5 | Trois ascenseurs

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RAVEN

— Chérie, on se réveille !

— Dégage, clochard, marmonné-je.

— Clo- quoi ? Igor ! Viens chercher ta nana, j'en peux déjà plus ! réplique Cassian.

Il me frappe à l'arrière de la tête avant de s'enfuir en courant. Je reste figée... C'est une blague ?

Je soupire et m'étire doucement, me frottant les yeux pour m'habituer à la lumière. En regardant autour de moi, je me rappelle où je suis, et la boule dans mon ventre disparaît.

Je ne suis pas encore habituée à tout ça...

Je descends.

Les températures glaciales de la Russie me frappent en plein visage, et je frissonne à travers la chemise d'Ivan. En levant la tête, j'écarquille les yeux devant l'immense bâtiment qui se dresse devant moi.

Cassian rigole en voyant ma réaction.

— Bienvenue à la maison ! s'exclame-t-il.

Maison... Un mot qui ne m'est pas familier. Je n'ai pas de maison.

Je ne réagis pas.

— Dans mes souvenirs, je ne suis pas sortie par là pour aller à l'aéroport ?

Nous commençons à marcher vers l'entrée tandis que des tas de questions se bousculent dans ma tête. Comment ? Depuis quand ? Où ?

— C'est normal. On est à l'arrière du bâtiment. Quand tu es sortie, c'était par l'avant, et il y a une façade qui cache tout ça. C'est pour garder l'endroit secret.

Nous entrons par une porte en acier, et je regarde autour de moi. J'ai l'impression d'halluciner. Mais au fond... Je ne me sens pas très à l'aise. Ce monde ne m'appartient pas. Ce même monde m'a détruite. Et pourtant, une curiosité malsaine me pousse à creuser, à me surpasser, à me venger.

— Je te ferai visiter tout à l'heure... Pour l'instant, suivons juste Igor. Il est déjà assez énervé, me chuchote Cassian.

Je hoche la tête.

Nous finissons par arriver devant trois grands ascenseurs. Je ne sais pas si c'est du mépris ou de la provocation, mais... Qui a besoin de trois ascenseurs ?

Ivan appuie sur celui du milieu, et nous entrons sans qu'un mot ne soit prononcé. Tout était silencieux, et le hall était... vide. Des mètres carrés vides, sans meubles ni rien. Je crois qu'on aurait pu accueillir au moins deux cents personnes ici.

Le ding se fait entendre à notre arrivée au troisième étage. En sortant, un long couloir se dresse devant moi.

Il y a plusieurs portes, semblables à celles des appartements d'Ivan. C'est grand, spacieux et très lumineux. Ça me fait penser à un château. Même les meubles ont un style victorien.

Nous arrivons devant la dernière porte du couloir et, en entrant, les autres sont déjà là. Cade, Niguel et Navaya.

— Vous êtes enfin là, lance Niguel.

Navaya se précipite vers moi et me bombarde de questions, demandant si j'allais bien, si j'avais faim, ou si j'avais envie de prendre l'air. Je cligne des yeux à plusieurs reprises, puis secoue la tête en signe de négation. Je n'aime pas qu'on ait pitié de moi.

Je vais bien.

— Asseyez-vous, nous interrompt la voix d'Ivan.

Tout le monde l'écoute, et je vais m'installer dans un coin de la table. Je ne peux m'empêcher de fixer le vide, tentant d'assimiler tout ce qui se passe.

IGOR | en réécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant