Un cœur en dilemme

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C'est en 1389 que le royaume de Fior connut le début d'une longue guerre qui opposa le Tiers-État et le haut de l'échelle. Cette guerre, nommée Guerre des Frobards, provoqua une vague de terreur chez ces personnes se croyant au-dessus de tous, se permettant le péché du jugement et de l'insulte. Ils se faisaient massacrer par ces misérables, mourants de faim, voulant être libres et se faisant insulter de bâtards, d'impures, de fourbes et de tant d'autres.C'est ainsi que les Frobards prirent les armes dans le royaume. Cette peur de la mort, ce désespoir, cette haine des autres, présent chez eux furent transmis aux nobles qui se révoltèrent. Le royaume de Fior, longtemps prospère, devint en 1389, le lieu de crimes immondes allant d'une classe à l'autre pour détruire l'ennemi. On vit des corps abandonnés dans les rues, des rivières aux reflets carmin, des invasions de nuisibles venus profiter des dépouilles. Le Roi de Fior, impuissant, avait pris la fuite. Et le pays ravagé avait continué à saigner.
Jusqu'en 1400, qui marqua un tournant dans la guerre, la peste ravagea les armées, décima ceux qui n'avaient ni richesse, ni pain, ni toit, ni terre et réduisit la guerre à brouille, Et quand on ne craignit plus celle-ci, la guerre reprit, plus affaiblie mais faisant trembler la population de Fior.C'est ainsi que débute notre histoire, dans un contexte de haute crise, de misère et de désespoir, où la recherche de richesse était omniprésente afin d'assurer un avenir sûr à sa famille. Montrer sa puissance, dominer les autres, être toujours plus riche pour écraser les plus pauvres et gagner la guerre, c'était les pensées qui possédaient cette période. Un moment où les humains furent plus inhumains. Riches et pauvres n'avaient plus de sentiments, les mariages étaient faits sans une once d'amour, les enfants naissaient sans émotions, et le royaume perdit son humanité dans la guerre pour vaincre la révolte.


Pendant cette guerre qui marqua les esprits, un autre événement a changé des vies, cet événement, c'est ce que beaucoup de personnes recherchent dans ce monde, un événement qui nous rend heureux, qui nous brise, qui nous renforce. C'est en 1402 qu'Eadwin, jeune noble de dix-neuf ans, découvre l'amour. Et tomber amoureux a changé sa vie. Dans ce monde où les sentiments se font rares, Eadwin fut touché d'amour, et partagé entre ce sentiment et l'absence qu'il y avait en son époque, il fit face au dilemme de l'amour ou de la richesse.


***


Aujourd'hui c'est l'histoire d'Eadwin, Oderic et Aurore qui est racontée. Demain cela sera peut-être la vôtre, car dans ce monde, et à toutes les époques, l'amour passionne, l'amour est la plus belle chose qui réunit les Hommes, et un amour mérite d'être conté et surtout il doit être vécu. Aujourd'hui c'est l'amour d'un cœur en dilemme, demain ce sera votre histoire.
Il était assez tard lorsque le seigneur Goery de Montville fit appeler son fils Eadwin de Montville. Encore ensommeillé de sa longue sieste, il vint trouver son père, dérangé par un serviteur lui intimant de venir, Eadwin sentait que cette entrevue serait des plus désagréable. Son instinct ne le trompait que trop peu pour qu'il puisse douter de lui un seul instant. Le servant l'annonça et Eadwin se rappela combien il abhorrait ce genre de cérémonie noble qui consiste à annoncer quelqu'un, ce qui est d'autant plus détestable puisqu'il était le fils du seigneur et qu'il était attendu. Monsieur de Montville ordonna à son fidèle serviteur de faire entrer le garçon ce qu'il fit avec autant de délicatesse qu'il en fût capable. Avec un soupir de dépit, Eadwin pénétra dans la salle où son père l'attendait, munit d'un sourire de politesse il le salua en lui demandant en quoi il pouvait le servir. Se moquant gentiment de son fils qui semblait aussi réveillé qu'un chat, il lui demanda si celui-ci avait été dérangé après sa sortie à cheval. Après avoir avoué à quel point elle fût harassante, Eadwin questionna son père sur sa demande. Goery de Montville, réprobateur quant au comportement de son fils, lui fit savoir qu'en tant que fier héritier des Montville il devait à présent se reposer au côté d'une épouse qui lui apporterait richesse et dépendance.
Eadwin le savait, il n'y avait qu'un sujet déplaisant qui ne puisse le déranger dans un profond sommeil. Il manifesta aussi une forte surprise au vu du peu de richesse qu'ils possédaient qui ne valorisait pas le mariage. Et Goery lui assura que l'affaire était toute ouïe et qu'Eadwin avait maintenant chausse à son pied. Le père expliqua comment parmi toutes ces promises rencontrées il avait vu en une jeune fille l'épouse parfaite. Avec le père de celle-ci, très protecteur et ne souhaitant que le bonheur de sa fille, il fût convenu d'un mariage à venir. Une rencontre fût organisée pour que les deux adolescents puissent se découvrir. Il lui répéta sans cesse combien il devait bien se comporter, être agréable. Combien un jeune noble aussi pauvre, unique descendant devait jouer son rôle, que ses états d'âme n'étaient guère importants, et combien il devait se réjouir de pouvoir trouver épouse aussi riche. A cette annonce, Eadwin fit un sourire de circonstance, hélas celui-ci n'atteignait point ses yeux, au fond de lui, il était désemparé par cette annonce, il voulait rester libre, pouvoir chevaucher sans femme à ses côtés, il n'en trouvait aucune à son goût, toutes fades et superficielles. Comment diable aurait-il pu se réjouir d'une telle annonce ? Lui qui n'a jamais aimé et ne souhaite jamais le faire, devra en plus se charger d'un poids qu'il devra posséder. Si seulement il pouvait s'envoler, échapper à cette vie où il est plus pauvre qu'un bourgeois, et menacé par les Frobards. Une vie où il chevaucherait pour atteindre l'aube, où il n'aurait aucuns devoirs, une vie de liberté. Si seulement, se dit-il, je pouvais être libre, je serais si heureux, oui si heureux, si seulement...

Anara - recueil de textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant