Prologue - La guerre

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Le serpent avançait lentement. La guerre étant gagnée, nul besoin y avait-il pour l'empressement. Le reptile savourait la victoire, il semblait flotter sur le sable sec qui s'étendait devant lui, frappé par le soleil cuisant de midi. Le serpent allait devoir se mettre à l'ombre sous peu pour ne pas surchauffer, mais pour le moment sa santé n'occupait qu'un coin très reculé de son esprit. Toute son attention était portée sur le triomphe. La jubilation coulait dans ses veines, emplissant la moindre de ses cellules. Il se dirigeait vers le nord, pour atteindre l'endroit où les négociations allaient avoir lieu. L'entièreté des animaux terrestres ne pouvait bien évidemment pas y assister, mais les chanceux qui se trouvaient assez près se ruaient tous vers le milieu du continent européen.

La couleuvre progressait en compagnie d'animaux diverses. Si l'ivresse de la victoire n'occupait pas chaque once de son corps, elle se laisserait peut-être tenter par un des rats qui trottinaient paisiblement de chaque côtés d'elle. Pourtant, en ce moment précis, la seule chose qui l'intéressait était de savoir que les animaux avaient vaincus les humains, que le règne malsain des hommes sur terre était révolu. Cette pensée avait bien meilleur goût qu'un maigre rongeur en sueur sous la chaleur du Soleil à son zénith. Plus le serpent approchait de sa destination, plus les animaux étaient nombreux et d'espèces variées. Grands prédateurs côtoyaient faibles proies avec harmonie et respect en ce moment de joie universelle. L'allégresse ne fit qu'augmenter quand, au loin, la colline sur laquelle les négociations allaient se dérouler se dessina. La couleuvre dû contourner trois ou quatre cadavres de rats, qui avaient étés tués par leur propre coeur, trop bouleversé par l'émotion pour pouvoir continuer à battre.

Soudain, devant elle, tous les animaux s'arrêtèrent d'un même mouvement. Des cris et des acclamations s'élevèrent de la foule. Ils étaient arrivés. Devant eux, un homme était agenouillé face à un ours immense. Les yeux de l'homme, d'un brun profond presque noir, étaient profondément cernés, ses mains étaient rouges de sang et d'ecchymoses. Il tremblait de tout son corps, brisé, meurtri, pathétique. Du sang épais et mouillé coulait abondamment de ses lèvres fendues. L'ours s'avança, marchant sur ses pattes postérieures, recouvrant de son imposante ombre l'homme. L'animal se pencha lentement pour que sa tête soit égale à celle de l'humain. L'ours parla.

«Humain, tu as perdu», dit la bête. L'homme pencha la tête un peu plus, fixant le sol.

«Toi et tes semblables ont tués mes arbres, massacrés jusqu'au dernier plusieurs espèces animales et végétales inoffensives pour des raisons plus qu'égoïstes. Votre règne toxique sur terre s'arrête maintenant, la surface de cette planète a assez souffert.»

L'homme trembla de plus belle.

«Que proposez vous? Que devraient faire les humains pour se racheter à vos nobles yeux?» demanda-t-il.

«Disparaître», répondit simplement l'ours. «Vous êtes incapable de gérer le pouvoir dont vous disposez, celui-ci vous sera donc enlevé. Vos technologies seront détruites, vos livres seront brûlés et toutes traces de votre existence seront effacées.»

«Disparaître?» s'écria l'homme. «Les animaux ont peut-être tués des milliards des miens mais nous sommes toujours des centaines de millions! Comment sommes nous sensé tous disparaître? En déménageant sur une autre planète?!»

L'ours plissa les yeux et s'avança davantage près de l'homme. Ce dernier pouvait à présent sentir l'haleine écoeurante de l'animal.

«Les humains devront vivre sous terre, comme des insectes. Pour toujours. Vous êtes encore très nombreux, soit, beaucoup trop pour tous vivre dans des souterrains. Pour cette raison et pour vous rendre moins dangereux, le nombre total d'humain sur terre ne devra plus jamais dépasser les deux millions. Ne t'en fais pas, les animaux s'occuperont de tuer une bonne partie d'entre vous. Après le massacre, vous serez sans doute encore très nombreux. Les humains de surplus seront donc congelés grâce à l'une de vos technologie, celle qui vous permet de congeler quelqu'un et de le réveiller par la suite, des années plus tard. De cette façon, des humains endormis pourront être réveillés à certaines intervalles d'années, pour que vous vous rappeliez toujours de la raison pour laquelle vous vivez sous terre. Cela empêchera les rébellions.»

«La cryogénisation?» demanda l'homme, confus. «Je croyais que toutes nos technologies allaient être détruites..»

«Des exceptions pourront être faites.»

L'homme était en colère. «Tout cela est bien beau! À ce que je vois, vous avez pensé à tout! Les hommes vivant sous terre, pas de technologie, des zombies du passé pour nous rappeler à quel point l'espèce humaine a faussé, brillant! Seulement, comment allons nous survivre sans eau pure, sans nourriture variée, sans lumière du soleil!?»

«Tu as raison, nous avons pensé à tout. Cinq humains, seulement cinq, auront le droit de sortir des terriers. Ces humains seront dispersés à travers les souterrains et auront pour mission de rapporter nourriture et eau aux autres humains. Pour ce qui est du soleil, je suis sûr que vous trouverez le moyen de vous adapter. Ces cinq humains légueront leur privilège à leurs enfants. Ce système sera parfaitement fonctionnel.»

L'homme, voyant que l'ours n'avait plus envie de discuter, acquiesça. Les humains avaient bel et bien perdus, cette fois.


-Note de l'auteure-

Si vous voyez que j'ai fais des fautes d'orthographe, de ponctuation, etc. Dites le moi dans les commentaires, s'il vous plaît. Autrement, merci beaucoup de lire mon historie, dites moi ce que vous en pensez! Je vais écrire les prochains chapitres aussi vite que je peux.

La nostalgie des bourgeonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant