1

5 0 0
                                    

Aujourd'hui, c'est avec une boule au ventre déjà bien présente que j'ouvre les yeux grâce à la musique de mon réveil. C'est le jour de la pré-rentrée, celle en sixième d'une nouvelle vie, dans une nouvelle ville mais avec toujours la même fille... bref, une sorte de nouveau départ ici. Une journée avant la rentrée nationale officielle, collège privé catholique de province oblige, je crois que c'est pour rattraper une journée où nous, nous serions en pause mais pas les collèges publics. Cette rentrée que pourtant enfant, j'attendais avec impatience. Mais aujourd'hui, la deuxième, je n'ai plus envie de ça. J'ai redoublé ma sixième. Tant de questions se bousculent déjà dans ma tête. Comment se passent les cours dans ce collège ?

Obligée par ma maman et totalement dépitée, je me lève. Pas du tout motivée à m'habiller, je me dirige dans la salle de bain, je me regarde démotivée dans le miroir de cette petite pièce aussi sombre que sera cette journée. Pas envie de faire un minimum d'effort, malgré mes petits 12 ans, âge où la plupart de mes amies ont commencé à prendre conscience qu'il faut prendre soin de soi pour être aimé. Ma mère m'emmène à l'école aujourd'hui. Évidemment, je suis encore qu'en sixième. Je fais partie des plus petits de l'école. Quelle fichue inégalité... Ceux de ma classe vont être plus petits que moi... Dehors, une jeune fille attend, tout comme moi. J'ose, pour la première fois, adresser la parole à une inconnue, elle avait l'air de quelqu'un à qui on pouvait faire confiance.

- Coucou, dis-je tout sourire. Tu rentres en sixième aussi ? Ou en cinquième ? continuais-je stressée.

Un sourire sur le visage, je suis certaine que j'ai été polie et gentille.

- Ben oui, je rentre en sixième. Sinon je ne serais pas là.

Son ton et regard me refroidissent immédiatement. J'en ai aucune idée, moi. Pourquoi elle me parle comme ça ?

Ok... Tant pis.

En entrant dans l'une des salles, un groupe de professeurs discute. Timide, je leur dis « bonjour » et, avec ma mère, je pars m'asseoir au fond de la salle.

- Allez la puce, viens, ça va bien se passer, me dit ma mère.

Certains enfants sont seuls, et d'autres avec leurs parents aussi. Les explications, les programmes sont dits et vient alors le moment fatidique de la répartition des élèves dans les classes. Je suis en 6eA, et cette classe sera la mienne pour un an. Je me mets avec le groupe de ma classe et nos parents partent.

- On vient te chercher à midi, me dit ma mère en m'embrassant tendrement le front.

Inutile que les parents restent maintenant. Je suis seule et je rejoins ma classe et mes camarades. À présent, je suis livrée à moi-même, seule au monde, sans que ma mère n'ouvre la discussion pour moi.

On se dirige et on va dans notre salle de classe, classe où nous allons avoir cours avec notre professeur principale et accessoirement notre prof de maths.

L'appel effectué, je n'entends pas mon nom... Qui n'est pas sur la liste... Ok ? Donc je me suis gourée ?

Effectivement, quand une autre prof arrive et me demande, je remarque que je me suis emmêlée les pinceaux. En réalité, stressée, ça ne m'étonne pas. Les autres rigolent. Ok, ça, c'est sûr que ça va me poursuivre toute l'année. Pour la bonne impression, on repassera...

Je retourne avec la bonne classe, sans jeter un œil derrière moi. Madame Jacob est ma bonne prof principale, et ma prof d'anglais. Elle est blonde, souriante et rigolote, et je me sens à l'aise avec elle. Je suis assise à côté d'une fille, Déborah. Et je remarque avec effroi qu'Inès, la fille désagréable de tout à l'heure, est dans ma classe. Passons. Je vais pas revenir sur ça, si on peut oublier ce moment qui a été plus que gênant. Nous faisons les banalités de chaque début d'année - carnet, emploi du temps, papiers à faire signer - et les profs viennent se présenter à tour de rôle. Prof de français, mathématiques, technologie,... . En réalité, beaucoup sont gentils.

Je m'autorise à espérer que je vais me sentir bien ici. Mais je sais ce que j'ai vécu par le passé... et ce n'est pas 200 km loin de mes problèmes qui va tout changer.

Ça revient toujours. La cloche sonne... signe de la fin de la journée.

Demain, c'est le premier jour de cours officiel. En tout cas, cet après-midi, je peux profiter une dernière fois avant tout ce chao... essayons de positiver.

Demain, j'espère enfin que tout changera.

Dans l'ombre des couloirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant