Une Balle pour deux, Giorgia.

Prologue

Des sueurs froides submergeaient tout mon corps. Mes mains moites glissaient sur mon arme, si lourde de conséquences, et pointée sur le front de celle à qui j'avais tout promis. Je resserrai ma prise et plaquai le canon sur son front. Elle, elle ne le fit pas. Deux longs centimètres me séparaient encore de cette mort inévitable alors qu'elle, elle l'avait là, collée à son front, touchant son âme perdue dans le chaos.

Nous le savions toutes deux très bien, cette situation n'avait qu'une seule et unique issue : la mort. Que ce soit la mienne ou la sienne ce serait pareil. J'aimerais pouvoir lui promettre que l'on se retrouvera dans l'autre monde, mais je n'y crois plus. La deuxième chose en laquelle je croyais le plus et dont j'étais la plus certaine c'était Dieu. Ma foi avait, autrefois, été inébranlable. Mais ce soir, tout cela s'écroulait, en même temps que la première chose dont j'étais le plus sûre : elle et moi. Crois-moi, j'en étais toujours aussi sûre. Seulement, je pensais que cela me ferait vivre, et pas mourir.

Je n'arrivais plus à me retenir. Des larmes froides dévalèrent mes joues en silence, malgré la dure promesse que j'avais si lourdement tenue jusqu'à maintenant. Je préférais mourir plutôt que d'avoir à faire cela. Mais, malheureusement, il n'était plus question de moi.

Je le voyais dans sa pupille, étrangement dilatée, c'était à moi de le faire. Je devais endurer la souffrance que sera d'assassiner une partie de moi-même. Que ce soit elle ou moi qui tire, dans les deux cas, nous mourrons toutes les deux.

Ce soir, je préfèrerais qu'elle me tue des ses propres mains. Ce fantasme peut paraître généreux, mais en réalité, ce n'est qu'une égoïste folie. Egoïste, voilà tout ce que je suis et tout ce que j'ai toujours été. Car celle qui restera, sera la plus à plaindre tandis que celle qui mourra, goûtera au réconfort du néant, paisible et sécurisant. Un luxe que je voudrais pouvoir m'offrir, un luxe que je n'aurais pas.