Le violon maudit

Chapitre 11

Chaque jour, il faut chasser le chevreuil ou le lapin, cueillir les baies comestibles grâce aux connaissances de Laura s'y connaissant plus qu'aucune ondine dans ce milieu, marcher à bonne allure, garder le cap, monter le camp. Chaque nuit, il faut monter la garde alternativement avec Laura, et dormir en essayant de ne pas trop penser, pour éviter de ressasser des idées qui n'aboutissent que rarement à quelque chose. Durant ce périple le soleil ou plutôt le violon sert à Mathurin de boussole. Le soir, il joue, pour la plus grande joie de Laura, un morceau qu'il apprécie. Ça lui rappelle ces journées à Botmeur avec sa troupe, jusqu'à ce que les lumières se confondent à celles du soleil. Les journées sont rythmées mais toujours différentes. Parfois, il faut traverser un ruisseau et marcher le reste de la journée avec des vêtements trempés. Les paysages, si proches soient-ils en forêts, ne sont jamais identiques, ni les rencontres... Ce jour-là, Mathurin ne saurait pas vraiment dire lequel, des créatures vautrées et laides croisent leur route. Laura attrape Mathurin par le bras et le tire derrière un buisson.
- Des gobelins. Surtout ne fait pas de... commence à bégayer Laura.
- DES GOBELINS ?! s'écrit Mathurin avant d'écouter la suite.
L'un d'entre eux au nez particulièrement volumineux eux tourne la tête et fait signe à ses compagnons de venir voir le buisson dans lequel sont cachés Mathurin et Laura. Deux gobelins s'approchent alors, Laura en fermant les yeux agrippe le bras de Mathurin si fort que la douleur remplace vite sa peur face aux créatures de couleur grisâtre. Celles-ci regardent dans le buisson mais ne voient qu'un hérisson tapi sur le humus. Ils se relèvent et donnent une tape à celui qui a cru entendre quelque chose d'interessant. Laura, toujours pétrifiée par la peur, n'a pas lâché Mathurin, et une fois les gobelins repartis, garde les yeux fermés jusqu'à ce que le jeune homme la secoue et lui explique qu'il n'y a plus de danger.