La lumière du soleil levant entra doucement dans la chambre de Bob. Ce dernier, les yeux ouverts, hésitait entre se lever et s'occuper de ses animaux, ou rester encore une demi-heure, allongé en pensant à sa misère.
Il repensait encore au cauchemar de la nuit précédente et revoyait sans cesse sa femme Karen s'éteindre, perdue entre les draps blancs de l'hôpital.
En effet, foudroyée par un cancer il y a six mois, Bob avait dû reconstruire sa vie, en se voyant forcé d'ignorer ses larmes, pourtant comparables aux chutes du Niagara. Le pauvre n'était hélas rien d'autre qu'un fermier de plus de soixante-dix ans. Il était loin, le temps où il pouvait encore gambader dans la forêt entourant la ferme au milieu des montagnes...
Ne pouvant plus faire face à ses souvenirs, il se leva de son lit et sortit de sa chambre, accompagné de son chien.
"Alors tu as bien gardé la maison cette nuit, Dart", lui demanda-t-il d'une voix enrouée.
Pour toute réponse, son chien lui lécha la main de sa langue râpeuse.
Dart avait été son seul véritable ami de confiance après la perte douloureuse de sa femme. Ne se sentant pas capable de vivre seul, il avait adopté ce chien trois mois plus tôt. Ce dernier avait connu bien des mésaventures à cause du mauvais traitement que son ancien maître lui faisait subir. Pourtant d'une taille colossale, l'animal restait traumatisé à la vue des bâtons...
Bob donna les restes de nourritures de la veille à son chien et se prépara un café qu'il sirota dehors en regardant le paysage. Non... rien n'avait changé depuis sa tendre enfance... Sauf une chose, il était bel et bien seul... désormais...
Lorsqu'il eut fini de boire. Il retourna dans sa maison et se couvrit car même si le soleil était présent, le froid glacial, lui, se faisait sentir.
A partir de ce moment le rythme de la journée s'accéléra. Traire les vaches, ramasser les œufs du poulailler, nettoyer l'écurie et les clapiers. Le fermier songeait avec envie à Dart qui était resté se reposer dans la maison, afin de garder la maison la nuit venue.
Le soir arriva au moment où il nourrissait les porcs. Ce qui le motiva à terminer sa tâche. Il n'en pouvait plus de ce rythme, il avait besoin de repos lui-aussi.
Bob prépara sa soupe avec les légumes qu'il avait ramassé quelques heures plus tôt, l'engloutit à toute vitesse, fit la vaisselle et monta se coucher en baillant. Dès que son chien entendit le signal du vieux fermier depuis son panier, il se mit sur son séant puis fonça dehors.
En le regardant s'éloigner, Bob entra dans sa chambre se mit au lit, et éteignit sa lampe de chevet. Il ne mit pas longtemps à s'endormir tant il demeurait fatigué de sa journée.
Plus tard dans la nuit des aboiements se firent entendre. Bob, qui était habitué à entendre son chien, ne s'affola pas. Cependant, environ deux heures plus tard, il entendit des hurlements de douleurs. Ces hurlements encouragèrent Bob à aller voir dehors, il sauta par conséquent du lit et couru dehors, une lampe de poche à la main. Il vit alors horrifié son chien, en sang foncer sur lui, l'air apeuré.
Affolé, Bob rentra rapidement chez lui avec son chien et ferma toutes les portes et les fenêtres. Après s'être assuré qu'aucun individu ne puisse entrer dans sa maison. Il rentra dans sa chambre et se mit sous ses draps. Son chien, en face de lui, continuait à regarder par la fenêtre, éclairé par la lueur fantomatique de la lune.
Bob ne se rendormit pas de la nuit. Il ne pouvait ignorer les hurlements qui résonnaient encore dans ses oreilles. Dart au bout d'une heure, était monté sur son lit et s'était mis en boule. Il devait sûrement chercher l'amour et le réconfort de son maître...