Acte III - Scene V

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SCÈNE V

HARPAGON, FROSINE.

HARPAGON.- Ne vous offensez pas, ma belle, si je viens à vous avec des lunettes. Je sais que vos appas frappent assez les yeux, sont assez visibles d'eux-mêmes, et qu'il n'est pas besoin de lunettes pour les apercevoir: mais enfin c'est avec des lunettes qu'on observe les astres, et je maintiens et garantis que vous êtes un astre, mais un astre, le plus bel astre qui soit dans le pays des astres. Frosine, elle ne répond mot, et ne témoigne, ce me semble, aucune joie de me voir.
FROSINE.- C'est qu'elle est encore toute surprise; et puis les filles ont toujours honte à témoigner d'abord ce qu'elles ont dans l'âme.
HARPAGON.- Tu as raison. Voilà, belle mignonne, ma fille, qui vient vous saluer.

L'Avare (De Molière)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant