Mon sort

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Sur les traces de l'humaine existence, la solitude semble bien le refuge des hommes. Il faut marcher tout seul, se battre, se relever quand la faiblesse s'installe, il faut surtout ne tenir compte de personne. Mais qui que nous soyons, la présence de l'autre demeure irremplaçable. Que pouvons-nous sans les autres ? Même s'il faille opérer un mauvais choix...

Je n'avais personne,
Père et mère avaient rejoint l'outre-tombe,
Alors quand une femme est venue me vendre le rêve lycée, université,
Je n'ai pas hésité à déposer les armes,
Alors je suis partie pour devenir une intelligente et belle femme,
Arrivés en ville, les prétendus cours de 7 à 19 heures,
Sont devenus des cours de 19 à X heures,
Non pas dans une salle de classe mais près d'une piste cyclable,
J'avais un professeur pour les enseignements,
Mais pour les exercices à corrigés j'avais des clients,
Les mots de Molière ont été réduit à des mots de séduction,
Et la langue de Shakespeare pour satisfaire les étrangers,
A chaque passe, je ne me sentais plus humaine mais une automate,
Qui monte et qui descend, une marchandise utilisée comme friandise,
Mon corps est devenu un objet mis aux enchères,
Et j'ai le droit et le devoir de satisfaire les exigences de l'acheteur,
N'avons-nous pas rêvé de devenir docteur ou d'utiliser nos talents ?
Un talent ? je ne pense pas que tailler une pipe en soit un,
La vérité, je me prostitue, je suis une prostituée, je l'affirme,
On ne parle jamais de notre souffrance, pour la société c'est notre choix,
Les clients nous utilisent pour concrétiser leurs pires fantasmes,
Des vieux, des hommes mariés nous prennent comme des déchets,
Nous pourrons être leurs filles mais ils s'en foutent, aucun remord,
Je ne suis qu'un animal aux mains du matador,
Une trentaine de passes par jour dans un unique vagin,
Comment pourrais-je tenir ?
L'alcool et la cocaïne étaient mes seuls compagnons de danse,
A chaque crime sexuel, je me précipitais sous la douche,
Mon vagin me faisait souffrir et je n'y pouvais rien,
Et c'est toujours le même refrain à chaque fois,
Laisse-toi faire, ne lutte pas, je fais ce que je veux de toi,
Je me sentais souillée et humiliée,
Il me fallait alors un verre et sniffer de la coke comme réconfort,
J'ai voulu qu'on me sauve ou que je me sauve,
Mais je n'y arrivais pas, on te menace,
Je ne voulais pas être seule, Où irai je ?
Je me devais de vivre de mon bourreau et de ma maquerelle,
Le rêve de l'école est devenu un bordel,
La société clame haut et fort que la prostitution est une mauvaise chose,
D'autres débattent sur sa liberté, le fait qu'elle soit un travail,
J'aimerais vous voir passer une nuit avec l'un de ces hommes,
Ils ne voient pas en nous la femme, la mère, ils ne voient que la putain,
Comme les clients payent, ils se permettent tout,
Il faut savoir à qui s'adresser, ceux qui nous comprennent et qui ne nous jugent,
J'ai peur du regard des autres, nous avons tous peur,
On aura beau mettre tous les moyens qu'il faut,
Si on ne nous regarde pas autrement, rien ne changera,
C'est mon histoire, notre histoire, pas à tous mais à quelques-unes.

Le précédent était la préface de mon histoire.

Je m'appelle Jennifer Kelly LEBRUN.

Je vivais avec mes parents dans une zone reculé de la campagne.

Nous n'avions pas les moyens mais nous nous contentions du peu obtenu.

Fille unique, je n'avais pas non plus connu les mérites de l'école.

Ni l'entrain des autres qui s'émoustillaient couvert de craie à la sortie des cours.

Disons que c'était la pluie et le beau temps, 80% de joie entremêlé à d'autres émotions.

Mais toute cette joie pris fin le jour où je perdis mes parents dans un accident de circulation.

Perdre ma famille en un éclair était dur, je ne pouvais pas le supporter, mon cœur était meurtri.

Les chroniques de LandryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant