Reviens !

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Soudainement, alors que les premières lueurs de l'aube pénétraient dans l'hôpital, il vit le médecin qui avait pris Mike en charge passer la porte des urgences. Son visage était grave et ses traits tirés de fatigue.


Simon frémit à la vue du médecin arrivant enfin vers eux. Il n'aimait pas ce qu'il voyait dans l'expression de cet homme. La fatigue, l'air sombre... Il savait déjà que quelle que soit la nouvelle elle ne serait pas bonne. Il se précipita vers lui, bientôt rejoint par Jade, ne pouvant attendre davantage.


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En les voyant arriver vers lui, le médecin essuya son front recouvert de sueur et soupira. Sa nuit avait été éprouvante. Une des plus compliquées de sa carrière. Le patient qu'ils avait récupéré était dans un sale état quand ils étaient arrivés et son état n'avait cessé de se dégrader durant le transport. Il avait bien cru qu'il ne passerait pas la nuit. L'homme avait subi trois arrêts cardiaques. A chaque fois, ils avaient mis un peu plus de temps que la fois précédente à le faire revenir avec eux. Cet homme devait néanmoins être un battant car il était encore en vie à l'heure actuelle. Pour combien de temps encore ? C'était difficile à dire. Il pouvait mourir dans l'heure ou finalement s'en tirer. Ils avaient fait tout ce qu'ils avaient pu pour lui mais son pronostic vital restait engagé. Et pour être totalement honnête avec lui-même et au vu de ce qu'il avait constaté sur ce jeune homme il ne savait pas vraiment s'il devait lui souhaiter de s'en sortir. L'équipe qui l'avait pris en charge cette nuit n'avait pu que constater avec horreur tous les signes de tortures diverses sur tout son corps ! De toute sa carrière il n'avait que rarement vu de telles atrocités. Cet homme avait dû subir un véritable martyre. Il y avait peu de chance que, même si leur patient s'en sorte physiquement, son esprit ne soit pas totalement brisé. Il avait également remarqué des traces plus anciennes, et même très anciennes, de sévices. De toute évidence, ce qui l'avait amené ici n'était pas une nouveauté pour lui.

Maintenant, après toute la fatigue et la pression de la longue intervention chirurgicale, il allait devoir annoncer tout ça à ces deux personnes visiblement très inquiètes. Il détestait cette partie de son boulot. Annoncer les mauvaises nouvelles n'est jamais agréables. Laisser les gens dans l'incertitude non plus. Il n'aimait pas sentir l'angoisse et voir la peine dans les yeux de ses interlocuteurs dans ces moments-là. Mais il se devait de le faire.

Donc cette fois encore il allait faire son devoir.

- Madame, Monsieur les salua-t-il. Je suppose que vous voulez des nouvelles du patient que nous avons récupéré cette nuit en 5018 ? Demanda-t-il en gardant une voix neutre. En les voyant acquiescer, il continua : Je vous prie donc de me suivre dans mon bureau où nous pourrons discuter plus tranquillement.

Il les invita à le suivre d'un signe de la main et le guida dans les méandres de couloirs du LSES jusqu'à son bureau. Une fois arrivé à destination il les pria de s'assoir en face de son bureau. Il en profita pour les observer discrètement et essayer de déterminer la réaction qu'ils auraient à l'annonce de la nouvelle. Il se trompait rarement et cela lui permettait d'adapter le ton de son annonce pour mieux prendre en compte les personnes devant lui. Certains préféraient les annonces brutales, d'autres avaient besoin qu'on amène les choses en douceur, le temps de les préparer. Tandis qu'il y en a qui encaissent sans broncher, d'autres s'effondrent ou encore nient l'évidence, exigent des actions impossibles à mener.

Ici, même s'ils ne portaient pas leurs tenues caractéristiques, il savait, vu l'endroit de l'intervention, qu'ils appartenaient probablement à la Mano. Et il savait d'expérience que les membres de gang étaient imprévisibles. Il allait donc marcher sur des œufs et redoubler de prudence dans ses propos.

AbsenceWhere stories live. Discover now