I

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"Doing what I can, tryna be a man
And every time I kiss you, baby
I can hear the sound of breaking down

I've been confused as of late
Watching my youth slip away
You're like the sun, you wake me up
But you drain me out if I get too much
I might need you or I'll break

Are we too young for this-"

- Sen c'est l'heure de fermer

Je lève les yeux de mon carton, décalant un peu mon casque pour pouvoir entendre les mots de ma collègue

- La fermeture

- Ah oh oui, laisse-moi juste finir de ranger ça

- Dépêche ou je t'enferme

- Tu m'aiderais aussi

- C'est ton boulot de ranger les rayons, moi je fais la caisse !

Je termine rapidement de ranger les dernières bouteilles de shampooing avant de récupérer mes affaires et de quitter la boutique en saluant ma collègue

- Fais attention à toi sur la route

Malgré l'arrivée du printemps, les soirées sont encore glaciales et j'ai du mal à allumer ma cigarette

- Ne t'en fais pas, il fait trop froid pour les pervers

Face à l'air inquiet de la femme, je tire un coup sur ma cigarette et répond

- Je ferais gaffe, promis

- À demain

- Mmh

Je glisse l'une de mes mains dans les poches, prenant en silence le chemin de chez moi, casque sur les oreilles et cigarette entre les lèvres.

Arrivé sur un pont, je ralentis le pas et fini par m'arrêter, observant en silence l'eau couler jusqu'à apercevoir, à peine 3 mètres plus loin, un type debout, du mauvais côté de la barrière. Sans le lâcher des yeux, je retire mon casque, m'approchant en peu et m'appuyant sur la barrière.

- On ne t'a jamais dit qu'une tentative de suicide avait plus de chance d'aboutir si elle était faite loin des regards.

Il tourne la tête vers moi, ses yeux vides me fixant quelques instants alors que je tire sur ma cigarette et il souffle

- Tu vas m'en empêcher ?

- Pas besoin, tu sauteras pas

- Comment tu peux en être si sûr ?

- Je le sais, c'est tout

J'écrase ma cigarette sur la rambarde, glissant le mégot dans ma poche faute de cendrier et détache mes cheveux, soufflant sur la mèche rousse qui tombe devant mon visage

- Et qu'est-ce que tu feras si je finis par sauter

- Rien, je remettrais mon casque et je continuerai ma vie

Je le détaille un instant, ses doigts semblent gelés sur la barrière

- T'as pas froid habillé comme ça ? Quitte à te suicider autant faire ça au chaud

Avant qu'il n'ai le temps de répondre, deux types aussi excentrique que lui débarque en courant

- Boooss !

L'un d'eux, celui aux cheveux roses attire l'inconnu du bon côté de la barrière, posant sa veste de costume sur ses épaules alors que le suicidaire semble n'être qu'un pantin entre ses mains. Face aux regards noirs que me jette ce type, je repose mon casque sur mes oreilles et reprend mon chemin mais, à peine suis-je arrivé au bout du pont, des doigts s'enroule autour de mon poignet pour me retenir.

Alors que je me dégage de sa prise, je le détaille de la tête au pied, un mulet lila, un costume taillé sur mesure et un tatouage sur la gorge, exactement le même que celui qui orne la nuque du suicidaire

- Merci d'avoir empêché le boss de sauter

Je le fixe un instant avant de répondre machinalement en décalant un peu mon casque pour l'entendre correctement

- On ne faisait que discuter météo, rien que je ne sache pas faire

- Donnez-moi vos coordonnées, j'enverrais quelqu'un vous apporter une récompense

Mes sourcils se froncent légèrement et je coince une nouvelle cigarette entre mes lèvres

- Pas besoin de récompense, je ne cherchais pas à le sauver

Voyant que je n'arrivais pas à allumer mon briquet, il en sort un de sa poche et m'allume ma cigarette

- Merci

- Que voulez-vous dans ce cas ?

Un soupir enfumé quitte mes lèvres

- Votre briquet

- Hein ?

- Deux, si vous tenez tant à me récompenser filez-moi votre briquet, ça m'évitera de devoir en racheter un

Il me tend le petit objet que je glisse dans ma poche et, alors que j'allais reprendre ma route, il demande

- Puis-je au moins savoir votre nom ?

- Je ne donne pas mon nom aux inconnus, surtout si les inconnus en question portent des costumes sur mesures et des tatouages de gangs désolées

Et il me laisse enfin partir.

Une fois chez moi, je jette négligemment mon sac dans l'entrée et balance mon casque sur mon lit.

Je passe presque 10 minutes à hésiter entre bière et vin avant de finalement me remplir un verre de rouge, partant dans la salle de bain en connectant mon téléphone à l'enceinte

Allongé dans mon bain, j'inspire lentement les toxines de ma cigarette en observant le briquet, un zippo dorée gravé du même symbole que les tatouages

- Quelle merde...

Je porte mon verre à mes lèvres, posant le zippo au sol et, bercé par Arctic Monkeys, je finis par m'endormir.

𝒟ℯ𝒶𝒹 ℳ𝒶𝓃Où les histoires vivent. Découvrez maintenant