Le Vieux Jacques

Future maman

_'' Professeur, que faites vous ici ? Demande l'écolière en s'essuyant les larmes, vous n'êtes pas à la retraite.

_ Être à la retraite ne signifie pas rester dans un coin voyons,répond Jacques en rigolant, tu me fais une place ? ''

  La jeune fille hoche la tête, elle s'écarte. Le vieillard s'installe péniblement ce qui fait sourire la jeune fille.

_''Tu te moques de ton vieux professeur Carla ?

_ Non professeur, pas du tout.

_Alors pourquoi ces larmes ?''

   La jeune fille ne répond pas, elle enfouit sa tête dans ses mains puis commence à sangloter. Jacques comprend alors que son élève a de graves problèmes. Il ne dit rien et attend qu'elle s'exprime.

_''Professeur je suis désolée, je... je suis désolée, dit-elle dans un éclat de sanglot.

_De quoi tu te désole à ce point ?

_ Je n'ai plus d'avenir, je ne pourrai plus continuer l'école.

_Et pourquoi ça ?

_Professeur je m'en veux tellement

_Mais parle Carla, qu'est ce qui te fais mal à ce point ?

_En fait professeur, je suis amoureuse...

_Est-ce un crime d'être en amour ? Je ne crois pas, bien que la majorité des gens ici ne seront pas d'accord avec moi.

_J'aurai dû faire plus attention professeur.''

   Le vieux Jacques comprend alors ce que veut dire la jeune fille. Il inspire un grand coup, ce n'est pas la première fois que ce genre de situation se présente devant lui. C'est alors que les visages de deux jeunes adolescents apparaissent dans son esprit. Le vieux Jacques expire bruyamment, il lève les yeux et semble réfléchir.

_''Carla, puis-je te raconter une histoire ?

_Si vous voulez.

_Il y a des années de cela, dans ce petit village, vivait une jeune fille comme toi. Elle s'appelait Françoise. Tout comme toi elle était amoureuse d'un jeune homme appelé Frédéric. Mais un jour Frédéric a dû partir car ses parents avaient pour projet de le faire poursuivre ses études à l'étranger. Je peux te dire que la jeune Françoise était dévastée. Peu de temps aprés, on ne la voyait plus sur les bancs de l'école. Ses amis ont commencé à s'inquiéter car Françoise était une élève très appliquée, et surtout elle comptait réussir sa dernière année pour pouvoir entrer dans une bonne université à la capitale. Un jour ils sont allés chez elle mais ne l'ont pas trouvé. D'après la mère de celle-ci elle était partie et personne ne savais où elle était allée. Puis un jour, après des mois d'absence, sa mère vient habillé de vêtements noirs, signe de deuil. Il n'a pas fallu longtemps avant que l'on comprenne la raison de son deuil.

_ Attendez, elle est...

_ Oui, Françoise est morte.

_ Mais comment ?

_ Eh bien il s'avère que peut de temps après le départ de Frédéric, Françoise était enceinte. Les parents de celle-ci n'ont pas approuvé cette grossesse et l'ont mis à la porte. Après s'être fait expulser de la maison familiale, Françoise trouva le moyen de partir en ville. Son but était de se faire avorté. Elle avait entamé des processus dans une clinique clandestine pour le faire. Malheureusement, quelques jours après cette opération, on l'a retrouvé morte dans une chambre d'hôtel.

_ Et Frédéric dans tout ça ? Il était au courant ?

_ Non. En effet ses parents ont pris soin de ne rien lui dire. Cinq ans après le drame, il est revenu au village. Il demanda des nouvelles de Françoise mais personne ne voulais porter la charge de lui raconter ce qui s'était passé. Ce n'est qu'un jour, un dimanche si je me rapelle bien, qu'il pris connaissance de ce qui s'était passé par le biais de son ancien professeur. Je peux te dire à quel point ce jeune homme était déchiré de l'intérieur. Le fait est qu'il a gardé contact avec son amoureuse pendant un temps malgré la distance et puis qu'un jour elle n'a plus donné signe de vie.

_Qui est donc ce professeur ? Il a eu du cran alors que personne ne voulais lui dire.

_ Ce professeur est justement en train de te raconter cette histoire.''

   Carla regarde le vieillard étonné. Face à son étonnement, Jacques éclate de rire.

_''Oui, c'est bien moi ma petite Carla et figure toi que Françoise avait le même âge que toi.

_ Dix sept ans.

_ Oui, dix sept ans. Maintenant, que tu as entendu cette histoire, que comptes tu faire ?

_ À vrai dire, je sais pas mais...

_Mais ?

_ Mais je n'ai pas envie de finir comme Carla, en plus ma mère n'est pas du genre à chasser ses enfants de la maison.

_ Moi non plus je n'ai pas envie de voir encore l'une de mes élèves mourir ainsi. Je voudrai que tu y réfléchis à deux fois avant de prendre une décision.

_Oui je sais. Mais avant...''

   Carla se lève, elle secoue sa jupe plicano et défait les plis. Elle tend la main au vieillard qui prend appuie et se lève à son tour.

_'' Professeur, pensez vous qu'un enfant signifie la fin ? Demande t-elle en rassemblant ses affaires.

_ Non, un enfant ne t'empêchera pas d'avancer, il suffit que tu le veuilles ou non. Mais ce ne sera pas facile.

_ Merci professeur, vous savez vous nous manquez beaucoup.

_ Vous aussi les enfants mais je n'ai plus la même vitalité qu'avant. Vas y, retourne à l'école, les cours ont commencé depuis longtemps.

_ J'y vais, aurevoir professeur et merci.

_ Aurevoir Carla.''

     Ainsi donc le vieux Jacques reprend sa promenade. Il fait de plus en plus chaud, les gens vont et viennent dans les ruelles. Jacques décide de se rendre dans la petite église située en face de la place. C'est alors que le son des cloches retentissent. '' Midi, déja !'' S'exclame t-il tout en accélérant le pas.
'' Le temps passe vite dis donc.''