Comment raviver l'espoir ?

Lyna

Après cette heure de français, Lyna ne savait plus trop quoi penser. Au départ, son plan était d'être gentille avec Sophie, de devenir son "amie",  puis de la détruire en véhiculant des rumeurs sur elle.

Elle pensait faire comme cela car il était essentiel de la détruire mentalement et physiquement. Et du côté physique, Lyna avait décidé que c'était tout, car elle ne voulait pas que les autres pensent qu'elle n'utilisait que la violence pour résoudre ses problèmes. Il était donc grand temps de changer d'attaque !

Mais cette heure avait tout changé. Sophie s'était montrée vraiment gentille avec elle, ne s'était pas retenue et elles avaient rigolé ensemble comme de vrai amies !

L'adolescente pensait que la jeune fille allait être très sur la réserve, que le contact ne passerait pas et que Sophie avait une mentalité beaucoup plus "adulte". Au lieu de quoi, celle-ci était très gentille et Lyna avait beaucoup plus de remords à l'embêter.

En sortant de la salle de cours, la jeune fille partit, un peu mal à l'aise vis-à-vis de Sophie.

En voyant que celle-ci s'apprêtait à filer dans son coin, elle la retint avant de changer d'avis.
- Hé, Sophie ! Viens un peu avec nous ! Au fait... Je voulais te présenter mes excuses... Pour avoir empêché Eleanore de t'inviter. Tu peux venir ! C'est demain, à partir de 19 heures. Tu pourrais ramener une boisson, s'il te plaît ?
- Euh... D'accord ? dit Sophie, abasourdie.

Elle suivit Lyna, qui était, elle aussi, abasourdie d'avoir réussi à dire une telle chose.

Elles arrivèrent au groupe des populaires, le groupe de Lyna. Celle-ci était un peu mal à l'aise d'arriver avec la fille qu'elle martyrisait quelques jours plus tôt.

Mais Léo engagea la conversation pour détendre l'atmosphère.
- Hé, salut, Lyna, salut, Sophie ! On est d'accord que le prof de français abuse ? L'évaluation, trop dure ! Et au fait, qui ramène des biscuits pour la fête de... Oups ! fit-il en regardant Sophie, se souvenant qu'elle n'était pas invitée.
- Ne t'inquiète pas, elle vient, dit Lyna.

Et la conversation repris de plus belle, aidée par la mitraillette de parole de Léo.

Celui-ci faisait tout pour mettre Sophie à l'aise. Lyna, elle, la lorgnait pour voir si elle s'habituait à être en groupe avec les filles qui la brutalisait quelques jours plus tôt. Et en effet, celle-ci s'habituait bien.

Elle était en pleine discussion avec Léo. Lyna voyait bien que la jeune fille n'était pas insensible aux charmes du jeune homme, et s'en amusait.

La cloche sonna, et les cours reprirent. La journée se termina, dans la bonne humeur la plus totale pour Lyna et Sophie.
 
Le lendemain, Lyna se réveilla joyeusement. Elle avait prévu de se lever tôt pour prévoir sa tenue de la fête. Elle fouilla dans sa garde-robe, espérant trouver quelque chose à se mettre.

En cherchant bien, la jeune fille trouva effectivement une jolie tenue, mignonne sans être trop provocante, car Lyna ne tenait pas à effrayer Sophie dont c'était la première fête.

Et puis, de temps en temps, Lyna en avait marre de jouer à la fille provocante.

Le réveil sonna 7 heures. La jeune fille, qui était perdue dans ses pensées, sursauta et alla se doucher et se changer, car elle ne tenait pas à ce que les autres voient ce qu'elle avait prévu de porter le soir même.

En arrivant au collège, elle alla directement voir Sophie. Celle-ci était mal à l'aise dans sa robe à fleurs.

Hum... ce n'est pas une tenue adaptée pour une fête de collégiens. On dirait qu'elle a pris cette robe directement à sa grand-mère ! songea Lyna.

- Salut Sophie ! C'est ta robe pour ce soir ? demanda la jeune fille. Son "amie" acquiesça.

Lyna repris :
- Eh bien... Tu es sûre que tu veux la mettre ? Parce que sinon, j'ai vu que le prof de math, qu'on a en dernière heure, est absent. Si tu veux, tu peux venir chez moi à la place, j'ai plein de robes que je pourrais te prêter. En plus, il faut que je me change ! Tu me donneras ton avis, car c'est une nouvelle tenue.  
- En fait... C'est ma mère qui m'a donné cette robe. C'était celle qu'elle a mise lors de sa première fête ! Je la trouve un peu moche, mais comme en ce moment elle est en pleine chimio, je n'ai pas osé refuser... Cela lui aurait fait de la peine. Mais oui, je veux bien passer chez toi ! Il faut juste que je demande à ma mère.

Lyna fut ébranlée par le discours de Sophie. Elle ne se doutait pas que sa mère avait un cancer ! En même temps, comment pouvait-elle le savoir ? En lui demandant et en s'intéressant un peu plus aux autres... se reprocha Lyna.

Les filles montèrent en cour, en attendant avec impatience le soir même. Pour la fête, bien sûr, qui serait le point culminant de cette année, mais aussi pour la "session essayage", qui serait le théâtre de leur amitié naissante.

Lyna appréhendait un peu, parce que la personne qu'elle avait invité était son ancienne victime et qu'elle avait peur que Sophie lui fasse subir le revers de  ce qu'elle lui avait fait subir.

D'un autre côté, après l'avoir côtoyé pendant quelque jours, elle avait envie de mieux la connaître, car Sophie était en réalité très gentille, se souciait de tout le monde mais n'était pas totalement coincée.

Sophie, de son côté, appréhendait aussi beaucoup,  car la personne qui l'invitait était son ancienne bourreau et elle avait peur que sa gentillesse ne soit qu'une façade et qu'elle lui fasse subir toutes sortes de châtiments.

D'un autre côté, après l'avoir côtoyé pendant quelques jours, elle s'était rendue compte que la jeune fille était en réalité une personne fragile et très gentille, qui avait sans doute peur de l'anonymat. Ça n'était pas de sa faute, certaines personnes étaient comme ça...