2 : Le mendiant

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Chapitre Ier : Le mendiant

Comme je m'y attendais deux bonnes claques m'ont accueilli devant le portail de la maison. À ce moment précis, mon père avait le regard d'un tueur et j'en déduis qu'il avait trop bu et qu'il doit être saoule. Il est devant la porte d'entrée de la maison, prostré de sorte qu'il y ait plus d'espace pour passer.

- Ton directeur m'a appelé, grogne t-il, et tu veux savoir ce qu'il m'a dit sur le mouton que j'envoie à l'école ?

- Non!

- Il m'a dit que t'avais versé de l'acide sur la chaise de ton professeur de philosophie. Il rit ,alors tu comptais faire quoi. T'es quel genre de lycéen toi!! Franchement !je ne t'envoie pas commettre des délits à l'école mais plutôt pour devenir quelqu'un dans la vie.

Je crois rêver, mon père est moins placé pour me parler d'avenir . Très vite je comprends tout, étant donné que les voisins sont sortis attirés par le vacarme mon père essaie de tenir des discours responsables << pour devenir quelqu'un dans la vie>> histoire de se faire passer pour "le père qui fait de son mieux pour éduquer son enfant dérangé". Même le plus pagailleur de ma salle est plus susceptible de réussir sa vie mieux que mon père. De plus, il n'assure pas ma scolarité, donc je ne vois pas en quoi je lui ai fais du tort.

- À cause de toi on va devoir dédommager ton professeur de philosophie pour soigner les blessures causées par l'acide sur son postérieur. Il continue en s'approchant de moi: Tu peux être fière de toi, tu fais toujours tout pour me faire honte.

Il s'en suit une autre claque sur la joue gauche, puis un coup de pied qui m'envoie valdinguer hors du jardin.
Je me relève, comme un vieux ayant perdu sa canne ce qui suscite un fou rire provenant de certains écoliers de primaire qui suivaient la scène au lieu de rentrer à la maison. Je n'ai jamais eu aussi honte de toute ma vie. En Afrique lorsqu'il y a un remue-ménage quelconque, il y a toujours du monde au alentour. Comme lors d' un concert de Michael Jackson ou quand des pe amoureux s'embrassent en pleine rue.

- Hors de ma vue!! je veux pas te voir , bafouille t'il.

- Moi non plus, je réponds.

- Alors dégage !

Je me retourne alors, un peu blessé par la tournure de la situation. Franchement qui aurait imaginé qu'un père puisse renvoyer son fils de la maison juste à cause d'un malencontreux problème. Problème dont je ne suis même pas responsable.
Je dormais lorsque le professeur de philosophie s'est mis à gratter férocement son postérieur. Toute la classe s'est mise d'accord pour me faire porter le chapeau, toujours pendant que je dormais. Le surveillant dépassé par la situation a préféré m'envoyer chez le censeur qui lui aussi dépassé, m'envoie chez le Directeur. Je passe devant les clôtures des voisins , ils sont tous dans leur jardin, eux aussi attirés par le vacarme qu'a produit mon père. Leur jeune fille la dénommée Margaux (deuxième de la salle) a tout vu . J'ai l'impression que cet incident sera inscrit dans le journal de l'école demain matin. Elle m'adresse un sourire décalé , pour me signifier '' j'ai pitié de toi" elle croise ses deux bras et continue de m'analyser. Je la considère une seconde puis entrepris de regarder devant en marchant droit. Surtout ne jamais baisser la tête, car selon moi cela est signe de soumission.

La marche de la maison vers l'école m'a réellement fatigué. Oui " vers l'école", car ne sachant pas où aller je décide de m'asseoir une seconde sous un arbre dans le parc se trouvant près du lycée. Je pense à ma mère, et je sais qu'elle va bientôt s'inquiéter de mon absence. Elle travaille dur du matin très tôt, jusqu'à tard la nuit. Donc elle n'était pas là quand le paternel faisait sa crise de nerf. Franchement je n'ai pas envie de lui causer du souci, elle est seule à gérer toute la maison, et sans elle nous serions sûrement à la rue.

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