Vickie
Un an plus tard
Le froid. C'est la première sensation que je ressens, au moment où je me réveille. Puis la conscience d'un mal de crâne ignoble, qui me vrille les tympans et me noie dans un brouillard dense, annihilant me sens, troublant mes neurones, perturbant mon équilibre.
Je porte ma main à ma tête, trouvant l'énorme bosse qui en orne l'arrière. De la taille d'un œuf de pigeon, elle laisse sur mes doigts des traces de sang foncé, à moitié séché, me faisant froncer les sourcils. Merde, le coup a été violent !
Je réprime un frisson, m'entourant de mes propres bras dans un vain effort de me réchauffer. Mais ça ne sert à rien : la température est si basse que je peux sentir mon souffle chaud sur mes doigts gourds, et imaginer la buée qui s'exfiltre de mes lèvres gercées.
J'ai beau avoir les yeux ouverts, je ne distingue quasiment rien autour de moi. C'est tellement sombre que mes mains partent à tâtons, avant de se figer en rencontrant du métal. Des barreaux. Affolée, je pose mes phalanges un peu partout, pour me rendre compte qu'ils m'entourent. Partout. Et quand mon crâne rencontre violemment un plafond à peine à quelques centimètres au-dessus de ma tête, je ne sais sur l'instant, si c'est le choc physique ou la conscience de l'existence d'une cage qui me fait hoqueter.
Recroquevillée dans une cage, voilà où j'en suis. Et cette constatation fait pulser mon cœur dans ma cage thoracique à un rythme si effréné que je redoute, un instant, qu'il ne s'arrête dans la minute.
Est-ce que ce serait pire, au final, de mourir sur place ? Ma situation désespérée manque de me faire m'évanouir.
J'ai beau chercher dans mon esprit, les dernières images qui me reviennent en souvenir sont celles de mon laboratoire. C'était hier, je crois. Difficile à dire, finalement, vu que tous mes repères m'ont été enlevés. Je pourrais bien être restée inconsciente pendant des heures ou des jours sans le savoir, en fin de compte.
Je me redresse du mieux que je peux, en essayant de mobiliser ma mémoire. J'étais seule ? Oui. Il était vingt heures passées, mais je voulais terminer les derniers détails sur le séquençage génétique que mon patron m'avait demandé de faire. Je me revois, mon électrophorèse en main, et... trou noir.
Une immense douleur, ça je m'en rappelle. Là, à l'endroit exact de ma bosse. Mais le reste, c'est le néant absolu.
Je parviens à m'assoir en tailleur, mais tout juste. Pour une fois, ma grande taille me handicape plus qu'elle ne m'aide, et j'ai le haut du crâne en contact direct avec le plafond bas. Et là, je m'immobilise, les sens en alerte. Les oreilles aux aguets, je cligne des yeux plusieurs fois, espérant faire le focus sur le peu de luminosité, mais dois me rendre à l'évidence : je ne vais pas pouvoir compter sur ma vue.
Prenant une grande inspiration, je ferme les paupières, même si je sais que ça ne sert à rien, et j'écoute. A première vue, le silence, prégnant, dérangeant, étrangement poignant, presque effrayant. Puis, vers la gauche, un bruit d'eau, comme une goutte de condensation qui tomberait à intervalles réguliers du plafond ; vu la température ambiante, glaciale, et l'humidité qui suinte jusque sur ma peau, ce ne serait pas étonnant.
J'abandonne là le son, pour me concentrer sur le reste. Le grincement d'une porte métallique, peut-être, mais très loin. Rien d'autre, je crois. Ou... ? Tout à coup, je capte autre chose. Un son binaire lent et régulier, comme un... souffle. Une respiration ? Je coupe la mienne, tout net, pour vérifier, mais elle est toujours là.
Je ne suis pas seule.
Je me raidis, effrayée que mon ou mes ravisseurs soient là, avec moi, dans cette pièce dont je ne sais évaluer la taille. Est-ce qu'ils m'observent ? Non, c'est ridicule, à moins d'être nyctalope. Mais personne ne l'est, hein ? Ma question rhétorique me ferait presque ricaner si je n'avais pas plus urgent à parer.
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Les Guerriers de Landivar tome 1 : Le Prince [ sous contrat d'édition Hachette ]
RomancePeut-on lutter contre l'amour, quand l'Univers s'en mêle ? Pour Viktoria, généticienne, rien n'est plus important que son métier. Alors, quand elle se réveille enfermée dans une cage, en compagnie d'un autre détenu, plus rien n'a de sens. C'est forc...