IGOR | en réécriture

2 | Etats-Unis

RAVEN

On se regarde, nous demandant qui nous sommes. Qui nous avons été. Ce que nous sommes devenus. On ne dit rien, le silence pèse tellement que je commence à suffoquer.

À quoi tu t'attendais, Raven ?

Un rejet d'émotion s'extirpe de mon corps à l'entente de sa voix prononçant mon nom. Deux possibilités, soit je m'effondre, soit...

Je ne lui laisse pas le temps de dire un mot de plus, je m'élance vers lui pour lui balancer mon genou dans le ventre.

Grosse merde.

Je tremble. Mon âme tremble, mais lorsqu'il se tord en deux, je profite de cette ouverture pour lui asséner un coup de coude dans le dos.

Il m'attrape la jambe et tire dessus pour me faire tomber. Je pousse un râle de douleur en sentant mes dents se refermer sur ma langue et je crache par terre.

Toujours au sol, j'use de mes jambes pour le faire tomber d'une quelconque manière. Je me mords la lèvre aussi fort que je peux pour retenir l'avalanche d'émotions qui me submerge.

Il finit par terre et je me précipite à califourchon sur lui.

En moins de temps qu'il ne faut, je lui vole un pistolet de sa ceinture et le pointe sur son front.

Et on peut dire qu'il est aussi rapide que moi.

On se regarde, haletants, chacun une arme sur le front de l'autre. J'appuie le bout du revolver sur sa peau.

— C'est quoi tout ça ? demandé-je.

Il demeure silencieux. Il se contente de me fixer.

— TU VAS PARLER OUI ?

Je tire sur le cran de sécurité.

— On était les meilleurs amis... Je te faisais confiance. Qu'est-ce que je fous là, Ivan ? T'as intérêt à parler sinon je te tue.

Il éclate de rire. Il baisse son arme avant de se relever sur ses coudes et de coller son nez au mien.

— Oh mais Raven... Je ne t'ai jamais considérée comme ma meilleure amie. Tout ce dont je rêvais chaque soir, c'était de retrouver tes cuisses de chaque côté de ma tête.

Ma mâchoire se serre violemment.

Je m'apprête à lui mettre une gifle, mais ses doigts s'enroulent autour de mon poignet déjà endolori.

— Va en enfer, Ivan.

Quelque chose vacille dans ses yeux et il attrape mon menton pour souffler entre mes lèvres :

— Pas sans toi, tu le sais bien.

Cette fois-ci, ma main part sans qu'il puisse l'arrêter. Sa tête se tourne sur le côté tandis qu'une marque rouge commence déjà à se faire visible sur sa joue.

Je m'éloigne de lui tandis qu'il se relève avec un sourire en coin qui m'agace encore plus.

— Tu ne comptes pas répondre à mes questions ? insisté-je.

Il lève ses yeux verts pour m'étudier.

— Tu devrais... aller te changer.

Un rire nerveux m'échappe. Il faut que je me calme...

— Raven, les choses ont changé... Tout comme les gens ont changé. Je ne pensais même pas un jour te retrouver.

— Arrête de faire comme si tu pouvais ressentir ne serait-ce qu'une partie de ce que j'ai vécu pendant ces cinq putains d'années... Et tu crois que je me sens comment en te voyant là ?