Je me rendais en vacances dans la maison de ma grand-mère. Elle habitait dans un coin tranquille en banlieue d'une ville relativement calme. La pauvre était veuve et souffrait de troubles de la mémoire, ce qui ne l'avait pas empêché de nous inviter. A travers la fenêtre de la voiture, je pouvais contempler les paysages qui défilaient, passant de la grande et ancienne demeure à la petite maison moderne qui, dans les deux cas, étaient entourés de grands jardins dont on pouvait à peine distinguer le fond.
Plongé dans mes pensées, je ne m'aperçus pas que la voiture se trouvait en face du grand portail métallique. Au moment où mes parents arrêtaient la voiture, je me précipitai hors de la voiture courant m'accrocher au bras de ma grand-mère. Cette dernière me rendit mon étreinte tout sourire elle me demanda :
"Comment-tu vas Victor ?
-Henri !!! Tu ne veux pas nous aider ! m'appela ma mère
-Vas-y vite avant de te faire punir, chuchota ma grand-mère
Je me précipitai donc pour finir le travail, essayant d'ignorer le regard perçant de mes parents. Puis, j'allai me préparer pour partir, par la fenêtre de la salle de bain, on pouvait apercevoir la rue, éclairée par les rayons du crépuscule.
Une fois prêt, je sortis de la salle de bain où je m'étais préparé pour laisser la place à mes parents. Dans le couloir, je croisai mon cousin Billy et ma cousine Jane.
Ignorant leurs appels, je m'éloignai, brusquement et rejoignis rapidement mes parents dans la cuisine, où ils discutaient avec ma grand-mère.
-Tu t'es préparé, me demanda mon père, on y va
On sortit, non sans attendre ma grand-mère qui passait un coup de fil. En l'attendant, j'allai voir dans la rue. Alors que je respirais l'ai frais, une tâche blanche attira soudainement mon regard. Je m'approchai pour mieux voir, et vit, faiblement éclairé par les lampadaires, un avis de recherche concernant la disparition d'un jeune homme de vingt-six ans appelé Will. Au-dessous de son nom, on pouvait lire en gros et en gras :
"VU DANS CETTE VILLE POUR LA DERNIÈRE FOIS"
-Henri, tu viens ? On va partir ! appela ma mère
-J'arrive, répondis-je
Lorsque l'on arriva chez le voisin, ce dernier nous accueillit royalement. J'avais toujours éprouvé de la sympathie à l'égard de cet homme.
-Bonjour les enfants, j'espère que vous allez apprécier cette soirée, j'ai consacré beaucoup de temps et d'efforts à son organisation.
-D'accord monsieur Brenner.
-Profitez ! C'est la fête ! Ajouta-t-il avant de disparaître dans la foule.
Ses fêtes étaient en général très appréciées et profitaient à tout le quartier. Si bien que sa maison se transformait en boîte de nuit pour quelques heures. Après avoir bu et joué à de nombreux jeux avec mes cousins, mon cousin Billy voulu aller aux toilettes. Sachant que la maison était gigantesque, le risque de se perdre était considérable. Nous l'attendions, Jane et moi depuis déjà une demi-heure, quand nos parents nous appelèrent pour manger. Curieusement, Billy n'était toujours pas revenu, tout d'un coup je fus pris de panique, et je voulus partir à sa recherche quand le voisin arriva, avec un beau morceau de viande cuite sur notre table, située au milieu du jardin.
-J'espère que vous aimez le rôti de porc, il y en a énormément, jubila monsieur Brenner.
-Enormément, répondis-je
-Moi aussi, ajouta Jane
-Tant mieux, je vous laisse apprécier dans ce cas, et excusez-moi pour le retard, la viande a mis du temps à se présenter et je crains que cette pièce ne soit trop petite pour tous les invités, j'irai en chercher à l'occasion.
Et sur ce, notre voisin partit rejoindre les autres invités, Nous laissant ma cousine et moi devant notre repas, qu'on commença rapidement à manger. Si Billy avait faim, il arriverait très vite.
Mais à la fin du repas toujours personne... De plus en plus inquiet, je décidai de partir à sa recherche. Faisant comme si j'allais aux toilettes, je partis discrètement et entrai dans la maison, laissant ma cousine à notre table.
Lentement, je passai aux toilettes pour voir si Billy y était toujours... ce qui n'était pas le cas. Je me mis donc à passer en revue toutes les pièces de la maison : la cuisine, le salon, la salle à manger, la salle de bain, la buanderie... Mon cousin n'était dans aucune de ces pièces. L'idée saugrenue me vint donc de vérifier au sous-sol. Par chance, la porte n'était pas verrouillée, je commençai donc à descendre les marches d'un pas précipité. Arrivé en bas, je ne tombai que sur une pièce déserte, où régnait un silence de mort. Je m'apprêtais à remonter quand une petite porte située dans le fond de la pièce attira mon attention. Jusque-là, les néons blanchâtres m'empêchaient de la voir distinctement, mais maintenant, je distinguais une porte de bois sombre qui, par chance, était entrouverte. La volonté de retrouver mon cousin était si forte que je franchis la porte d''un pas décidé. Malheureusement, une clochette retentit, comme celles présentes dans les cafés. Je me retrouvai alors dans une pièce sombre, où je reconnaissais une odeur de viande avariée. Après une longue recherche, je trouvai l'interrupteur et l'enclenchai. Une lumière identique à celle du sous-sol m'éblouit soudain, me montrant l'endroit dans lequel je me trouvais. Je voyais une sorte de garde-manger, où s'alignaient de nombreux réfrigérateur. Piquée par la curiosité, je décidai d'en ouvrir un.
On y voyait des pièces de viandes magnifiquement bien découpées. Sans doute était-ce l'endroit dans lequel monsieur Brenner stockait sa viande. Je m'approchai d'un autre frigo, les réfrigérateurs étaient si nombreux que c'en était impressionnant. Un des réfrigérateurs attira cependant mon attention. On voyait des tâches rouges sur la porte. Je m'approchais, avec un très mauvais pressentiment de la machine, et l'ouvrit rapidement...
Je découvris avec horreur la tête de mon cousin, une expression de terreur sur le visage de Billy. Je ne fis donc pas attention au pas qui se dirigeaient vers moi rapidement. Avec horreur, je vis la silhouette de mon voisin dans l'embrasure de la porte.
-Tu as aimé la viande ? demanda-t-il d'un ton sarcastique.
Figé, je ne pouvais pas l'empêcher de s'approcher de moi, un hachoir à la main, je pouvais maintenant distinguer son sourire narquois et ses yeux brillants de gourmandise. Il ajouta alors :
-J'ai un tout nouveau rôle pour toi dorénavant...
Ses mots furent interrompus par des pas hésitants qui se dirigeaient vers l'endroit où nous nous trouvions, moi et mon bourreau. Avec soulagement, je vis apparaître la silhouette voutée de ma grand-mère.
-Mamie, sauve-moi ! Il veut me tuer et me donner aux invités pour...
-...Te manger, finit-elle
-Sauve-moi s'il-te-plaît !
Avec horreur, je vis ma grand-mère se redresser et jeter sa canne par terre, enlever ses lunettes à monture rose, et enfin sa perruque... pour voir un homme...
-Tu feras un bon repas, ricana l'individu.