La grande équation

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La première fois que Elijah Ewan avait entendu parler de la mutation, c'était au journal télévisé, un soir d'Octobre où sa mère avait décidé qu'elle était trop fatiguée pour faire autre chose que zapper sur le canapé. Il n'avait que cinq ou six ans à l'époque, il jouait sur le dossier du canapé avec des chevaux en plastique. Ils escaladaient une montagne. Une dame parlait à la télévision, devant ce qui devait être une école primaire. La dame parlait fort, et elle avait une drôle de voix. C'était pour ça qu'Eli avait tendu l'oreille, sinon, les infos ne l'interessaient pas beaucoup.

"Je comprends biens que les mutants ne seraient pas responsables de leur mutation, même si cela doit bien être dû à un mode de vie discutable. Mais je ne pourrais pas dormir tranquille en sachant qu'il en un à l'école de mon fils! Que vous le vouliez où non, ces gens là sont dangereux ! Moi je dis ce que je pense!"

Elijah avait appuyé sa joue contre le canapé sans quitter la télévision des yeux. La télévision était brillante.

-C'est quoi un mutant maman? avait-il marmoné en pensant plus au flan qui restait au frigo qu'à sa question.

Sa mère, qui avait dû fermer les yeux à cause de sa migraine, les avaient brusquement rouvert et d'un geste sec, avait changé de chaine. Disparue la femme qui se plaignait, disparue la manifestation devant l'école, disparus les mutants.
Elijah avait bien entendu répété sa question trois fois, parcequ'il aimait le son que ça faisait quand il disait le mot "mutant, mutant", mais sa mère avait fait mine de ne pas l'entendre.
Eli avait oublié sa question et c'était assis correct sur le canapé. Maintenant qu'on avait changé de chaine, il y avait un épisode de Zorro.

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La deuxième fois qu'Elijah avait entendu parlé de la mutation, il avait neuf ans, et comme tout bon garçon de neuf ans, il aimait: ses nouvelles basket (elles étaient rouges), le Schweppes agrumes et les histoires-d'horreur-mais-nan.
Le concept des histoires-d'horreur-mais-nan, c'était de se retrouver en groupe de cinq ou six entre les toilettes et le gymnase, de baisser d'un ton et de raconter la pire légende urbaine qu'on est jamais entendu, ou en inventer une s'il fallait.
Ensuite, il fallait se tenir bien droit, ignorer les sueurs froides dans son dos et faire croire au reste de cette noble assemblée que non, on avait pas peur, pas du tout.
Il fallait toujours attendre de rentrer à la maison pour pouvoir filer dans les jupes de sa mère en sanglotant et en demandant : " C'est pas pour de vrai, hein, dis, c'est pas pour de vrai?"

C'était Bill Orag qui avait amené le sujet des mutants sur le devant de la scène.

"Ils sont exactement comme nous! C'est presque impossible de savoir qui est normal et qui est comme eux! Sauf que eux ils ont quelques chose en plus, et tu sais jamais quoi avant que ça te tombe dessus. Les mutos tu peux pas les détecter, tu peux pas prévoir leurs coups, tu sais jamais de quoi ils sont capables. Et vous savez quoi? Ils sont déjà tous parmi nous!"

"C'est n'importe quoi! Mon père il m'a dis que les mutants ça peut pas exister!"avait répondu Clara Richards, à qui il ne fallait pas dire de bêtises.

"Bien sur que si, c'est à cause des vaccins!"

"C'est ce que je disais, n'im-por-te-quoi"

"Si, c'est vrai!"

"Non, c'est pas vrai!"

Eli avait subit ce débat d'une maturité sans nom en silence, observant ses chaussures. Il n'avait pas décroché un mot de tout le reste de la récréation, jusqu'à ce que les autres cessent de parler de mutants. Durant les mois qui suivirent, il avait regardé les gens d'une façon nouvelle. Avec la peur virale que, sans qu'il ne le sache, ceux ci soient différents de lui. Qu'une force mystérieuse dont il ne comprenait rien les sépare à des niveaux qu'il était incapable d'imaginer.

Il les regardait en essayant de ne pas penser à la dame de la télé, en priant pour qu'ils n'existent pas vraiment.

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La troisième fois que Elijah avait entendu parler de la mutation c'était sur un écran dont sa mère pouvait difficilement changer la chaine. Son patron avait enfin consenti à lui payer ses heures supplémentaires et elle avait décidé qu'elle et son fils allaient profiter d'un après midi à Times Scare qu'ils méritaient depuis si longtemps.
Eli avait quatorze ans, et rien ne le faisait plus fantasmer que de manger une glace au milieu des écrans démesuré qui démultipliaient et agrandissaient mille fois le visage des passants choisit par la camera. Le coeur battant, il espérait que celle ci allait finit par passer sur lui quand les lumières avaient trésautée pour brusquement diffuser une chaine d'information ordinaire.

Eli n'avait pas immédiatement compris ce qu'il s'y passait. La camera au sol tremblait trop pour qu'on n'y voit quelques choses mais on percevait des décombres tombant du ciel pour s'écraser au sol, et les hurlement du métal se déchirant. Au bas de tout les écrans, écrit en lettres géantes, défilaient des mots comme "nouvel attentat mutant" ou " Magneto".
Enssuite, un hélicoptère avait pris le relais pour les images et Eli avait manqué lâcher sa glace à l'orange en voyant les voitures et les réverbères virevolter dans les airs au-dessus d'une grande avenue Californienne, poursuivant sans relâche un break noir du gouvernement qui ziguezaguait entre des vacanciers terrifiés qui tentaient de fuir en maillots de bain et serviette de plage.

C'était une chose étrange que de sentir toute une assemblée retenir son souffle comme un seul homme, et même sans comprendre ce qu'il se passait sur les écrans, Eli sut aussitôt qu'il devait en avoir peur. Il le sut d'autant plus au ton du présentateur moustachu qui apparu au-dessus de Times Square.

"La nouvelle attaque du groupe terroriste de la Confrérie, visant à détruire les dossiers de fichage des porteurs du gène X de l'état de Californie prouve de manière ostentatoire que la nouvelle communauté des mutants tentent de nous rendre vulnérables et pénétrant des institutions de l'état. Ce qui a commencé comme un défaut génétique tourne à présent à un véritable sectarisme. Nous sommes en droit de nous demander combien ils sont dangereux, car ils sont dangereux, nous ne pouvons le nier après ces images..."

Eli n'avait pas entendu la suite, car sa mère avait attrapé sa main poisseuse de glace et l'avait tiré plus loin dans la foule.

-Viens! Tu n'as pas besoin de voir ça, ce n'est pas bon pour un enfant !

-Maman! J'ai quatorze, j'peux savoir ce qu'il se passe ! avait protesté Elijah en tirant sur son bras pour se dégager.

A cet age, il dépassait déjà sa mère de quelques centimètres (il fallait dire qu'elle n'avait jamais été bien grande), et elle ne pouvait pas faire grand chose pour lui résister s'il voulait continuer à voir l'affaire.

Quand ils furent rentrer dans leur appartement, il lui avait demandé pourquoi elle ne lui avait jamais parlé des mutants. Maintenant qu'il savait, maintenant qu' il avait été mit devant le fait avérée de leur existence, il réalisait qu'ils avaient toujours étés là : dans des murmures inquiets dans la rue, dans des manifestations qu'il croisait sans comprendre ce qu'ils voulaient, dans des blagues méchantes à la récréation. On ne lui avait simplement jamais fait comprendre combien ce sujets était important dans la société.

"Un enfant n'a pas à savoir ça, c'est déjà bien assez angoissant pour un adulte! " avait-elle déclaré d'un ton définitif. " Un enfant n'a pas a grandir dans un climat de terreur pareil. C'est vrai Eli! Tout le monde tourne ça comme si une guerre allait éclater!"

"Et c'est vrai, maman?"

Maman n'avait pas répondu, et avait commencé à couper les tomates pour le dîner. Elijah était retourné dans sa chambre.
C'était ses même posters de Top Gun, ses vieux tomes de Percy Jackson emprunté à la bibliothèque du quartier, sa même couette spéciale des Knicks, pourtant quelques chose semblait différent. Tout venait de changer et il avait un drôle de poid dans le ventre.
Finalement peut-être qu'il aimait bien les méthodes d'éducation de sa mère.
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La dernière fois qu' Elijah Ewan avait entendu parler de la mutation, ce fut le jour et il était rentré du lycée pour trouver le professeur Charles Xavier prenant le thé avec sa mère.

Que veut dire le X?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant