La Mélodie Dansante - Histoire d'aventuriers en tout genres

3. Lynawen ne supporte pas la chaleur

 — Quel enfer... j'ai la tête qui tourne...

Je tenais difficilement debout. Mon front était couvert de sueur, et nous n'étions qu'au début de la journée. Cette fin de mois de Juyura devenait une plaie. Non, vraiment. La Mélodie Dansante atteignait sa capacité maximum presque chaque soir. En revanche, la journée comptait moins de clients, mais cela restait la période où l'on cuisinait le plus de plats.

Ce n'était pas ce qui me dérangeait durant ce mois. Cela m'amenait une charge de travail très importante, certes, mais ce qui me posait réellement problème était la chaleur.

— Dites-moi QUI a inventé le soleil ?

Cette personne voulait ma mort, sans l'ombre d'un doute. Chaque jour était plus chaud que le précédent, à tel point que rester devant les fourneaux se révélait plus agréable que de prendre l'air, à l'extérieur, exposée au soleil.

La chose qui me dérangeait le plus était la qualité de mon travail. Je perdais assez vite ma concentration, parfois je devais m'asseoir pour ne pas tomber... Toute l'équipe comptait sur moi, alors je me donnais chaque jour... mais je ne pouvais plus réellement supporter tout ça. Comment est-ce qu'ils faisaient pour ne pas mourir sous la chaleur ? J'allais devoir leur demander leurs secrets.

En soirée, les commandes de plats diminuaient. J'en profitai donc pour informer Samuel de mon état.

— Je t'en conjure Samuel... comment est-ce que tu tiens la chaleur ? Depuis plus de deux semaines, j'ai l'impression de mourir chaque jour... mes plats deviennent ridicules, je ne sais même pas comment je peux oser servir ça aux clients.

Il fronça les sourcils, et se tourna vers les clients pour leur demander de patienter un instant. Il se rendit dans la cuisine. Je le suivis de près.

— Explique-moi tout correctement, Lynawen. me demanda-t-il d'un ton bienveillant.

— C'est la chaleur... Elle m'oppresse. Je n'arrive pas à respirer. Je tiens à peine debout, je ne parviens pas à me concentrer... du coup, je rate plus souvent mes plats, et je sers des choses de moins bonne qualité. Je suis épuisée, à bout, chaque soir. Et malgré tout, je ne trouve pas le sommeil.

Il hocha la tête à plusieurs reprises en m'écoutant. Il se mit à réfléchir, puis se rendit vers le comptoir.

— Attends-moi ici.

Je le regardai faire. J'ignorai ce qu'il avait en tête, mais je voulus découvrir sa réponse face à la chaleur. Il revint, une chope à la main, qu'il me tendit.

— C'est de l'eau. Elle est fraîche, normalement. Essaie d'en boire suffisamment, ça devrait t'aider. Et lorsque tu es chez toi, ouvre bien tes fenêtres pour dormir. Laisse l'air circuler. me dit-il en souriant.

— C'est ça, ton secret pour survivre ? demandai-je en arquant un sourcil.

Si la solution était aussi basique, j'allais m'énerver contre moi-même.

— En tout cas, c'est tout ce qu'il me faut. J'ai chaud, évidemment, mais je parviens à rester concentré dans mon travail. Essaie donc ça pour la fin de la soirée.

Je m'empressai de vider la chope. Effectivement, j'en avais besoin... Mais un verre n'était pas assez. Je tendis ma chope vide à Samuel.

— Ramènes-en-moi une autre.

— Ça marche. dit-il en la récupérant. En revanche, tu viendras chercher les prochaines.

Il ajouta un clin d'œil et repartit aussitôt de la cuisine. Je me remettais à travailler jusqu'à la toute fin de ma journée... et j'étais lessivée. J'avais l'impression que boire de l'eau ne suffisait pas. Cependant, je comptais découvrir si j'allais mieux dormir la nuit.