4- Première étape

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Je fronce les sourcils en me tournant vers Clara qui me lançait cette interrogation.

- Non, c'est normal qu'il soit en colère.

- Il y avait plus que de la colère. Il a serré ton bras tellement fort qu'il a laissé une trace.

Je regarde mon bras et effectivement il a laissé une marque rouge. Mais j'ai rien senti sur le moment et je suis sûre qu'il ne l'a pas fait exprès.

- Il était en colère Clara. Il s'en est sans doute pas rendu compte.

- Peut-être... souffle-t-elle.

La sonnerie nous interrompt. J'aimerai bien la détruire cette foutue sonnerie, le son qu'elle renvoie est insupportable. Nous allons en cours et on s'installe un peu au milieu de l'amphi. Quelques minutes après l'arrivée du prof, quelqu'un entre dans la salle sans toquer : Boris.

Apparemment c'est son habitude d'être en retard lui. Il ignore le prof et monte les gradins. Je ne peux empêcher un frisson me parcourir le corps quand nos regards se croisent. Je baisse immédiatement la tête, je sens que je peux exploser si je le regarde encore dans les yeux. Il me dégoûte. Je sens toujours son regard sur moi et ça me fait flipper.

- On doit découvrir ce qu'il fait ici, s'exclame Clara.​

Première étape.

Pour avoir des réponses il va falloir lui parler. Parler à Boris. Parler à mon pire cauchemar. Je peux lui vomir à la gueule si jamais je me retrouve en face de lui.

- Tu peux le faire ? me chuchote Clara.

- Je ne sais pas si j'y arriverai.

- Si t'es pas sûre, on laisse tomber pour le moment.

- Je vais le faire-

- SILENCE VOUS DEUX, crie soudain le prof en nous fusillant du regard.

Les autres regards se tournent vers nous. La salle est plongée dans le silence. Je remarque alors qu'il n'y avait que nous qui faisions du bruit. Le prof poursuit ses explications. Quand un connard arrive en retard il ne dit rien mais quand nous on fait un peu de bruit il se fâche ? Je lève les yeux au ciel et me décide à suivre le cours auquel je ne prêtais aucune attention.

***

Je suis installée à la cafétéria avec Clara. Hamed ne peut pas nous rejoindre pour je ne sais quelle raison. Je crois qu'il est toujours énervé parce qu'on ne l'écoute pas. Je discute des questions que je devrais poser à Boris. Je suis effrayée à l'idée de lui adresser la parole, mais il faut que je le fasse. Pour l'instant il n'est pas encore là, ça nous laisse le temps de tout préparer.

Dix minutes après le début de la pause, Boris apparaît en fin à l'encadrement de la porte de la cafétéria. Il attire quelques regards, surtout celles des filles. Car malgré que sa personne me répugne, je dois avouer qu'il a un physique avantageux. Il va prendre un plateau et se sert. Je ne suis plus très sûre de pouvoir lui parler maintenant qu'il se trouve à quelques mètres de moi.

- Vas-y ! fait la voix de mon amie.

Je tourne la tête vers Clara. Elle voit bien la peur dans mes yeux et tente de me rassurer en posant sa main sur la mienne, mais cela ne marche pas. Je n'y arriverai pas.

- Kim, écoute, tu dois affronter ta peur si tu veux avancer et, pense à ta vengeance. Il ne te reconnaîtra pas alors tu n'as pas à t'inquiéter. Au pire je suis là et on est entourées de personnes qui nous aideront si ça tourne mal.

Je dois affronter ma peur, je dois la vaincre. De quoi j'ai peur au juste ? Il ne m'a pas reconnue quand il m'a vue, il ne sait pas qui je suis. Il n'a aucune raison de s'en prendre à moi.

Il n'avait aucune raison de s'en prendre à toi cette nuit, pourtant il l'a fait.
Et il doit payer pour ça, pour m'avoir brisée. Je me lève et marche dans sa direction. Plus je m'approche de lui, plus je perds la face. Une boule se forme dans mon ventre et mes mains se mettent à trembler. Je m'arrête, prête à abandonner l'idée, et me tourne vers Clara. Elle m'incite à y retourner. Je le sens pas du tout.

Il va me faire du mal.

Il va m'attaquer.

Je regarde dans la direction où était Boris mais il n'est plus là. Merde où est-il passé ? Je regarde autour de moi et cogne une personne au passage.

- Mince, excusez-m-...

J'ai pas le temps de la finir en relevant ma tête que mes yeux croisent ses iris bleus. Boris se tient en face de moi. Je viens vraiment de le toucher ? J'ai un mouvement de recul qui le fait froncer les sourcils. Mon cœur ne veut plus rester calme.

- Je ne suis pas si repoussant que ça, pourtant j'ai l'impression de te faire fuir ; laisse-t-il entendre.

Mais aucun mot ne veut sortir de ma bouche. Je continue de reculer doucement alors que ses yeux bleus me lancent un regard interrogateur.​

Aller Kim, fait un effort.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Je ne te fuis pas.

- Ah ouais ?

Il avance d'un pas dans ma direction. Par réflexe, je fais un grand pas en arrière.

- Je te fais peur, insiste Boris.

Quant à moi, je dois essayer de paraître la plus normale possible ou il risque de se douter de quelque chose. Je tente de calmer la panique et l'angoisse qui grandissent en moi.

Imagine que tu ne parles pas avec lui. C'est pas Boris mais quelqu'un d'autre.

- C'est dans ta tête ça, tu me fais pas du tout peur.

Et les poules ont des dents.

- C'est pas l'impression que tu me donnes.
Lorsqu'il dit ça je décide de jouer à la fille confiante, même si c'est tout l'opposé que je ressens.

- L'impression que je te donne m'importe peu.

Il hausse un sourcil puis sourit en hochant la tête.

- Boris Hopkins, se présente-t-il en me tendant sa main. Je regarde sa main, qui attend de serrer la mienne. Je ne veux pas le toucher.

Trouve une excuse.

- J'aime pas le contact physique ; Kimberly Mcbrown.

- Ça tombe bien moi non plus Kimberly.

Non sans blague.

Mais venons-en au but. Qu'est-ce qu'il vient faire à Los Angeles ? Il n'a aucune raison d'être ici. Ou peut-être que si ?

- Alors Boris, t'es nouveau en ville ?

- Oui, je suis arrivé juste avant la rentrée ; me fait-il savoir.

Nous marchons dans la cafèt. J'ai moins peur sachant qu'il se doute de rien, mais je suis tout de même stressée et surtout dégoûtée de devoir lui adresser la parole. J'essaie d'instaurer le plus d'écart possible entre nous.

- Tu viens d'où ?

- Seattle.

- Qu'est-ce que tu viens faire à Los Angeles ? C'est loin de Seattle.

Il ralentit le pas et s'installe à une table vide. Je m'assois en face de lui. Il semble chercher quelque chose dans la foule d'étudiants présents dans la pièce. Son regard s'arrête sur Clara. Il se tourne vers moi.

- Tu restes avec moi ? Tu ne vas pas rejoindre ton amie ? dit-il en ignorant ma question.

- Ma présence te dérange ?

- Non, mais tes questions si. Je ne suis pas là pour me faire des amis.

Je ne suis pas là pour être ton amie connard.

Il vient clairement de me remballer. Je ne vais pas abandonner pour autant. J'ai besoin de savoir.

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