Chapitre 2 : Risques et périls

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- Sofìa ralentis tu vas nous faire tuer !

Je ne prêtais pas vraiment attention à Gabriela qui me braillait des conseils (plutôt des reproches, en fait) sur ma manière de conduire.

Ce n'était pas comme si on était à la poursuite d'un criminel recherché dans tout le pays.

En slalomant entre les voitures je sentais Gabriela s'agripper à son siège comme si elle allait s'envoler.

Quelque chose au fond de moi m'a faite culpabiliser de ressentir une sorte d'excitation à l'idée d'arrêter ce type.

Peut-être que c'était malsain mais j'ai préféré mettre ça sur le compte de la curiosité.

J'avais envie de voir son regard au moment où je l'arrêterai. Parce que je savais que je le ferai.

Pourtant, en même temps un affreux pressentiment me tordait les entrailles.

J'avais l'impression que cette affaire était bien plus profonde qu'elle n'y paraissait et que plus je chercherai à la déterrer, plus c'était moi qui risquais de finir sous terre.

Malgré l'adrénaline et la rapidité de la situation, j'avais pris le temps d'observer le monde autour de moi.

Il faisait bon et le soleil couchant projetait sa couleur orangée sur la ville.

C'était beau, on aurait dit que je voyais le monde à travers des lunettes de soleil.

La vie avait toujours l'air plus belle en été. 

Qui aurait cru que sous ce cadre paradisiaque se déroulaient les péchés les plus odieux.

Au coin d'une rue, deux jeunes enfants se battaient pour quelques bonbons.

Ils se ressemblaient beaucoup, peut-être qu'ils étaient frères.

Le plus jeune hurlait au plus grand de lui en donner et qu'il irait le rapporter à leur mère.

Il fronçait ses petits sourcils blonds et se tordait dans tous les sens pour tenter de lui arracher le paquet des mains.

Le plus grand a haussé les épaules en continuant de s'empiffrer avec l'indifférence la plus totale.

Ça m'avait faite sourire de les voir comme ça, si innocents, se chamaillant sans même savoir ce qui se tramait probablement en ce moment même à quelques rues d'ici.

Je me suis demandée si j'atteindrai ce niveau de paix un jour.

Peut-être fallait-il attendre la mort.

La délivrance ou le fardeau selon les personnes.

Moi, je voyais ça comme une étape nécessaire.

Quelque chose d'inévitable tout simplement, pas forcément bon, pas forcément mauvais.

J'avais grillé quelques feux rouges et roulé un peu au dessus de la limitation de vitesse autorisée mais on était arrivées à destination en quelques minutes seulement.

Avant même de claquer ma portière je voyais Miguel qui accourut en notre direction, il portait son gilet par balles habituel, et un masque à gaz.

VenganzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant