amour, douleur

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Océane a oublié comment sourire. Sourire pour de vrai.

Elle est triste tout le temps, sauf peut-être quand elle est dans les bras de Lena.
Elle aime Lena, et Lena l'aime, elle le sait. Mais elle se dit aussi que personne ne mérite d'aimer une personne cassée.
Et Océane, elle est cassée de partout, un peu déchirée, froissée, et les abysses de son cœur abîmé. Elle ne sait pas trop par quoi. C'est comme ça.

Océane, y a que Lena qu'elle aime pour de vrai. Elle l'aime avec son corps, avec son âme, avec tellement de force et de résignation -ou d'obstination- qu'elle n'a pas les mots pour décrire ce qu'elle ressent. C'est souvent comme ça. Elle ressent des trucs trop fort, trop grand, et les mots se meurent sur sa langue sans qu'elle ne puisse jamais laisser s'échapper tout ce qu'elle ressent. Alors, les sentiments, ils gonflent en elle, ça fait une grosse boule noire dans sa gorge, ça pèse lourd dans sa poitrine.

Océane est fatiguée, un peu brisée.

Alors, elle va se libérer de ce fardeau.
Alors, elle va libérer le monde de son fardeau. Et son monde, c'est Lena.

C'est pas la première fois qu'elle y pense, mais c'est le première fois qu'elle en a vraiment besoin. Qu'elle sait qu'il lui reste que ça.

Se foutre en l'air.

Ça fait des semaines qu'elle y pense.
Ça lui brise le cœur pour Lena, mais elle peut pas continuer comme ça.
Tous les autres, elle s'en fout, pour le peu qu'il y ai des autres.
Elle connait pas son père, elle est même pas certaine que sa mère sache qui c'est.
Et sa mère... aurait mieux fait d'avorter, sûrement.
Elle a pas vraiment de potes, mais elle est pas sûre que ça aurait changer grand-chose, de toute façon.

Non.

Elle n'a que Lena.
Ses yeux bleu dans lequel elle voudrais se noyer encore.
Ses cheveux blond qui s'emmêle dans le vent.
Ses joue roses quand elle l'embrasse.
Ses lèvres. Elle crèverait, pour ses lèvres. Elle rêverait, pour ses lèvres.
Et ses mains, qui l'embrasent dès qu'elles effleurent son épiderme.
Elle est si belle. Si belle...

Lena s'est fout, elle, des cicatrices de son cœur et de sa peau, elle s'en branle, qu'Océane ne soit pas parfaite. Elle ne l'est pas non plus, après tout.

Mais ça, Océane ne le voit pas. Ou peut-être est-ce la peine qui la rend aveugle.

Lena, c'est l'amour qui lui a prescrit cette cécité. Trop aveuglée pour voir la détresse de sa bien aimé. Lena, elle est persuadée d'être super-puissante. De pouvoir rendre Océane heureuse à nouveaux. De l'aimer et que ça compte suffisamment.
Et c'est vrai, puisque qu'il n'y a qu'avec elle qu'Océane se sent bien.

Mais pas assez. Ça suffit plus.

Car Océane est bonne menteuse, et qu'elle sait sourire pour détourner l'attention du mascara qui noirci jusqu'à ses joues. Elle a même su se mentir à elle-même, pendant un moment. Elle pensait que Lena suffirait à la maintenir en vie. Elle y a cru, elle a voulu y croire. Doux leurre sucré sur sa peau mutilée. Et quand elle dit à Lena que ces marques sur sa peau sont juste un souvenir, comme un mauvais rêve vite oublié, elle la croit. Elle veut la croire, elle aussi.

Lena n'est pas conne, elle voit bien, parfois, la tristesse qui nage dans les beaux yeux de D'Océane.

Elle est juste incapable de voir à quel point cette tristesse nage dans tout son corps, dans chacun de ses gestes, dans chacun de ses rires, dans chacun de ses mots. Pas juste dans ses yeux.

Mais ça n'a plus d'importance. Bientôt, cette tristesse aura disparue. Elle se sera noyée, épuisée de nager.
Océane n'a pas peur. Elle s'en veut pour Lena, pour leur amour qui résonne si fort. Mais ses coupures résonnent plus fort encore.
Sa peine.
Son asthénie.
C'est drôle, asthénie, ça lui fait penser à anesthésie. C'est comme ça qu'elle se sent, parfois, trop lourde et épuisée pour encore ressentir quoi que ce soit.

, douleur et cigaretteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant