The Quarry - Dernière nuit au camp

Chapitre 6 - La chute

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Hangar à bateaux de Hackett's Quarry - Ryan
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La lueur de la pleine lune faisait scintiller la surface du lac de mille feux, comme si un ballet de lucioles se jouait sous les yeux des deux moniteurs encore perchés dans le poste d'observation. Ryan avait déjà eu l'occasion de voir le lac de nuit lors de ces quelques balades nocturnes, mais c'était la première fois à la pleine lune, et sous un ciel si dégagé, et, il fallait le dire, le paysage en était transformé. C'était magique.

Son ami -pouvait-il seulement le considérer ainsi- observait également le spectacle, silencieux.

- On pourrait... commença-t-il, tirant Dylan de sa contemplation. On pourrait peut-être retourner voir les autres ?
- Il faut toujours que tu aies le chic pour briser l'ambiance hein, répondit-il l'air taquin.

Ryan haussa les épaules, avant d'ouvrir la marche en direction de la porte, Dylan sur ses talons. Il était pressé de retourner au feu de camp, avec les autres. Non pas qu'il n'appréciait pas cette balade nocturne dans la forêt, loin de là, mais la présence de Dylan... chamboulait quelque chose. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas constater qu'il lui faisait du rentre dedans, et il aurait fallu être d'une très mauvaise foi pour dire que ça ne l'atteignait pas.

En même temps, Dylan avait sa façon à lui de flirter, un savant mélange d'humour et d'attentions portées, saupoudrée d'un peu de lourdeur, il fallait l'admettre. Mais bizarrement, ce n'était pas cette lourdeur qui le mettait mal à l'aise -elle avait même plutôt un côté drôle et attendrissant- , non, c'était surtout le fait que ça vienne comme ça, de nul part.

Pas un instant ils n'avaient trouvé le temps, ne serait-ce que d'apprendre à se connaître mutuellement durant l'été. Pourtant, pour une raison obscure, Dylan s'était mis en tête de le draguer, et ce depuis l'épisode où ils étaient partis recharger leurs portables dans le bureau de Chris, où celui-ci avait jugé bon de plaisanter sur le fait qu'il devait lui donner son numéro... deux fois... ce forceur.

- Ca fait un moment qu'on est parti, rétorqua Ryan sur le même ton. Ils vont commencer à se poser des questions.
- Ils auraient raison ? demanda-t-il d'une voix grave à mi chemin entre la malice et la curiosité.

Voilà, c'était exactement ce genre de flirt auquel Ryan pouvait se trouver sensible. Et c'était ce qu'il subissait depuis cet après-midi. Si en règle générale, il ne répondait pas à ses provocations -en même temps, que fallait-il répondre à cela?-, il ne pouvait pour autant pas s'empêcher de sourire.

Dylan ne sembla pas se formaliser de son absence de réponse, et eut l'air de se contenter de son rictus amusé.

Ils empruntèrent les escaliers de bois qu'ils commencèrent à descendre.

- Tu crois qu'ils ont at... putain !

Il tourna la tête en arrière, et eut à peine le temps de voir la jambe de Dylan glisser vers l'avant ainsi que le corps de son ami retomber lourdement sur les marches, et en dévaler quelques unes. C'était comme s'il voyait la scène au ralentit. Quand enfin, Dylan s'immobilisa sur la dernière marche de l'escalier, Ryan fut pris d'une irrépressible envie de rire. Il se mordit intérieurement la lèvre pour s'en empêcher et paraître le plus concerné possible.

- Merde, Dylan, ça va ?

Il le rejoignit quelques marches plus bas et s'accroupit à côté du jeune homme à terre. Dylan était raide comme un piquet sur sa marche, les deux mains plaquées au sol, comme s'il essayait d'éviter d'entrer en contact avec. Comme Dylan se contentait de bougonner sans lui répondre, il se dit qu'il fallait insister.