3.
La rivalité entre les Serpentards et les Griffondors ne dataient pas de la veille, et remontait, semblait-il, à des années, voire des siècles, auparavant, au moins à la construction de Poudlard, comme si l'opposition entre les deux maisons était l'héritage d'une étrange tradition.
Cela se ressentait tout d'abord dans tout Poudlard, particulièrement quand les équipes de Quiddicht de ces maisons allaient s'affronter. Au moins une semaine avant le match, les regards se faisaient mauvais, on calomniait sur l'équipe adverse, comme si il s'agissait d'une sorte de jeu de popularité où tous les coups étaient permis.
À une autre échelle, plus relative, l'animosité entre les verts-argents et les rouges-ors était visible de part les relations plus tendues entre les élèves des deux maisons. James, Peter, Sirius et Rémus en étaient les parfaits exemples : ils menaient la vie dure à Snape et à ses confrères, qui le leur rendaient bien également. Lily était l'une des seules à avoir été amie avec un étudiant de Serpentard, mais ses liens avec Snape s'étaient rapidement dégradés, alors que les farces entre les deux maisons, quant à elles, se multipliaient.
Si au départ, elles se limitaient à quelques bousculades dans les couloirs ou à des regards noirs durant les cours de Potions ou pendant les repas, à travers la Grande Salle, elles étaient devenues bien plus fréquentes, plus vicieuses, plus visibles et malicieuses.
Le groupe – les Marauders – étaient souvent les investigateurs de ces blagues et quelques fois, ils parvenaient à s'en sortir sans aucune punition, grâce à l'intelligence et la ruse de Rémus.
Ces derniers temps, aucune farce n'avait été pourtant à déplorer, ce qui intriguait, plus qu'inquiétait, le garçon aux cicatrices. Il s'attendait au pire. Quand il fit part de ses soupçons à James, voici ce qu'il lui répondit :
_ Mais non ! Moony... tu te fais encore des idées !
Rémus était frustré que personne ne le croit, surtout qu'il s'était avéré maintes fois qu'il avait eu raison de se fier à ses instincts. Il se sentait parfois comme Cassandre, maudite par Appolon.
Un soir, alors que Peter était dans la salle commune à faire ses devoirs avec Lily qu'il l'aidait, et que James était tout bonnement introuvable (Rémus avait quelques hypothèses à ce sujet mais il préférait les garder pour lui pour le moment), Rémus et Sirius se retrouvèrent tous les deux dans la chambre. Comme à son habitude, Rémus était allongé sur son lit, entouré par des dizaines de livres. Il était penaud, se demandant comment aborder le sujet avec son meilleur ami. Il ouvrit la bouche plusieurs fois, mais à chaque fois, aucun mot n'en sortit. Frustré de ne pas savoir comment s'y prendre, il replongeait rageusement dans sa lecture, les sourcils froncés, témoins de son désarroi.
Alors qu'il recommençait une fois de plus le processus, Sirius, amusé, s'exclama :
_ Si tu as quelque chose à me dire, Moony, dis-le ! Tu sais très bien que je ne vais pas te manger !
Sirius se leva de son lit et se jeta sur celui de Rémus, qui eut à peine le temps de se décaler. Le brun se colla à lui, passant son bras autour de ses épaules.
Ce n'était pas vraiment inhabituel pour eux, ils avaient toujours été très tactiles l'un avec l'autre.
Rémus soupira, repoussant très loin cette étrange émotion qu'il ressentait à chaque fois que son meilleur ami le touchait, le surnommait « Moony » d'une voix d'enfant ou le regardait avec de grands yeux de chien battu.
_ Ce n'est rien, dit-il en poussant quelques livres pour qu'ils aient plus de place sur le matelas. Je... simplement, j'ai une sorte de mauvais pressentiment...
_ Par rapport à ton problème de fourrure ?
_ Non ! Pas du tout ! rétorqua Rémus en rougissant. Et arrête d'appeler ça comme ça, c'est gênant...
_ Si tu le dis, fit Sirius en lui donnant un coup d'épaule taquin. Donc c'est par rapport à quoi alors ?
_ Je ne sais pas vraiment... j'ai trouvé les Serpentards très calmes dernièrement. En général, ça ne présage rien de bon... L'autre jour, James a saboté la potion de Snape et il lui a à peine lancé un regard meurtrier...
_ Peut-être qu'ils se sont enfin rendus compte de notre supériorité. Il n'est jamais trop tard.
_ Sirius, sois un peu sérieux !
_ Je m'y emploie depuis dix-sept ans, crois-moi...
Les deux adolescents changèrent de sujet de conversation et n'en reparlèrent plus. Peut-être auraient-ils dû... ainsi, ils auraient certainement remarqué que l'une des clefs de leur salle de bain avait mystérieusement disparu et qu'ils auraient sans aucun doute entendu Lucius Malfoy venter les mérites de la si fabuleuse et incroyable couleur verte.
Alors, seulement, peut-être se seraient-ils méfié de leur shampoing. Et peut-être ne se seraient-ils pas retrouvés, tous les quatre, avec les cheveux verts.
James et Sirius lancèrent des regards désolés à Rémus, dégoûté.
Car, oui, Rémus Lupin l'avait vu venir.
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Intuition ~ Wolfstar
FanfictionCinq fois où Rémus Lupin a compris la situation et les choses avant tout le monde, et une fois où il n'a vraiment, vraiment, rien vu venir.