CONQUÉRIR LES TÉNÈBRES - Drarry (VF)

Chapitre 11 : La boucle d'oreille

C'était un dimanche après-midi calme à Londres. Des nuages blancs grisés flottaient doucement au-dessus de nos têtes accompagnés d'une douce brise qui bruissait les arbres à l'extérieur dans le monde mordu. Harry, ayant récemment acheté une tasse de thé au salon de thé du cinquième étage, s'assit dans la chaise familière située à côté du lit en acier inoxydable de Lupin.

L'homme mince et jaunâtre cligna des yeux alors qu'un sourire se dessinait lentement et précairement sur ses traits, luttant pour rester à flot parmi la douleur.

"Vous avez l'air d'aller mieux," mentit Harry, ce qu'il espérait être, un sourire rassurant. Il posa la tasse fumante sur la table de chevet et s'appuya contre le lit, cherchant la main froide de l'homme pour la tenir lâchement. 

C'était comme ça depuis deux jours maintenant : cette lutte constante pour rester joyeux ; cette bataille pour lui prouver - pour prouver à n'importe qui - qu'il croyait que Lupin pouvait surmonter ce sort. Mais, au plus profond de son coeur, il ne savait pas quoi croire, il ne savait pas ce qu'il devait croire. Lupin était mal, malade, mourant - toutes ces choses. Il n'y avait aucune idée de ce qui n'allait pas avec lui, et, dans les rêves torturés d'Harry, tout ce qu'il voyait était la foule de noirs alors qu'il était torturé en regardant un autre enterrement.

"Vraiment, Harry, tu es le pire menteur que j'ai jamais rencontré. Et étant donné que je connaissais James et Sirius, cela ne dit long," gloussa doucement le loup-garou pour lui-même, une sorte de rire fatigué et tendu.

Harry grimaça légèrement. Chaque fois qu'il entendait le nom de Sirius, il avait toujours froid comme si un détraquer était entré dans la pièce fermée. Cependant, il ne montra rien, il essaya de le cacher du mieux qu'il pouvait, pour le bien de Lupin autan que pour le sien. 

Prenant son thé de sa main libre, l'adolescent inquiet sirota doucement le liquide et ferma les yeux. Il avait été dans la chambre de Lupin jusqu'à trois heures du matin - au grand désarroi de l'infirmière - jusqu'à ce qu'il soit pratiquement ramené dans sa chambre au Chaudron Baveur. Les nuits de sommeil avaient été sans surprise agitées - se réveillant entre des rêves de sombres funérailles ; ou des images de Drago dégoulinant de sang. Ces rêves avaient possédés le corps d'Harry et l'avaient fait se réveiller, couvert de couches de sueur froide, empêtré dans ses draps.

"Tu n'est pas obligé d'être ici, tu sais," reprit Lupin, ses yeux dorés fatigués se fermaient maintenant, seules ses lèvres bougeaient. 

Harry ne répondit pas ; ses pensées étaient lointaines - un sol en marbre froid, un lit en acier inoxydable mis en valeur par des rayons de clair de lune argentés pénétrant par de grandes fenêtres ouvertes et le bruissement silencieux d'un tissu...

Fermant les yeux, Harry soupira plus fort qu'il ne le souhaitait. Il ne savait pas pourquoi il se sentait si anxieux - tout irait bien. Si ce n'était pas maintenant, alors plus tard, sinon alors, eh bien, un jour. Il ne laisserait pas son monde s'effondrer, même si à la fin il ne s'accrochait qu'à des pailles dans une obscurité qui s'estompait. Il ne se permettrait pas de perdre le contrôle. Il ne pouvait pas.

Il fut presque tiré de sa rêverie par le voix tendue de Remus qui avait commencé à babiller sans réfléchir. C'était comme ça par intermittence ces derniers jours. Parfois, Lupin semblait presque jovial, rejetant des bagues démodées à Harry qui riait poliment; D'autres fois, l'homme semblait déjà mort, sa poitrine se soulevant à peine - si légèrement que souvent Harry devait vérifier son pouls pour s'assurer que rien d'imprévu ne s'était produit. Et souvent, comme c'était le cas maintenant, il était appelé comme son père.

"Tu...," commença Remus en tremblant, attrapant la main d'Harry et la serrant aussi fort que sa force lui permettait, "Tu lui ressembles tellement que je ne peux pas dire si je suis déjà mort."