- Tu fais...moins...le malin...maintenant...HEIN ?
Éric était à genoux sur son adversaire qu'il avait agrippé au col. Le martèlement de ses poings ponctuait ses hurlements.
- Sale petite raclure, tu pensais faire quoi ? Ça t'amuse de faire ça, hein ? Ça t'amuse ? FOUTEZ-NOUS LA PAIX !
Ses phalanges percutèrent la mâchoire de l'ennemi dans un crac ! sonore. Du sang gicla du nez qu'il venait de briser.
C'est très bien, continue. Fais pénétrer le message, qu'il se souvienne de nous.
Un sourire malsain le défigura à mesure que les coups pleuvaient. Le visage du parasite était plus violacé qu'une prune. Il devait amèrement regretter son insolence, à présent. Qu'il essaie de s'excuser ou d'implorer sa pitié, qu'il essaie seulement...
- Mais enfin, arrêtez !
- Vous allez le tuer !
- Quelle honte !
- J'appelle la police !
Des voix outragées résonnèrent autour de lui. Mais les mots qu'elles prononçaient n'atteignaient pas son cerveau, qui baignait dans une brume écarlate. Soudain, des mains lui agrippèrent les épaules.
Non ! Ne laisse pas ces vermines te toucher, elles vont te faire du mal !
Le cœur d'Éric éclata dans sa poitrine. Ses yeux flamboyants se tournèrent vers l'amas de dévots resserré autour de la querelle. Trois d'entre eux avaient posé leurs sales mains sur lui et le tiraient en arrière !
Ses lèvres se retroussèrent, dévoilant des dents plus acérées qu'un jeu de couteaux, et Éric rugit à gorge déployée. Un son métallique d'une extrême sauvagerie. Le plus féroce des lions en aurait pâli.
Des exclamations horrifiées retentirent. La foule entière eut un mouvement de recul, et les trois imprudents retirèrent leurs mains comme s'il les leur avait mordu. Haletant, il scruta l'assemblée avec fureur, un visage épouvanté après l'autre. Jusqu'à celui de Jad.
Ses yeux d'ordinaire si doux étaient écarquillés. Sa grande main était plaquée sur sa bouche, et sa poitrine demeurait inerte, comme si son souffle s'était suspendu.
Le rictus d'Éric dégoulina de son visage. Ses yeux papillotèrent, ses phalanges se déplièrent une à une. Son attention se reporta brièvement sur sa victime geignante, qu'il toisa un instant avant de se relever avec précaution. Ignorant les murmures craintifs et les reculs précipités sur son passage, il rejoignit Jad, qui ne l'avait pas lâché des yeux.
Tête baissée, il lui enserra la taille, et d'une simple pression, l'entraîna loin de la cohue sans un regard en arrière.
***
Les rues commerçantes se succédaient dans un silence de mort. Le sol pavé défilait sous les yeux d'Éric qui peinait à respirer, comme si une main invisible lui serrait la gorge. Le stress le rendait plus nauséeux que le meilleur des émétiques.
Les mains dans les poches, il risqua un coup d'œil timide vers Jad. Sa démarche était mécanique, et son regard rivé droit devant lui, aussi expressif qu'un poisson mort. Éric déglutit.
- Je...J'suis désolé..., bredouilla-t-il d'une voix étranglée.
Jad sursauta avant de se tourner vers lui, comme s'il venait de remarquer la présence d'Éric à ses côtés. Ses lèvres entrouvertes et ses yeux ronds lui donnaient un air ahuri.
- Tu...
- Désolé de t'avoir entraîné là-dedans. Je sais que t'aimes pas trop ça. Mais t'as bien vu, il allait s'en prendre à nous. Fallait que je l'en empêche, tu comprends ?
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𝐄𝐧𝐝𝐢𝐚𝐛𝐥𝐞́ [PREMIER JET]
Siêu nhiênDepuis le départ brutal de son ex fiancé, Éric est bien décidé à assumer pleinement qui il est. Son quotidien a beau se résumer à son meilleur ami, quelques bagarres, et servir les clients d'une cabane à sucre montréalaise, il n'échangerait sa place...