PROLOGUE

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Mes pieds nus martèlent le sol avec ferveur, le soleil tape sur mes pommettes.

Je ruisselle de sueur.

Je ne sais pas pourquoi je cours mais mon cœur palpite fort dans ma poitrine. J'ai un fort sentiment de peur. Une peur qui grandit de plus en plus en moi. Mon rythme cardiaque se met à accélérer de plus belle. C'est comme si ma cage thoracique allait exploser d'un moment ou un autre. Un peu comme une bombe, vous voyez. Elle attend sagement que ce soit son heure. Et sans que vous vous attendiez, elle crie,

BAOUM

Après cette peur qui ne souhaite que sortir de vous, qui ne souhaite qu'à éclater au grand jour, vos pieds prennent les commandes sans que vous ne lui en donniez l'ordre. Et vous fuyez d'instinct à l'opposé de la chose qui vous menace.

Alors, sans savoir réellement pourquoi je cours de toutes mes forces, autant que mes jambes et mes pieds me le permettent, si fatigué et si lourde sont-elles, vers ce quelque part ou ce quelque chose n'est pas.

Mes pieds me fond mal mais je me force à continuer. Je sens que le sol est dure et piquant. Elle écorche mes pieds. Mon corps suit la cadence et mon regard se porte sur cette prairie qui ne semble abriter aucun danger. Elle semble calme et est étrangement lumineuse. Trop calme à mon goût.

Je n'ose pas me retourner, j'ai bien trop peur de savoir si cette chose me rattrape. Je ne l'entend pas, je n'entend que mon souffle et ma course.

Mais soudain mon corps s'arrête brusquement. Je ne pense plus à ce qui me poursuit, seulement à ce qui semble bouger dans la forêt.

Est-ce un animal ? Un homme peut-être ?

Je ne vois qu'une ombres, j'ai beau forcé sur mes yeux je ne vois rien, je la distinguer à peine, elle bouge trop rapidement. Elle fait rage dans la forêt.

Le ciel se met à s'assombrir comme si le temps passait à une folle allure. La forêt devient terrifiante, elle devient mon spectateur. Elle me jette des regards de moquerie. C'est difficile à le croire, pourtant je vous assure que c'est vrai. Et j'ai la folle impression d'être leur toute petite souris recroquevillé dans sa cage à la merci de leur longue griffe.

Et je ressens une forte douleur à l'arrière de mon crâne. Je touche ma tête du bout des doigts. Je saigne. Je commence à avoir la tête qui tourne.

Avant que je ne comprenne seulement ce qui m'arrive, un craquement se fait entendre juste derrière moi, à quelques pas seulement. Et je réalise. Je suis toujours poursuivie.

Je suis pétrifié de terreur.

Ce quelque chose m'aurait-il rattrapé ? Aurais-je été imprudente de m'arrêter en plein course ?

Même si j'ai peur, cette fois je ne m'enfuis pas, je ne perds pas courage, je sais que si je ne le fais pas, je m'enfoncerai dans cette terrifiante forêt et ces regards et ces rires auront eu raison de moi.

Je décide de me retourner, tout doucement, en direction de ce bruit. Mes mains tremble. Je n'ose pas lever les yeux.

Mais lorsque je les lève ce que je vois me glace le sang.

Son visage, un visage, est tout près du mien, je ressens son souffle sur ma nuque.

Je n'en demande pas plus, je hurle.

Je me réveille en sursaut, haletante. Je suis dans mon lit et je dégouline de sueur, je les essuie d'un revers de main.

Je fais toujours le même cauchemar, presque toute les nuits et ça me réveille à chaque fois. C'est toujours la même chose, jamais rien ne change. Jamais je n'arrive à m'échapper et jamais je ne sais qui c'est. Je me réveille toujours trop tôt. Son visage m'apparaît à chaque fois trop sombre lorsque je me réveille...

Mais au moins, quand il se finit, j'arrive à me rendormir et laisse derrière moi ce cauchemar épouvantable.

L'Heterre - Le Chant Des Oiseaux T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant