Chapitre 1 : Le début d'une amitié

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Dante se souvenait parfaitement de sa première rencontre avec Soya. C'était un jour ordinaire au lycée, l'un de ces matins gris et humides où l'envie de traîner au lit surpassait largement celle de se rendre en classe. Le lycée qu'ils fréquentaient, situé en plein cœur d'un quartier difficile, n'était pas exactement un lieu propice à l'épanouissement. Les bâtiments délabrés et les couloirs jonchés de graffitis criaient l'abandon, tout comme les élèves qui semblaient traîner leur avenir sans trop d'espoir.

Dante, fils unique d'une mère célibataire, avait rapidement compris que la vie serait rude. Ses rêves, aussi nombreux soient-ils, se heurtaient constamment à la réalité brutale de son environnement. Il avait toujours été solitaire, non par choix, mais par nécessité. Il avait appris à ne compter que sur lui-même, à se méfier des autres. Mais ce jour-là, tout changea.

C'était pendant la pause déjeuner. Dante s'était isolé à son endroit habituel, un coin reculé du parc derrière l'école, loin des groupes bruyants de ses camarades. Il sortit un livre de son sac, espérant trouver un moment de répit dans la lecture. Soudain, une silhouette se découpa dans son champ de vision. Un garçon de son âge s'approchait, une cigarette à la bouche, les yeux légèrement plissés comme s'il cherchait quelque chose, ou peut-être quelqu'un.

« Hé, toi », lança-t-il d'une voix calme mais assurée. Dante releva à peine les yeux, pensant que le garçon allait simplement passer son chemin. Mais ce dernier s'arrêta juste devant lui.

« C'est ton coin ? » demanda-t-il.

Dante le fixa quelques instants, perplexe. Le garçon avait un regard intense, mais il n'y avait ni hostilité ni provocation dans ses yeux. Juste une curiosité brute.

« Ouais », répondit Dante finalement. « Pourquoi ? »

« Pas mal, ce coin. Tranquille. J'en cherchais un comme ça. » Le garçon tira une longue bouffée de sa cigarette, puis s'assit à côté de Dante sans lui demander la permission. Le silence s'installa entre eux, mais étrangement, ce silence ne paraissait pas lourd ni oppressant. Il y avait une certaine compréhension tacite.

Après quelques minutes, le garçon tourna la tête vers Dante et tendit sa main.

« Soya », dit-il simplement. « Et toi ? »

Dante hésita, surpris par cette entrée en matière. Il n'avait jamais vraiment cherché à se faire des amis, et encore moins à répondre aux avances de quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Mais quelque chose chez Soya le poussa à saisir cette main tendue.

« Dante », répondit-il.

Le reste de la pause se passa en silence. Soya continua de fumer, tandis que Dante reprit sa lecture. Aucun d'eux ne ressentit le besoin de parler davantage ce jour-là. Mais à partir de ce moment, quelque chose avait changé pour Dante. Il ne le savait pas encore, mais cette rencontre marquait le début d'une amitié qui allait bouleverser sa vie.

Les jours suivants, Soya et Dante se croisèrent de plus en plus souvent. Leurs conversations, d'abord brèves et superficielles, commencèrent à prendre de l'ampleur. Ils parlaient de tout et de rien, mais surtout de leurs vies, de leurs galères, de leurs rêves d'évasion. Soya, lui aussi fils unique, avait grandi dans un foyer déchiré par la violence. Son père, alcoolique notoire, ne rentrait que rarement à la maison, laissant sa mère sombrer dans une dépression silencieuse. Soya, comme Dante, avait appris très tôt à se débrouiller seul.

Un soir, après les cours, Soya invita Dante chez lui. Son appartement était petit et mal entretenu, mais Dante remarqua immédiatement une chose : la fenêtre du salon offrait une vue dégagée sur la ville, une vue qui contrastait étrangement avec l'intérieur sombre et délabré. Ils s'assirent tous les deux devant cette fenêtre, observant en silence les lumières lointaines des immeubles et des rues bondées.

« Un jour, je partirai d'ici », déclara Soya d'un ton neutre, sans vraiment attendre de réponse. « Je quitterai ce quartier de merde et je m'envolerai loin. »

Dante hocha la tête, comprenant exactement ce que son ami ressentait. Lui aussi rêvait de s'échapper, de fuir cette vie qui semblait tracée d'avance. Mais au fond de lui, il savait que les choses n'étaient pas si simples. Partir demandait des moyens qu'ils n'avaient pas.

« Comment tu comptes faire ? » demanda Dante finalement, plus par curiosité que par espoir.

Soya haussa les épaules, les yeux toujours rivés sur les lumières de la ville.

« Je ne sais pas encore », répondit-il. « Mais je trouverai. On trouvera. »

Dante sourit légèrement. « On », ce mot résonnait étrangement en lui. Il n'avait jamais imaginé partager ses rêves d'évasion avec quelqu'un d'autre. Mais avec Soya, tout semblait possible. Leur amitié était différente, profonde, presque fraternelle. Pour la première fois de sa vie, Dante sentait qu'il pouvait faire confiance à quelqu'un, qu'il n'était plus seul.

Les mois passèrent, et leur complicité ne cessa de grandir. Ils traînaient ensemble après les cours, cherchaient des petits boulots pour gagner quelques sous, et rêvaient toujours à cette vie meilleure, loin des difficultés qui les entouraient. Leur quotidien était difficile, mais tant qu'ils étaient ensemble, ils arrivaient à supporter la dureté de leur environnement.

Un jour, alors qu'ils traînaient dans une ruelle peu fréquentée, un homme d'une trentaine d'années s'approcha d'eux. Grand, au visage marqué par des cicatrices, il les observa un instant avant de s'adresser à Soya.

« Vous cherchez du travail, les gars ? » demanda-t-il d'une voix rauque.

Dante et Soya échangèrent un regard méfiant. L'homme sortit de sa poche un paquet de billets, le faisant passer d'une main à l'autre.

« J'ai un truc pour vous. Facile. Bien payé », continua l'homme en les jaugeant. « Vous avez juste à livrer des trucs pour moi. Rien de compliqué. Vous êtes intéressés ? »

Soya fronça les sourcils, sentant que l'offre n'était pas aussi innocente qu'elle le paraissait. Mais Dante, voyant l'argent, ressentit un pincement d'excitation. C'était peut-être l'opportunité qu'ils attendaient pour enfin sortir de leur situation.

« De quoi on parle ? » demanda Dante prudemment.

L'homme sourit, dévoilant des dents jaunies par le tabac. « Vous verrez bien. Si vous êtes intéressés, je vous expliquerai tout. »

Dante et Soya hésitèrent. C'était la première fois qu'ils se retrouvaient face à un choix aussi crucial, un choix qui pourrait changer leur vie à jamais.

Soya & Dante ( mini histoire 5 chapitres )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant