Chapitre 4

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La salle n'avait pas tardé à se remplir sitôt le panneau retiré, des vieux et pieux amis de son père auxquels il avait adressé ses plus faux sourires, aux groupes de touristes attirés par la renommée des auberges locales. Les chaises vacantes avaient peu à peu disparu, et les assiettes pleines s'étaient accumulées entre les ornements automnaux, emplissant la pièce d'odeurs alléchantes mêlées à un joyeux brouhaha. Drapé dans son tablier, Éric avait multiplié les allers-retours entre la salle principale et la cuisine, sortant tourtes et gratins du four pour les amener tout chauds sur les tables où les convives se servaient avec des exclamations ravies.

L'heure du dessert était ensuite arrivée, et avec elle celle des festivités. Tous s'étaient levés d'un même élan pour pousser les tables contre les murs, avant qu'elles ne soient couvertes de tartes et de piles de beignets. Des musiques ecclésiastiques retentissaient dans de vieilles enceintes, et ceux qui ne dansaient pas en rythme discutaient autour des pâtisseries.

Quand Éric prêta attention à l'heure, l'horloge indiquait minuit et demi. Il avait pris place à l'accueil sitôt le service terminé, et tendait de temps à autre la clé de leur chambre aux clients les moins endurants qui sortaient de la réception. Ses sourires se faisaient de moins en moins larges au fil des minutes à mesure que la fatigue et la faim le gagnaient. Profitant du départ d'un couple de locataires pour pousser un soupir impatient, il s'accouda sur le comptoir et alluma son téléphone avant de le ranger, bredouille. Jad devait avoir trouvé de la compagnie pour la nuit. Cette idée lui fit lâcher un petit rire, doublé d'un pincement au cœur qui le déconcerta.

Argh !

Une douleur cuisante lui transperça/mordit/tarauda la nuque / pulsa tout à coup sur sa nuque comme si on lui avait écrasé un mégot sur la peau. Muscles crispés, il porta machinalement la main à son cou, la tête rentrée dans les épaules, mais ne sentit ni sang ni chair à vif. (Ses doigts ne rencontrèrent que l'habituel duvet qui terminait sa chevelure). Il se retourna à la hâte, prêt à cracher un chapelet d'injures, mais la pièce était déserte.

Sa grimace s'accentua lorsque la douleur explosa dans son crâne. Nauséeux, Éric continua à frotter l'arrière de sa tête sans rien sentir d'anormal. Il examina sa paume, avant de foncer les sourcils avec perplexité. Depuis quand avait-il deux bras gauche ? Ses paupières étaient de plus en plus lourdes...

- Eh... Kheïtan... Qu'est-ce qui se passe ? chuchota-t-il, trop sonné pour intérioriser ses pensées, la main maintenant plaquée sur son cœur qui commençait à s'emballer.

Quoi qui puisse causer cette douleur, maladie ou substance nocive, son démon l'en aurait protégé...à moins qu'il en soit/d'en être directement responsable.

- Kheïtan ?

Des gouttes de sueur perlèrent sur le front d'Éric. Sa chemise lui collait à la peau, et pourtant, il grelottait.

- Si c'est pour ce que j'ai dit tout à l'heure, je suis vraiment désolé... Je recommencerai plus jamais, je te jure... S'il-te-plaît, arrête... Kheïtan...

Le sang battait à ses oreilles. Ses genoux fléchirent sous son poids, et Éric se rattrapa de justesse au comptoir, les larmes aux yeux. Il avait de plus en plus de mal à respirer, et un poids désagréable lui pesait sur l'estomac, menaçant d'en expulser le contenu.

Cet état ne pouvait pas être du fait de Kheïtan, qui se faisait d'ordinaire une joie d'expliquer pourquoi/à quel point Éric méritait ses punitions. Il ne resterait pas de marbre alors que son hôte l'appelait comme si sa vie en dépendait.

Le vide glacial en lui le rendait malade/le terrorisait. Jamais encore il ne s'était senti aussi seul...

- P-Papa... Papa...

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 27 ⏰

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𝐄𝐧𝐝𝐢𝐚𝐛𝐥𝐞́   [PREMIER JET]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant