Ivos 1 - Feuille d'if parmi les sapins

Chapitre 19 - Elisaria

Je sors d'une longue douche chaude lorsque je m'installe à mon bureau avec le livre de la semaine que j'étudie avec Jeremy.

Une semaine et demie s'est déroulée depuis la « démonstration de mes talents », comme l'appelle Aster. Mon emploi du temps est plus chargé et je dois reconnaitre à Sasha qu'elle est une entraineuse incroyable, je ressens déjà les changements dans mon corps.

Mes muscles sont gainés, j'ai de meilleurs reflexes et mon endurance a considérablement augmenté, et j'ai considérablement réduit le nombre de kilomètres de course et de pompes durant mes entrainements.

Les heures que je passe avec Aster sont les plus difficiles et je ne saurais vraiment en deviner la raison. Les premiers jours étaient assez pesants, il nous faut certainement un peu de temps pour s'habituer à l'autre.

Nous mangeons maintenant tous ensemble et les repas sont souvent animés, Naos, Sasha et Aster débattent souvent de tout et de rien. Il y en a toujours un pour ne jamais être en accord avec les autres.

L'autre jour, ils débattaient de la nourriture. Laquelle convenait mieux pour quelles activités. Naos et Sasha étaient d'accords pour dire que le fromage, les pommes et le pain étaient les aliments les plus pratiques à transporter lors de voyages. Aster, qui n'était pas d'accord, pensait que le pain pouvait prendre l'humidité et les pommes pourrir ou être mangé par les chevaux. Ce qui était franchement inutile car je sais qu'il apprécie avoir du pain lors de ses voyages.

Jeremy et moi sommes toujours plus discrets, il a souvent un livre avec lui et lit en mangeant, ou bien il fait comme moi et les observe.

Mes leçons avec Naos sont au point mort. J'ai peur de recommencer une transformation et de rester bloquer dans la forme que j'emprunterai et malgré toutes les paroles rassurantes de mon ami, rien n'y fait. Alors il me demande de me concentrer sur les éléments qui m'entourent et, comme chaque fois, je suis absorbée par sa lumière.

J'essaie de la lui décrire mais aucun mot n'est à la hauteur de ce que je vois les yeux fermés. J'ai essayé d'observer les éléments qui m'entourent avec les yeux ouverts, mais je ne ressens presque rien, tout semble fade en comparaison. Mais c'est mon nouvel exercice et je dois essayer. De même, Aster m'a demandé de déchiffrer au mieux les émotions qui se dégagent des soldats qui nous entourent.

J'ai remarqué que certains objets conservent des traces des émotions lorsque celles-ci sont très fortes, par exemple, je me trouvais dans la laverie quand j'ai senti émaner des grandes cuves, un immense chagrin. Je n'en ai pas encore parlé à qui que ce soit pour le moment.

Mes fins d'après-midi avec Jeremy se passent à merveille, nous apprenons à nous connaitre en débattant et c'est vraiment un moment agréable. J'ai l'impression qu'il est devenu mon ami en un instant. Il parvient toujours à me faire rire même lorsque je suis fatiguée ou déçue de ne pas avoir fait assez de progrès dans la journée.

Je reviens au moment présent et me concentre sur mon nouvel ouvrage. Il parle de créatures fantastiques, celles qui ont existé, celles qui existent encore et celles qui n'ont été que le fruit de l'imagination de certaines personnes un peu penchées sur la bouteille. C'est très intéressant.

Je lis pendant une petite heure avant de regarder mon lit avec envie. Je me lève et commence à m'étirer en me dirigeant vers mon lit lorsqu'on frappe trois coups à ma porte.

Je grimace en me dirigeant vers la source du bruit.

— Oui ? dis-je en ouvrant la porte.

— Je suis passé voir comment tu te sens ce soir, min vakre.

Naos se tient sur le pas de ma porte. Ses cheveux blonds sont décoiffés et il m'offre un sourire à tomber. Je le détaille un instant, il porte une chemise blanche qui met en valeur ses épaules musclées, il semble détendu, les traits de son visages éclairés par son sourire, mais je remarque un léger froncement de sourcils qui contraste avec sa légèreté.