4 | Jacksonville

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RAVEN

Lorsque j'allume le téléphone, mon regard tombe directement sur la date. Je souffle en voyant que cela fait seulement vingt-quatre heures que je suis ici. J'enjambe les corps inertes et prends soin de les enfermer dans la cellule.

Je serre d'une main la Beretta et enfouis le portable dans mon soutien-gorge, en espérant que le peu de poitrine que je possède le cache assez. Ma respiration est haletante. Je n'avais jamais tué personne auparavant. Mais je n'ai pas le choix si je veux sortir d'ici...

La peur s'empare de moi. Je vais y arriver.

Je monte l'escalier en colimaçon, tendant l'oreille à l'affût du moindre bruit. Plus je m'approche de la surface, plus je vois des hommes. Six en tout. C'est mort, je n'y arriverai jamais...

Je joue nerveusement avec ma bague.

Je vérifie le nombre de balles qu'il me reste... Huit.

Il faut que je me dépêche... Je lève les bras et commence à viser le premier d'une main tremblante. Je tremble beaucoup trop...

Concentre-toi...

Lorsque le premier coup partira, je vais devoir me battre pour rester en vie. Je ne sais pas si j'y arriverai, mais c'est maintenant ou jamais.

La balle percute le mur.

Oh merde.

Ils se tournent tous vers moi. Je me mets à courir pour me rapprocher d'eux et trouver un endroit où me cacher. Derrière un mur, je tire sur le plus proche qui tombe à terre. J'ai du mal à viser loin alors j'attends qu'ils s'approchent et...

Un deuxième tombe à terre.

Mais ce serait trop facile. On m'attrape par derrière et me soulève. Je tire derrière et je l'entends geindre. Et de la même manière, il me tire dessus. Cette fois, c'est mon épaule qui est touchée.

Je ne vais pas réussir à tous les tuer...

Je regarde à côté et vois un couloir. Je décide donc de battre en retraite, ayant conscience que je ne serais jamais assez forte pour tous les avoir. Le sang coule le long de mon bras mais je cours aussi vite que possible. Je sais qu'ils sont derrière moi. Mes jambes me brûlent, mes poumons me brûlent.

Le reste du bâtiment est vide. Cet endroit n'est pas mon beau repère. Sinon j'aurais croisé d'autres personnes. Je descends les escaliers en sautant des marches et sors d'ici. Le soleil tape sur moi et je commence à sentir de plus en plus ma blessure à l'épaule.

Face à moi, plusieurs voitures, dont une avec une personne adossée contre une moto. Les pas derrière moi sont de plus en plus proches alors je fonce vers la moto.

— Eh ! dit l'homme.

Je m'excuse intérieurement, mais je le pousse pour prendre sa moto. Il s'en remettra. Je grimpe sur la moto et commence à manipuler tout ce que je trouve. Espérons que je ne meure pas en conduisant ce truc.

J'enclenche la première vitesse et crie quand je suis tirée en arrière par la rapidité de l'engin. Je fonce sans savoir si ma conduite est légale. Je n'ai même pas mon code. J'ose légèrement tourner la tête. Ils sont juste derrière.

J'accélère et remercie Ivan qui me faisait monter sur sa moto à l'époque. Je slalome dangereusement entre les voitures et commence à les perdre de vue quand les autres voies leur bloquent la route.

Alors que j'entre dans une route vide, j'essaye de tourner pour faire arrêter la moto, mais la moto se penche beaucoup trop, me projetant à plusieurs mètres de celle-ci. Je suis dans les vapes, mon corps entier me faisant un mal de chien. J'essaye de me relever, les jambes tremblantes.

IGOR | en réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant