🍁 Et que ça saute ! (1) 🍁

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« Venimeux est le baiser du maudit,
Amoureux est le cœur qu'il détruit. »

Extrait du journal de Rue,
adepte de Sakpata,
Divinité Vodoun.

🕷

🍁 Autumn 🍁

Je suis à deux doigts de perdre mon sang-froid lorsque Laz rouvre enfin le coffre dans lequel il m'a enfermée après m'avoir traînée hors de chez Marisol en refilant les clés de ma voiture à Cyr. La claustrophobie a failli me faire piquer une crise de panique, mais le trajet n'était pas si long - à peine une dizaine de minutes - et j'ai réussi à prendre sur moi le temps que ça a duré.

Engourdie par la drogue, les mains attachées dans le dos et bâillonnée avec une espèce de torchon de vaisselle qui empeste le tissu mal lavé, je le foudroie du regard en priant pour que mon père débarque, sirène hurlante, avec une patrouille de police. Hélas, aucun miracle de la sorte ne se produit, et le géant patibulaire à la mine sombre m'arrache du coffre pour me balancer sans ménagement sur son épaule.

— Humpf ! soufflé-je, en rebondissant, les fesses à  l'air.

J'ai à peine le temps d'apercevoir les murs ternes d'un bâtiment industriel qui semble avoir connu de meilleurs jours qu'il se met à marcher, me faisant brinquebaler comme un sac à patates. Une nausée acide me saisit à la gorge, mais je m'efforce de la refouler pour éviter de m'étouffer avec ma propre bile. La tête à l'envers, je ne vois plus qu'une vaste étendu de ciment accidenté, puis des escaliers en acier recouverts de crasse et, alors qu'il fait cliqueter ses clés, un minuscule chat noir qui vient se frotter à ses chevilles.

— Salut, Amphet'. Suis-moi, je vais te donner à bouffer.

Laz entre dans l'entrepôt désinfecté, suivi de près par le chaton qui miaule de joie en dandinant son adorable petit derrière d'où s'élève une longue queue striée de poils gris.

La scène ne pourrait pas être plus surréaliste.

Je suis en train de me faire kidnapper par un type louche qui a un faible pour Berlioz des Aristochats.

Genre, pour de vrai...

Désormais plus agacée que paniquée, je contracte mes abdominaux et me hisse à la seule force de ma volonté pour observer les alentours.

L'entrepôt n'est qu'une vaste pièce de plusieurs centaines de mètres carrés et pourvue d'une immense hauteur sous plafond. De lourdes chaînes en métal pendent de la plateforme supérieure pour venir s'enrouler sur le sol taché d'huile, à l'instar de serpents prêts à mordre. Sur toute la partie gauche, des dizaines de tables ont été alignées les unes derrière les autres, sur trois rangées distinctes, un peu comme les paillasses que l'on occupait en cours de physique-chimie. Elles sont toutes dotées de balance, de combinaisons jaunes, d'instruments étranges et de pochons de plastique floqués du signe de l'infini étiré à la verticale - ils sont vides, pour la plupart. Mais certains sont déjà pleins de Tina et de cocaïne.

OK, c'est là que les Enfants écoulent leur marchandise...

De l'autre côté, plusieurs canapés ont été disposés face à un énorme écran de télévision. Une table de billard, un flipper et un babyfoot occupent le mur du fond, près d'une cuisine aménagée pour recevoir une bonne vingtaine de personnes. C'est grand, moderne, mais pas très féminin. On dirait le repaire de mecs en pleine crise d'adolescence et abrutis par la testostérone.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 16 ⏰

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