeux, manquant le sourire amusé.
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Recueil OS drarry
FanfictionQuelques bribes de vie entre Harry et Draco, déjà en couple et mariés dans la plupart des cas. à noter : -Draco reste Draco, Harry reste Harry. Ils font des efforts pour s'entendre avec l'entourage de leur conjoint, c'est tout. -Dans cette même lign...