1. As we bleed

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Edenlysse

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Edenlysse

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Le jour où on nous annonça la fin du monde, j'étais trop occupé à râcler le chewing-gum qui s'était étalé sous ma semelle pour paniquer.

San Francisco disparut en premier, comme dévoré par la gueule d'un monstre.

Parmi les dernières lueurs rougeoyantes du soir, la ville s'éteignit dans un geyser d'écume. Demeura alors l'empreinte de sa présence : une mer ocre dont plus personne ne voyait le fond. Les professeurs nous parlaient souvent de mouvements des plaques et de choses étranges qui se passaient sous nos pieds, loin dans le manteau de la planète, peut-être même jusqu'au noyau. Mais à part pour alimenter les esprits tordus de certains et leur soif de scénarios catastrophes, jusqu'à ce jour sinistre rien ne nous avait jamais semblé à ce point alarmant. Nous savions tous que la Terre crevait, sous nos yeux même.

Pourtant, cette fois-là, ce n'étaient plus des paroles en l'air.

Sur le chemin de la maison, une sirène résonna, stridente et glaciale ; comme celles qui annoncent la purge dans American Nightmare. Une voix, provenant de je ne sus où - sûrement une espèce de méga méga mégaphone qui faisait le tour des quartiers - nous demanda d'un ton encore trop posé de rentrer nous abriter chez nous et d'allumer la télévision.

Je me souvenais des images diffusées dans mon salon, assis tout seul, le pain rassis d'un sandwich au thon misérablement posé sur ma table. Je me demandais quand mes parents allaient arriver.

Felix était encore en voyage et Changbin me considérait comme un homme mort depuis la rentrée. Notre trio, c'était celui des bras cassés ; impossible à faire tenir en place, impossible à séparer. J'étais pourtant seul, blasé, quand sur une chaine qui n'avait rien à voir avec les actualités, San Francisco s'écroula dans un magma âcre.

Ma main se figea sur la télécommande au moment même où je m'apprêtais à changer de chaîne.

Oh.

Oh.

Le déclic ne fut pas immédiat, pas comme je l'aurais voulu. Il s'écoula sûrement une dizaine de secondes avant que je ne revienne à moi et découvre que les images ne venaient pas d'un film de science-fiction bas budget. A la onzième seconde, je sus que mon corps venait de passer en mode pilote. A cet instant, tout devint brumeux. Mon cerveau renia la signification de l'événement et mon premier réflexe fut d'appeler mon père.

- La route est trop longue, tempéra-t-il à l'autre bout du combiné, ils ne peuvent pas nous laisser faire trop de distance.

- Vous restez comme des sardines à votre boulot ? j'entendais dans ma voix que je ne comprenais pas encore ce qui se passait. Et maman ?

Prisme | Recueil collaboratifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant