Chapitre 4

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Mécontentement

Lorsque je reviens à pied devant le pont menant au domaine, Noah m'y attend adosser à un lampadaire. Il a vraiment patienté là pour mon retour? Je croyais qu'il serait rentré chez lui sans demander son reste... après ce qui s'est passé quelques heures plus tôt. L'argenté aurait eu raison de ne pas vouloir me voir. J'ai pointé une arme sur lui après tout.

Cependant, le voilà, calme, assis en tailleur contre une grosse lampe sculpté, son regard tourné vers les montagnes bleutées et les chutes qui s'en écoulent.

Le soleil doré de la fin d'après-midi se reflète sur ses écailles... Ces écailles qui m'ont dérobé tellement et vont continuer de le faire sûrement. La lueur leur donne une teinte jaune similaire à celle ses yeux. Plusieurs femmes Zora doivent ressembler à ça en ce moment, leurs corps réfléchissent les ors de l'astre du jour. Elles font certainement tourner les têtes...

À en croire Toya, maman était pareil...

Un souvenir de celle-ci sort des brumes de mon esprit. Sa voix douce lorsqu'elle venait me voir au crépuscule pendant mon enfance, son éclat majestueux, son sourire aimant...

Mais elle a quitté ce monde. Même le pouvoir de Fuyumi n'y pouvait rien...

Je serre la mâchoire, mon cœur commençant déjà à saigner pendant que je me remémore ces instants que je ne vivrai plus jamais.

Secouant la tête pour oublier ces pensées, je m'approche de Noah et l'interpelle :

-As-tu trouvé tous les monuments dont tu étais en charge?

Les mots sortent difficilement de ma gorge, mon ton résonnant ainsi de manière plus grave et rauque qu'à l'accoutumer.

Noah sursaute en l'entendant :

-Votre Altesse! s'écrit-il. Oh, pardon, vous m'avez effrayé. Oui, la recherche s'est déroulée sans problème. Ceux-ci sont en bon état malgré leur âge. Leurs emplacements les protègent des intempéries visiblement. Il faut rapporter cette information à sa Majesté, n'est-ce pas?

-Effectivement. Allons-y, ce sera enfin terminé.

Cette journée infernale a duré assez longtemps. Je veux y mettre fin pour de bon et au plus vite. À ce point, c'est autant pour moi que pour lui.

L'argenté se relève et nous traversons le pont en silence. La ville est tranquille en ce début de soirée. Nous arrivons donc aisément au palais. Curieusement, le capitaine de la garde se tient devant la porte du bureau de mon père...

Ce n'est pas un bon signe... pas du tout :

-Votre Altesse, votre grâce l'élu, le roi vous attend à l'intérieur. Il a... à vous parler.

-Quelque chose s'est produit durant mon absence? questionné-je. Est-ce qu'il souhaite nous voir ensemble?

Le capitaine acquiesce et nous ouvre. La mince inquiétude qui vient d'émerger en moi grandie exponentiellement. Qu'est-ce qui va suivre? J'espère qu'il n'y a pas de lien avec l'altercation de cette après-midi que je souhaitais cacher.

Nous avons dans la pièce lentement. Devant mon vieux, Noah s'agenouille et baisse le regard vers le sol, un geste d'humilité tiens. Étonnamment, les traitements de faveur ne semblent pas avoir encore enflammer son égo. Non pas qu'il montre des preuves d'avoir vraiment pris la grosse tête... même je suis certain que... Enfin, mes suppositions ne sont pas la priorité en ce moment :

-Père, nous sommes revenus, fais-je. Nous avons trouvé tous les monuments et ils sont en tous intacts...

-Bien...

Pour une écaille d'argentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant