Prologue

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Miracle

Un jour spécial s'annonçait chez les Zoras. Chaque naissance était un évènement dans leur domaine perdu au fond des vallées des montagnes de l'Est d'Hyrule. La population encore restreinte, touchée par le fléau 200 ans auparavant, ne s'était pas tout à fait réépanoui. On accueillait ainsi toujours un nouveau-né avec joie et chaleur.

L'enfant d'une modeste famille de pêcheur de la baie de Lanelle et de l'océan au-delà des monts devait venir au monde bientôt. La mère, ayant pondu un an plutôt, était resté près de l'étang de gestation toute la journée pour attendre le moment fatidique si bien que la nuit présentait désormais le bout de son nez. L'œuf atteignait la taille maximale et ce n'était qu'une question d'heures, de minutes avant l'éclosion. La paroi opaque et gélatineuse commençait doucement à s'amincir et à perdre son opacité. Elle se désintégrait naturellement pour que la tâche du petit, la percer et s'en extirper, soit plus facile.

Un mouvement s'initia à l'intérieur. Rapidement, la famille et les amis se rassemblèrent. Le moment était enfin arrivé.

Une main griffue et palmée transperça la paroi molle aisément. La peau pâle de la paume paraissait se fondre avec les petites écailles qu'on pouvait voir. Cela marqua les gens présents dont les parents. Ces derniers n'avaient d'ailleurs pas des couleurs d'écailles se rapprochant de celles de la peau de leur ventre et du dessous de leurs bras. Manifestement, le petit déférait de ces géniteurs sur ce point.

Cependant, ce n'était qu'une infime partie de l'enfant. On ne pouvait pas tirer de conclusion hâtive.

Tous retinrent leur souffle en attendant que la tête et le corps émerge de l'enveloppe. Rapidement, ce fut chose faite. Sous l'éclairage des pierres Nox et de la lumière de la lune, ses minces écailles brillaient de reflets argentés et bleutés. Une exclamation de surprise échappa à l'audience, alors que les parents s'affairaient à vérifier la santé du bébé.

Celui-ci avait la teinte rare, pure et resplendissante qu'uniquement les dames Zora les plus belles possédaient. Seule la reine l'égalait peut-être de son éclat incomparable.

En sommes, une belle jeune femme à en devenir. Ce fut ce qu'on crut d'abord.

Mais un détail attira l'attention de tous suivant ce dénouement initial. Étant désormais assurée des signes vitaux du nouveau-né, la mère le prit dans ses bras et le sortit finalement de l'eau. On remarqua alors qu'il était tout sauf ce qu'on attendait... un mâle :

-Impossible... lâcha quelqu'un.

Ce mot était un euphémisme :

-Aller chercher un docteur ou un sénateur! Cet enfant n'a rien d'ordinaire.

Effectivement, les garçons et hommes du peuple aquatique n'étaient pas supposé avoir cette couleur. Seulement les femmes pouvaient l'avoir naturellement. Enfin, c'est ce qu'on pensait. De cette évidence provenait justement la tradition de remettre des armures incrustées de ces écailles comme cadeau de fiançailles de la part des épouses de guerriers et de la royauté.

Cependant, une exception comme celle-ci ne figurait pas dans l'histoire récente et surprenait tout le monde. Un garçon aux écailles argentées n'avait tout bonnement jamais existé selon leurs connaissances. Mais il y en avait un en chair et en nageoires sous leurs regards.

Le petit Zora ouvrit les paupières, ses grands yeux dorés se posant d'abord sur sa maman et ensuite sur ce qui l'entourait. Quelques faibles bruits lui échappèrent. Il allait prendre quelques heures pour s'habituer à tous ces stimuli inconnus. Dans une semaine tout au plus, il allait savoir les bases de la nage et de la marche.

Pour une écaille d'argentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant