2- Il Capo.

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GRAYSON

8 ans plutôt -

Les mains tremblantes, je lâchais cette arme. Paralysé devant ce corps mort, je l'était. Le sol n'avait plus cette couleur blanchâtre, non il s'était rougi de son sang.

J'ai tuer quelqu'un.

J'observais ses yeux grands ouverts. Sa tête se balançait vers l'arrière. Elle était toujours posée sur ce lit, mais je n'avais pas osé la touchée. Je ne le voulais plus. Alors, j'avais tirer. Mon cœur battait à mille à l'heure; je me retournais difficilement. Ce que je vis dans le reflet du miroir me donnait la chaire de poule. Un gamin avec des éclaboussures de sang sur le visage. En une fraction de seconde, j'étais devenu quelqu'un d'autre.

Parfois, gouverner par la peur, on peut s'acquitter de nos pires démons enfouis et devenir pire qu'eux, juste pour se protéger.

C'est ce que j'ai fais.

Je n'avais pas réfléchi. Je n'avais pas pensé à l'impact que tuer quelqu'un pouvait avoir sur notre propre âme. Je n'avais pas encore compris à quel point, plus on se laissait tirer vers le bas, et plus notre cœur pourrissait. Jusqu'à ne plus briller.

Qui pour rallumer une lune si ce n'est le soleil ?

Je hoquetais de frayeur. La porte venait de s'ouvrir. Mon regard virait de cette odieuse femme à cette vipère dont la vie ne paraissait plus, écouler sur ce matelas ensanglanté.

— Grayson...Grayson.

Oh, comme je déteste sa voix.

— Je savais bien que tu allais finir par succéder.

Je te déteste.

Succéder ou bien tomber ?

Tout dépend du point de vue et du moment où l'on se rend compte d'à quel point nous sommes perdus.

Si ce n'est assez tôt, il vaut mieux accepter le fait que plus jamais notre âme ne sera blanche.

Je virais mes yeux dans les siens, haineux. Je ne me reconnaissais peut-être plus, mais je m'en fichais. Au final, c'était certainement pour le mieux. Afin de survire dans ce monde, il fallait parfois abandonner ce qui faisait de nous un « nous ». Alors, j'avais tirer une seconde fois entre ses deux yeux. Puis une troisième dans son ventre. Je voulais que ce corps mort disparaisse. Je ne voulais plus le voir. Je voulais qu'il subisse, tout, tout ce que je ressentais. Et à l'heure actuelle, je n'éprouvais rien d'autre que de la rage. Huit ans plus tard, je me voyais tirer sur cet homme. Je n'avais plus les mêmes appréhensions. Désormais, tuer était devenu mon quotidien. J'avais bien intérêt à m'y faire, et je m'y étais fais.

Pas le choix.

— Mouchoir, commandais-je mes hommes, la voix dure.

L'un d'eux se précipitait vers moi afin de m'apporter un mouchoir en tissus. Je ne pris même pas la peine de le regarder que je lui arrachais cet objet des mains. M'essuyant rapidement les mains gouvernées de rouges. Je grimaçais, le sang avait séché et ça avait le don de me dégoûter. Je détestais par dessus tout le fait d'être sale.

COLTELLO : TOME I  (16+)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant