Chapitre 2 - Feuilles magiques et lit de terre

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Michaël était aussi immobile qu'une statue de pierre. Il ne savait pas quoi faire, quoi dire. La question était simple, courte, facile. Pourtant ses pensées se bousculaient trop vite dans son esprit pour qu'il puisse former une réponse intelligible. "Montreuse"? "Jumelée"? Qu'est-ce que ça voulait dire? Il continua à fixer les yeux envoûtants de l'étrange inconnue pendant encore un moment, avant que celle-ci ne brise le silence encore un fois.

«- As-tu compris ma question?» Demanda-t-elle, en s'approchant.

«- Est-ce que tu as encore mal?»

Cette fois, Michaël fit l'effort de répondre immédiatement.

«- Quoi? Oh! Eh, je n'ai pas mal, mais mes bras et mes jambes sont engourdies.»

La femme s'approcha davantage. Elle saisit le bras gauche de Michaël avec ses petites mains. L'homme fut surprit de la chaleur qui émanait de sa peau, il s'était attendu à des mains très froides. Elle fit passer l'un de ses délicats index sur toute la longueur du bras de Michaël, qui frémit au touché.

«- Il est normal que tu ressente une sensation d'engourdissement dans les régions de ton corps en contact avec les feuilles magiques, les liquides qu'elles sécrètent on souvent cet effet, la première fois,» expliqua-t-elle.

Michaël plissa les yeux.

«- Les "feuille magiques"?» Demanda-t-il, amusé.

«- Oui», répondit l'inconnue, sur le même ton neutre et froid qu'elle employait depuis le début de leur échange. «Ces feuilles peuvent guérir de profondes coupures et prévenir l'infection. Elles sont magiques.»

«- Ce n'est pas de la magie, c'est de la science.» Rétorqua Michaël.

Les yeux de la femme s'ouvrirent davantage, accentuant sa ressemblance avec une chouette. Elle sembla perdre un peu de sa bonne contenance.

«- Il est interdit de pratiquer, de parler, ou de penser à la science au sein du terrier. Tu devras t'en rappeler, car contourner cette règle est un crime très grave.» Elle regagna vite le calme qu'elle avait à peine perdu. «Si tu crois te sentir assez bien, nous allons maintenant nous déplacer vers le secteur résidentiel, afin que je t'assigne une chambre. Le déplacement devra se faire en silence, puisque la vaste majorité de la population du terrier est entrain de dormir pour la nuit.»

Michaël ferma les yeux un moment, il se concentra pour sentir chaque membre de son corps, à la recherche d'une douleur quelconque. Il en vint à la conclusion qu'il ne ressentait qu'un léger inconfort, mais rien d'insurmontable.

«- D'accord,» dit-il. «On peut y aller.»

À ces mots, la montreuse se retourna d'un bond et disparue rapidement de la pièce, Michaël n'avait jamais vu quelqu'un ramper aussi vite. Ce n'était pas si étonnant, pensa-t-il, que quelqu'un ayant vécu toute sa vie dans des terriers ait autant de facilité à ramper. L'homme sortit de la pièce à son tour, se laissant guider dans l'obscurité par la mince flamme qui jaillissait de la branche que la montreuse tenait toujours dans l'une de ses mains. Michaël fit de son mieux pour suivre la femme, mais le sol froid lui faisait mal aux mains et il avait de la difficulté à avancer, de sorte que la montreuse devait régulièrement s'arrêter pour l'attendre tellement il prenait du retard. Cela ne semblait toutefois pas trop la déranger, comme si elle avait prévue la lenteur de l'homme dans son horaire.

Après environ une demi-heure d'ardu et silencieux déplacement au travers des étroits sentiers de terres qui reliaient les différentes pièces du terrier, la montreuse s'arrêta. Au dessus de l'épaule de la femme, Michaël pouvait apercevoir une gigantesque pièce, ou plutôt un énorme trou sans fond, avec de plus petit trou creusés sur ses parois. En observant plus attentivement les petits trous, il compris qu'ils étaient probablement les chambres que la montreuse avait mentionnée plus tôt, puisqu'il pouvait voir des gens qui y dormait. La femme se retourna et lui adressa enfin la parole.

«- Bienvenue au secteur résidentiel du terrier. Il s'agit d'un trou de forme cylindrique, le trou le plus profond du terrier. Il commence à quelque mètres de la surface seulement et les ouvriers continuent encore de creuser le fond, pour établir de nouvelles chambres. Les chambre sont désignées en fonction des rôles exercés par chacun dans la société. Les chambres en hauteur sont pour les chefs, puis c'est les professeurs, ensuite c'est la section réservée aux rechanges, en dessous de celle-ci c'est celle des montreurs puis enfin, les ouvriers occupent les chambres tout au fond du secteur résidentiel», expliqua la montreuse en chuchotant. Elle semblait épuisée et prête à aller dormir elle aussi.

«- Viens, je vais te montrer ta chambre ainsi que la mienne, pour que tu sache où me trouver si quelque chose ne va pas.»

Michaël suivit la femme sans discuter, il avait hâte de pouvoir dormir, lui aussi. Apparemment, dormir durant des milliers d'années dans un congélateur n'avait fait que l'éreinter davantage. Pour accéder aux chambres, ils devaient marcher sur des petites passerelles de pierre et de terre qui avaient fort probablement été creusées dans les parois en même temps que les chambres. Michaël aurait aimé marcher debout, mais la passerelle était trop étroite pour le lui permettre. Il dû donc continuer à ramper, comme le faisait la montreuse. Il se rendit compte à ce moment qu'il ne savait même pas le nom de l'inconnue aux yeux turquoises. Quelle impolitesse de ne pas le lui avoir demandé plus tôt, pensa-t-il.

«- Hum, excusez moi», commença-t-il, en prenant bien soin de chuchoter. «Quel est votre nom?»

La femme s'arrêta pour un bref moment, et tourna sa pâle tête avant de fixer de ses grands yeux fatigués Michaël.

«- Je suis une montreuse, les gens de ma classe n'ont pas de nom. Mon titre complet est "montreuse 154". Des rechanges précédents m'ont appelés "154", d'autres m'appelaient "montreuse". À toi de choisir, je suppose.»

À ces mots, une multitude de questions se manifestèrent dans l'esprit de Michaël. Comme si elle avait lu dans ses pensée, la montreuse lui fit signe de se taire.

«- Je ne répondrai pas à d'autres questions avant demain. Voici ma chambre, la tienne est deux étages au dessus, viens.»

Ce changement de sujet aussi soudain pris Michaël au dépourvu. Il balbutia quelques mots avant de suivre la montreuse. Ils s'arrêtèrent à nouveau en face d'une petite pièce que Michaël devina être sa chambre. Lui et 154 échangèrent des 'bonne nuit' et des 'à demain', puis la montreuse le quitta pour regagner sa chambre. Il faufila sa tête dans le trou qui menait à sa chambre afin d'évaluer celle-ci un moment. Elle ne disposait que d'une espèce de lit fait de pierre, et dont de la terre molle et des feuilles faisaient office de matelas. Michaël fit rentrer le reste de son corps au travers du trou et marcha à quatre pattes jusqu'à son lit. Il s'endormit plus rapidement que jamais.

Des énormes yeux d'un bleu perçant hantait ses rêves.

-Note de l'auteure-

Après 2 mois, le deuxième chapitre!! J'ai eu un manque d'inspiration énorme, je m'en excuse. Cela ne devrait plus arriver dans le futur. Si vous voyez des fautes d'orthographe, merci de m'en informer!

Merci mille fois de lire mon histoire
xox

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 06, 2015 ⏰

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