Ça va faire quelques mois déjà que je me suis familiarisée avec Jeanne, on se kiffe bien. Dans le domaine du macadam, on se fait peu de camarades puisque nous sommes toutes rivales. Chacune essaie de ramener plus de fric, d’ailleurs c’est le but. Alors quand t’a une amie sincère dans le business, on s’entraide. Jeanne et moi étions devenus sœur, on se confiait l’une à l’autre, on parlait surtout de comment aurait été nos vies sans être des belles de nuits. Elle connaissait le prologue de ma venue mais je ne connaissais pas la sienne. J’ai donc eu l’obligeance de lui demander ce qui l’avais conduit ici puis elle décida de se confesser.
Jeanne est une belle jeune dame d’un teint noir métissé issue d’un père blanc et d’une mère noire. L’histoire de Jeanne était une série de vague à l’âme sans l’ombre d’une lueur que son avenir serait meilleur : Jeanne avait perdu son père, sa mère ne lui vouait plus aucun intérêt, son petit ami lui a fait cocu avec sa mère (normal pour une femme encore dans la fleur de l’âge et bien foutue qui plus est) puis Jeanne s’est amourachée de son chauffeur. Son chauffeur, l’élu de son cœur qui avait prétendu l’aimer satisfaisait également depuis longtemps la libido de sa mère en l’absence de son père avant la trahison de son ex bien-aimé. Elle n’en savait rien jusqu’au jour où son compagnon décida de la donner en pâture à ses proches pour des parties de jambe en l’air. Qui refuserait de coucher avec une métisse ? Puis il s’est lassé d’elle, l’a vendu et a repris le cours de sa vie. D’où sa présence dans ce bordel avec moi.
Ah les hommes ! Sont-ils tous les mêmes ? Je ne voulais pas y penser puisque dans l’ombre j’étais moi-même amoureuse. Amoureuse d’un homme, un homme que je ne peux oublier, j’ai su que je ne devrais avoir pour unique client que lui. Son nom Jason MARINE et ceci est le commencement d’une série de déception.
Jason MARINE est un ponte dans l’univers du droit. Un jeune avocat qui nageait de plus en plus dans le succès. Il était l’un de mes plus fidèle client, on ne se voyait pas pour des plans culs mais il voulait juste l’effet d’une vie normale avec une inconnu. D’inconnu nous en sommes venus au connus, on ne se voyait lorsqu’il avait besoin de moi. Il ne parlait pas que de son boulot, on ne parlait pas tout le temps de lui. Il s’intéressait à moi, à ma vie, à ce qui m’avait conduit à être en face de lui. De deux fois, nous en sommes passés à trois fois par semaines, on se voyait chez lui, je lui faisais la cuisine et satisfaisait ses besoins comme une bonne femme au foyer mais jusque-là il ne m’avait pas encore dévêtu. Cette petite vie tranquille me plaisait bien, pour une fois que quelqu’un ne me pénétrait pas. Comment dire ? Je commençais à apprécier le temps passé avec lui, il avait le don de l’écoute, je ne le voyais plus comme un client mais plutôt comme un ami dès à présent. C’est ce qui me manquait, il comblait le vide de la solitude en moi, l’impression de ne pas être bonne qu’à monter et descendre, de ne pas être bonne qu’à ouvrir mes entrejambes et recevoir. Il m’a fait me sentir autre et de lui, je suis tombé amoureuse. Mais en avais-je le droit ? Prostituée que je suis.
Ma tête me tiraillait d’un côté et mon cœur de l’autre. La question a un million de dollars que je me posais : Quelle étais sa situation matrimoniale ? vu que la plupart de mes clients sont des hommes mariés. Je voulais en savoir plus sur lui, bercer mes journées de sa douce présence. Oh Jason, j’avais envie de lui dire mais comment me regardera-t-il, je suis quand même une prostituée. Qui voudrait d’une femme qui partage ses nuits avec plusieurs hommes. Je me bernais juste d’illusion.
Mais un soir, nous avons eu une discussion. Il m’a fait asseoir et me dis : « Jennifer, j’ai quelque chose sur le cœur que je me dois de t’avouer ». Oh merde, étais ce le moment de nous séparer ? Ma bouche ne se contrôlait plus : « T’aurais-je fait quelques choses qui nécessiterait une sincérité pareille, te serais tu lasser de moi ? ». Bien sûr que je voulais qu’on en finisse mais j’espérais néanmoins une toute petite étincelle d’amour au fond de lui. Il reprit : « Je veux que t’arrête de te prostituer, je t’aime, ta présence m’a fait vivre de bon moment et j’ai développé des sentiments à ton égard. Je sais que je ne devrais pas, on ne mélange pas boulot et vie personnelle mais je te veux. Au début, tu étais pour moi un passe-temps aux vues de ma rupture avec ma petite amie. Mais t’a comblé le vide laissé par elle. Je t’aime Jennifer ».
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Les chroniques de Landry
RandomDécouvrez "Mon Sort". Une histoire rocambolesque qui retrace le parcours de prostituée de Jennifer Kelly LEBRUN