La tension devenait insupportable. Chaque jour, Soya sentait l'étau se resserrer un peu plus autour d'eux. Les murmures dans les rues, les regards suspects des hommes du cartel, tout indiquait que quelque chose se préparait. Dante, lui, continuait de nier la gravité de la situation, préférant se perdre dans des excès de plus en plus destructeurs. L'argent, la drogue, les femmes... tout cela ne faisait que renforcer son sentiment d'invincibilité, alors même que le danger se rapprochait à grands pas.Un soir, Soya décida qu'il était temps d'agir. Il avait entendu des rumeurs selon lesquelles le cartel préparait une « mise au point ». Cela signifiait qu'ils allaient éliminer les traîtres ou ceux qu'ils jugeaient trop imprévisibles. Et bien que ni lui ni Dante n'aient trahi, ils étaient devenus des cibles. Trop visibles, trop instables. Le cartel n'avait pas besoin de cette faiblesse.
Soya retrouva Dante dans leur quartier habituel, assis au fond d'un bar sombre. Dante était entouré de bouteilles vides, le regard perdu dans le vide. Son visage, autrefois vif et alerte, semblait fatigué, presque vieilli. Il n'était plus le jeune homme audacieux qu'il avait été. La drogue et l'alcool l'avaient marqué, physiquement et mentalement. Mais malgré tout, un sourire trônait sur ses lèvres, un sourire amer, déformé par l'illusion de contrôle qu'il croyait encore avoir.
Soya s'assit en face de lui, le cœur lourd. Il devait convaincre son ami de fuir, avant qu'il ne soit trop tard.
« Dante, il faut qu'on parte », dit-il d'une voix ferme, bien que la fatigue pesait sur ses mots.
Dante leva lentement les yeux vers Soya, plissant les paupières comme s'il avait du mal à comprendre ce qu'il venait d'entendre. « Partir ? Pourquoi on partirait ? On a tout ici, frère. »
Soya serra les poings sous la table, tentant de garder son calme. « Le cartel va nous descendre, Dante. Ils pensent qu'on est un problème. Tu as entendu ce que le lieutenant a dit l'autre soir. Ils ne nous feront pas de cadeaux. »
Dante éclata de rire, un rire qui sonnait faux, presque hystérique. « Ils ne feront rien. On a fait tout ce qu'ils nous ont demandé, et on leur a ramené plus d'argent que quiconque. Ils ont besoin de nous. »
Soya secoua la tête. « Ils n'ont besoin de personne. Ils te tueraient demain si ça leur profitait. Regarde-toi, Dante. Tu es hors de contrôle. Ils ne tolèrent pas l'imprévu, et tu es devenu imprévisible. » Il marqua une pause, puis ajouta plus doucement : « Je t'en prie, frère. On doit fuir. Ensemble. »
Pour la première fois depuis longtemps, Dante sembla hésiter. Son sourire s'effaça peu à peu, et ses yeux s'assombrirent. Il regarda Soya avec une intensité qui n'était pas habituelle, comme s'il tentait de percer un voile de confusion qui obscurcissait son esprit.
« Partir ? » murmura-t-il, la voix soudain tremblante. « Partir où ? On n'a nulle part où aller, Soya. Tu le sais. C'est ici qu'on a grandi, c'est ici qu'on mourra. »
Soya posa une main ferme sur l'épaule de Dante, le forçant à le regarder dans les yeux. « On peut encore changer ça. Il y a toujours un moyen de s'en sortir. Mais il faut partir maintenant. Avant qu'ils ne nous trouvent. »
Dante fixa Soya longuement, et pendant un bref instant, Soya crut voir une lueur d'espoir dans les yeux de son ami. Peut-être que Dante commençait enfin à comprendre. Peut-être que la gravité de la situation commençait à le rattraper.
Mais cette lueur s'éteignit aussi vite qu'elle était apparue.
« C'est trop tard pour moi », dit Dante d'une voix basse, presque inaudible. « Je suis déjà trop loin. »
Soya sentit son cœur se serrer. Ces mots, il les redoutait depuis des semaines. Il avait essayé de garder espoir, de croire que Dante se reprendrait, qu'il écouterait enfin la raison. Mais maintenant, tout cela semblait vain. Dante s'était déjà perdu, et rien ne pourrait le ramener.
Soya se leva lentement de sa chaise, le regard lourd de tristesse. Il jeta un dernier regard à son ami, espérant désespérément un signe de changement, un éclat de lucidité dans ses yeux. Mais Dante resta immobile, le regard vide, perdu dans ses propres illusions.
« Si tu ne viens pas avec moi, tu vas mourir ici », dit Soya, les mots remplis de résignation. « Je ne pourrai pas te sauver. »
Dante ne répondit pas. Il se contenta de lever une nouvelle bouteille à ses lèvres, avalant une longue gorgée comme pour oublier la conversation. Soya tourna les talons, le cœur lourd, et quitta le bar, laissant son meilleur ami derrière lui.
Dehors, la pluie tombait encore, fine et froide, ajoutant à l'atmosphère lugubre de la nuit. Soya marcha longtemps, les pensées tourbillonnant dans sa tête. Il savait que le moment de la décision approchait. Il devait partir. Seul, s'il le fallait. Mais cela signifiait abandonner Dante, et cette idée le hantait.
Il ne rentra chez lui que tard dans la nuit, épuisé par ses émotions et ses réflexions. Mais avant qu'il ne puisse même envisager de se reposer, son téléphone vibra dans sa poche. Il jeta un coup d'œil à l'écran. C'était un message de l'un de leurs contacts dans le cartel.
« Ils savent pour Dante. Ils viennent ce soir. »
Le cœur de Soya s'arrêta un instant. Sans perdre une seconde, il attrapa sa veste et courut vers la porte. Il devait trouver Dante avant eux. Peut-être qu'il était encore temps de le sauver. Peut-être qu'il pourrait encore faire quelque chose.
Mais au fond de lui, il savait que la course était perdue d'avance.
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Soya & Dante ( mini histoire 5 chapitres )
ActionL'histoire de soya et Dante deux jeunes qui veulent s'en sortir dans la vie