L'année

I. Septembre

"Une personne intéressante pour moi, c'est quelqu'un qui est bien fière de sa vie apparement anormale et est capable de transformer son désavantage en une carrière!"

John Waters

Prisonnier d'un passé au futur incertain!

6 Septembre, c'est la rentrée, la reprise des cours après trois longs mois de vacance interminable, nombreux sont ceux qui souhaitaient la venue de ce jour. Edouard Ekime en faisait partie, à être trop enfermé dans ce tourbillon qu'est la routine, il commençait à en avoir mare. Après tout qui ne l'aurait pas ? Se lever tous les matins, pendant trois mois, accomplissant les mêmes actes, chaque jour. N'est-ce pas là la nature humaine ? à toujours
demander plus, changer à chaque instant de rêve ou d'objectif? et encore, ils s'effacent au moment même où on arrive à les atteindre. On a tous en nous un besoin de fuite, on ne le démontre pratiquement jamais bien sûr, mais au plus profond de notre être on a tous ce dégout de la vie parfaite, de la ligne droite qu'il faut tous qu'on suive. Quitter son cycle, ne serait-ce pour un moment, partir loin en oubliant tout, n'est-ce pas là le désir secret profondément enterré dans chaque homme ? Qui s'atteint partiellement tous les jours quand on décide enfin de poser la tête sur l'oreiller en espérant que tout ira bien au réveille ce qui, ironiquement, se passe en l'instant de quelque seconde pour vite se faire attraper par la violente réalité de la vie.

Dans son petit sommeil d'avant réveil, ce petit instant hybride où se rencontre le rêve et la
pensée, où l'on croirait avoir un quelconque contrôle sur ce dernier. Il pensait a la rentrée, à son
ami Théodore Bellish qu'il n'avait pas revu depuis une éternité et dont il oubliait toujours le
numéro, drôle d'amitié d'ailleurs; oui silence radio depuis trois mois alors qu'ils sont inséparables à l'école, je ne pourrais jamais confirmer si c'était le mécanisme animal de l'enfance, ou qu'ils n'étaient pas vraiment amis ou qu'Ed n'avait pas encore de téléphone, parce que je ne sais pas c'est peut être ces trois raisons ou l'une d'elles va savoir, mais ce que je peux dire en revanche c'est qu'il comptait beaucoup pour Ed. Depuis d'ailleurs le premier jour de leur rentrée au secondaire il y a quatre ans, a la première vue de Theo, une silhouette svelte arrivant
quelque minute en retard, essoufflé peut être par l'effort de monter en courant les interminables
escaliers jusqu'au dernier étage du batiment de l'école, qui avait une organisation décroissante
des classes, un fait incompréhensible jusqu'au jour pour les élèves du dernier étage qui vont
miraculeusement finir par comprendre, justifier ou remercier le ciel qu'ils n' ont plus a faire tout
ce travail maintenant dans leur dernière année au premier étage ; des va et vient du regard entre le professeur de grammaire, le sol et les élèves au font de la classe en attendant la permission pour rentrer,
qu'il finit par obtenir accompagné d'un visage dérangé du prof suite à  l'interruption en plein monologue de la rentrée sur comment c'est un monde différent maintenant qu'on est en secondaire des bla bla bla qui tuaient déjà d'ennui a peine dix minutes depuis le commencement de son cours; évidemment personne n'allait se souvenir d'un mot a la sortie même de cette classe donc cette interruption était un gilet de sauvetage que tout le monde voulait mais ne se rendait pas compte jusqu'au moment ou tous les yeux étaient fixés sans broncher sur Theo arrêté, l'air gêné, à l'entrée ; il
essaie de se faufiler entre les bancs, les yeux fixés au sol jusqu'à s'assoir seul dans la dernière rangée; réservé, solitaire qui ne pouvait regarder personne pour plus d'une seconde dans son coin de l'autre côté de la classe, Ed savait qu'ils allaient devenir de grand ami, c'est ce sentiment étrange qu'on ressent en voyant quelqu' un pour la première fois et qu'on sache tout de suite que cette personne va faire partie de notre vie sans même avoir engagé une conversation ni une idée de quel genre de personne ça va être mais on le sait juste au plus profond, pour
après, ironiquement, être réuni par le destin. Serait-ce une capture d'onde cérébral envoyée d'un
futur toi vers le toi de ton passer conséquence d'une distorsion créée par le grand impact de cette relation future ou c'est juste le résultat d'une manifestation d'un désir? Je ne saurais le dire mais ils sont devenus finalement de grand ami avec toujours un sujet différent à discuter sans jamais s'ennuyer une minute en la présence de l'un l'autre.