Chapitre 7

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Demain est un autre jour,

ou la continuité du précédent.


Je n'accepte pas la défaite, je suis bien plus forte que ça. Dans un Colisée, j'aurais foutu une raclée à n'importe quel gladiateur, et à mains nues en plus, voire même avec une main dans le dos. Ça c'est mon mental. Quand je me regarde dans le miroir, par contre, j'ai l'impression de voir le chat potté1 avec ses yeux larmoyants. J'ai peu dormi aussi j'abuse abondement de crème hydratante et de fond de teint afin de masquer les dégâts. Habillée, Noëlla déposée chez Fabienne, je fonce à 40 kilomètres heures, au mépris des limites de vitesse, affronter mon futur.

Quand j'entre dans mon bureau, mon ennemi juré m'attend, bien installé. Je le regarde avec haine avant de me détourner et de poser manteau et sac sur mon porte-manteau.

« Qu'est-ce que tu fiches ici, toi ? Tu trouves que tu ne m'as pas assez pourri la vie comme ça ? »

Je le fixe du regard le plus noir dont je suis capable, mais il ne me répond pas.

Putain de tapis !

Je m'approche pour le dégager avec le bout pointu de mes escarpins, mais il ne bouge pas. Je me penche et, l'empoignant, je m'aperçois qu'il a été scotché au sol. Une délicate attention de quelqu'un qui m'a déjà vu m'étaler en me prenant les pieds dedans et me mettre en colère hier.

Claude.

Bien décidée à tourner la page de ma journée désastreuse d'hier, je me suis arrêtée prendre différentes douceurs pour le petit déjeuner sur la route et c'est le cœur léger et fière de moi que je me dirige vers la salle des employés.

Dans les bureaux, les couloirs, je remarque aussitôt que tout le monde a l'air détendu, pourtant nous ne sommes pas encore vendredi. Les discussions décontractées, les éclats de rire ne peuvent signifier qu'une chose. Il n'y a pas de boss dans les bureaux. Je dépose chocolatines et croissants dans un plat, et j'interpelle Martin en train de préparer du café.

« Salut ! Tu peux me dire pourquoi tout le monde a l'air détendu ce matin ?

— Bonjour Ella. Tu ne lis pas tes courriels ? Tobbins et Robert sont absents ce matin. Réunion en extérieur et déjeuner d'affaires. Nous avons reçu l'information à six heures ce matin.

— Ah bon ? J'attrape mon téléphone dans la poche de ma jupe et l'allume pour pouvoir me connecter à mes boîtes personnelles et professionnelles. Je sais, je pourrais simplement couper la sonnerie, mais je serais tenté de vérifier si je n'ai pas des messages, aussi, dès que je rentre chez moi, j'éteins mon téléphone tout simplement. C'est libérateur.

« Ils disent c'est à propos de quoi ?

— Non, rien du tout. Merci pour les viennoiseries, Ella », dit-il en enfournant la moitié d'un croissant, se collant des miettes sur la chemise.

Je pianote mon code en marchant en direction de mon bureau et, en avançant dans le couloir, le nez sur mon écran, au mépris de toute sécurité. Je prends connaissance du message envoyé à tous et en lisant le message qui n'a été adressé qu'à moi, j'accélère le pas, sans courir. Deux raisons pour lesquelles je ne cours pas :

1- Ma jupe, serrée aux jambes

2- Mes talons de 12 centimètres

Le résultat si je me mettais à courir :

1- Je serais ridicule

2- Je me retrouverais une fois de plus par terre à embrasser le sol, et honnêtement, de ce côté-là, j'ai largement dépassé mon quota pour la prochaine décennie.

Café, croissants et deux pieds gauchesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant